Collèges d’Etat: Transferts punitifs ou pas?

Dans la fonction publique, il y a deux types de transferts qui sont courants : le complaisant (qui frise le népotisme dans la plupart des cas) et le punitif (souvent le plus plausible)

Les officiers responsables de cet exercice les appellent transferts « de routine », obnubilés par le diktat des locataires de l’establisement. Si un fonctionnaire se trouve sur le bon versant, surtout s’il est un très puissant agent du gouvernement du jour, il fera racine dans le ministère où il se trouve, épargné par un transfert quelconque.

Les secteurs publics qui sont largement affectés par un exercice de transfert sont la police, la santé, la sécurité sociale, l’enseignement primaire et secondaire.

Les permutations des hauts fonctionnaires ont lieu quand les ministères changent de ministres ou avec l’entrée en fonction d’un nouveau gouvernement.

Valeur du jour, suivant un accord établi entre le ministère de l’Education et les syndicats du primaire, les enseignants de ce secteur sont transférés automatiquement après un cycle de six ans dans une école.

S’agissant du secondaire, c’est davantage compliqué. Parce qu’en l’absence d’un commun accord avec le ministère, les enseignants sont transférés illico presto et sans préavis, les syndicats tournés à la décision. Pourtant un enseignant du secondaire peut travailler dans le même collège pour un maximum de 10 ans.

Le récent exercice de transfert en est la preuve flagrante. Tout a été fait dans le cafouillage le plus absolu. Pour exemple, le transfert punitif de Soondress Sawmynaden est édifiant. Le recteur de Maurice Curé part à la retraite le 8 mars 2020. C’est du surréalisme. Ce qui a poussé les étudiantes de ce ‘state college’ de débrayer pour que leur recteur reste en poste jusqu’à sa retraite. Le plus dur à avaler c’est de l’avoir forcé à faire le handing over avant la proclamation des lauréats pour qu’il ne savoure pas le succès de son collège.

Des questions méritent d’être posées : quand est-ce qu’on décide de transférer les enseignants ? Dans le courant de l’année, à la fin ou au début de l’année suivante ? Est-ce fait en consultation avec les syndicats des enseignants et des recteurs ? Est-ce le travail d’un seul officier ou d’un comité comprenant plusieurs officiers ?

L’exercice étant mal entamé en ce début d’année. Des enseignants montent au créneau pour contester leur transfert. Au seul collège Royal de Port Louis, il y a eu pas moins de 14 transferts tous faits dans la plus grande précipitation. Pourtant, les enseignants concernés avaient même eu leur time-table dès la rentrée. Certains ont reçu leur ‘notice’ de transfert le jour de la rentrée vers les 14 heures.

Quelques enseignants se sont rendus à l’IVTB de Phoenix pour y rencontrer un certain Domah mais ils ont été éconduits par un agent de securité qui les a refoulés à la porte. Ils ont dû rapporter cet incident à leur syndicat.

Une enseignante habitant Lallmatie a été transférée à la SSS de Pamplemousses alors qu’un « Supply teacher » a pris sa place dans son ancien collège.

Un formulaire est remis aux enseignants pour qu’’ ils puissent proposer trois collèges de leur choix au moment de l’exercice de transfert, mais c’est toujours un quatrième collège qui leur est attribué. Tout en remettant en cause sa raison d’être, ils demandent au ministère d’étendre la liste jusqu’à un maximum de cinq collèges. De plus ces enseignants déplorent le fait que les transferts soient faits pour accommoder certains protégés du régime, ou sinon gratifiés pour leur appartenance ethnique.

Désormais, ils ont les yeux braqués sur les transferts qui seront opérationnels avec la mise sur pied des Académies en 2021,, tout en s’interrogeant sur les critères qui éliront les enseignants pour faire partie du personnel de ces Académies.

Siddick Naudeer

ÉDITION : 09.02.2020/421