Autopsie de Soopramanien Kistnen

Qui a donné les instructions en l’absence du Dr. Gungadin à Maurice ?

 L’enquête judiciaire sur la mort de Soopramanien Kistnen en cour de Moka a polarisé l’attention la semaine écoulée. Dans les milieux policiers, on se chuchote que cette affaire est très particulière, surtout quand un médecin-légiste a inspecté le cadavre de Soopramanien Kistnen sur place, qui, rappelons-le, avait été retrouvé complètement carbonisé dans un champ de cannes à Telfair, Moka, tandis qu’un autre a procédé à l’autopsie à l’hôpital Dr. Jeetoo.

Dans la soirée du 18 octobre 2020, c’est la doctoresse Sheila Jankee Prasad qui s’était rendue sur la scène du crime à Moka. Le lendemain, c’est le Dr. Ananda Sunassee qui a procédé à l’autopsie à l’hôpital Dr. Jeetoo. Mais ce qui intrigue plus d’un : qui a donné les instructions pour effectuer l’autopsie ? Le ‘Chief Police Medical Officer’ (CPMO), le Dr. Sudesh Kumar Gungadin, était à Rodrigues pour une autopsie.

Nul n’arrive à comprendre comment deux médecins différents ont pu être impliqués. D’abord, un qui a fait le constat ‘in situ’, où le cadavre avait été retrouvé, tandis que l’autre a procédé à l’autopsie à la morgue de l’hôpital Dr. Jeetoo. « Difficile à comprendre ! D’habitude, c’est le même médecin qui effectue le constat sur la scène du crime qui procède avec l’autopsie. Il peut être accompagné par un autre médecin, mais avec deux médecins différents, il y a certainement un problème », nous explique un ancien employé du service médico-légal.

À chaque découverte d’un cadavre, un inspecteur de police ou le chef inspecteur de la police de la région a le devoir d’informer un médecin-légiste. Mais en premier, ce sont les officiers du ‘Scene Of Crime Office’ (SOCO), qui se déplacent sur les lieux pour prendre les relevés sur le positionnement du corps et pour prélever tout indice. S’il y a le moindre soupçon de ‘foul play’, le médecin-légiste fait le déplacement sur place pour aller faire un constat. Et c’est sur ses instructions que le cadavre est placé dans un sac de couleur noire, connu comme ‘disaster bag’avec les poignets soigneusement scellés en sa présence.

Mais avec l’affaire Kistnen, les versions des médecins-légistes Prasad et Sunassee ne corroborent pas. Alors que la Dr. Jankee Prasad  a fait état de papiers brulés dans les poignets fermés de Kistnen, le Dr. Sunassee, qui avait pratiqué l’autopsie, maintient qu’il n’a rien trouvé. Mercredi dernier, la magistrate Vidya Mungroo Jugurnauth a même émis un avertissement au Dr. Ananda Sunassee. Autant d’importantes anomalies qui risquent de compromettre la tournure de cette enquête.

Mais à ce stade, c’est un gros flou, surtout en ce qui concerne les instructions qu’auraient reçues les médecins-légistes Jankee Prasad et Sunassee, alors que leur chef de département n’était pas à Maurice, le dimanche 18 octobre 2020, quand le cadavre avait été retrouvé. Cette affaire embarrasse grandement le département médico-légal de la police, avec plusieurs anomalies qui ont été relevées lors des travaux de l’enquête judiciaire en cour de Moka.

Il y a aussi le mystère concernant le sac à dos que portait la victime le jour de sa disparition. Ce sac a mystérieusement disparu. L’ASP Vikash Seebaruth, l’ASP Buchoo et le sergent Mosafeer, trois policiers clés directement liés à l’enquête, ne sont au courant de rien. Ce qui a choqué l’audience en cour de Moka. Affaire à suivre.