Crypto-monnaie

Zones d’ombre et inquiétudes à l’horizon

La Banque de Maurice (BoM) a annoncé l’arrivée de la roupie numérique, l’un des arguments phares de son gouverneur, Harvesh Seegoolam, lors de sa dernière conférence de presse. La monnaie numérique de la banque centrale est appelée à jeter les bases de la transformation de l’écosystème des paiements locaux dans les années à venir. Ce nouvel outil vise à faciliter les échanges commerciaux, mais aussi à améliorer le paysage financier local grâce à de nouvelles possibilités.

Pour l’économiste Takesh Luckho, la roupie numérique sera difficilement acceptée par les Mauriciens lambda. En plus du problème de l’acceptabilité, la ligne directrice de la Banque de Maurice concernant les crypto-monnaies demeure toujours floue. « Ena boku zone d’ombre lor saki concern la roupie numérique. Eski la Banque de Maurice em pu fer bann portefeuille (wallet) pou bann particulier ou li pu azir zis kom enn regulateur ? », se demande-t-il.

Selon nos informations, la ‘Digital Rupee’ a déjà été conceptualisée. Un projet pilote est en cours et durera jusqu’en juillet prochain. Il faudra ensuite créer l’écosystème avec les banques commerciales. Takesh Luckho explique que les modalités et le système ne sont connus que des professionnels de la haute finance. Il craint que la numérisation de la roupie puisse servir de moyen d’enrichissement pour un certain groupe de personnes. « Si la roupie digitale vinn en form de ‘token’ li pu vinn enn zarm pu bann professionnel dans le finance pu enrichir zot, bann lezot dimounn ki pa dans circuit la pas pu kone fer sa. Pu ena enn extra grand gap dans société Maurice, middle class pu disparet, pu ena zis riches ek pauvres », déclare l’économiste.

Le pays est-il prêt à franchir ce palier ? Une série de modifications réglementaires a été introduite dans la loi des finances de 2020, notamment une nouvelle définition de la ‘’monnaie numérique’’. L’économiste estime qu’il est important pour Maurice d’avoir sa propre monnaie numérique. « De nombreux pays étrangers, dont la Chine, l’Inde et des pays scandinaves, utilisent une monnaie numérique. Si la Banque de Maurice en est le régulateur et l’opérateur, cette pratique permettrait au gouvernement de réduire les risques de blanchiment d’argent et d’économie parallèle », explique-t-il.

Cependant, pour Michael T, banquier, la situation économique actuelle ne permet pas l’introduction de la roupie numérique. Il estime que cela ne sera pas accepté par le Mauricien moyen. « Sa kantite l’argent sale ki en circulation dans nu pays la, li pu difficile pu empêche blanchiment d’argent si ena enn Crypto monnaie mauricien. Ou imagine ou kuma li pu facil pu paie ladrog par enn simple click. Déjà ki dans système actuel, li difficil pu retrass bcp kitsoz, kuma ou pensez pu kav surveille tousala avec enn gouvernement ki enn tigit ankor kav considère kuma enn mafia ? », martèle-t-il. Il estime également que les banques commerciales rivaliseront pour attirer davantage de clients, et que « La banque pu perdi so rol ek li pu rod tir cash la lot plass ».

Joanni, étudiant en commerce à l’université de Maurice, parle lui d’un système qui favorisera les écarts au sein de la population. « Cette monnaie ne sera pas accessible à tout le monde. Ena zis enn tigit dimounn ki pu comprend kuma pu servi ek gere sa ! La société pour vinn victime de enn système kot zis enn tigit dimounn ki pu ena la chance fer cash avec crypto », dit-il.