De policier à avocat… il a emprunté la voie de la persévérance

Ahmud Parwaiz Modaykhan

Élevé par des parents atteints de polio, Ahmud Parwaiz Modaykhan, l’aîné d’une fratrie de cinq enfants, a poursuivi son rêve et emprunté la voie de la persévérance. Du petit village de l’Escalier à Londres, voici son parcours.

Mauricien originaire de l’Escalier, Parwaiz Modaykhan est un spécialiste légal. Ancien élève de l’école primaire Sir Claude Noël, des collèges Hamilton et Emmanuel Anquetil, il est issu d’une famille de cinq enfants élevés par Razack et Bibi Raiza, tous deux en situation de handicap après avoir contracté la polio durant leur enfance. À la fin de sa scolarité, une voie ultime se dessine devant lui : celle du droit qu’il ambitionne d’étudier. Cependant, il doit se raviser dans un premier temps : « Je ne pouvais pas suivre cette voie car mes parents n’avaient pas les moyens de financer mes études supérieures. » Cependant, il entend bien faire respecter la loi et rejoint la force policière en novembre 1995 après une formation.

« Mo ti ankor pe faire mo l’examen HSC kan monn rentre lapolis. 5 ans monn travay ek sa inn servi mwa boku. Monn aprann discipline ek rigueur travay. Mo redevable envers la force policière. Monn travay station Mahebourg pendant 5 ans. Mo parents inn fer boku sacrifices pou mwa ek mo bann frères », raconte-t-il. Tout au long de son parcours, Ahmud Parwaiz Modaykhan a placé sa foi en Dieu et a persévéré. En 2000, il quitte la force policière pour entreprendre des études spécialisées en droit au Royaume-Uni. Une fois en Angleterre, le jeune Parwaiz cumule les petits boulots pour arrondir ses fins de mois. Il trouve un emploi chez McDonald’s et comme agent de sécurité à Tesco. « Sa experience la police la inn permet mwa gayn bann emploi comme agent de sécurité. Bann kamarad ki ti ensam ek mwa laba pann sa plus la. Ena boku ti pe rod travay ek pa ti pe gayne ! », dit-il.

C’est à l’Université de Wolverhampton que Parwaiz obtient son LLB. « Mo ti pe bizin travay pour pay mo frais scolaires. Mo rappel ki mo al travail asoir, mo gayn zis preske 4h de someil par jour. La journée mo al université », relate-t-il.  Après trois ans, soit en 2003, il obtient son diplôme. En janvier 2004, Parwaiz épouse Noorjahan, une Britannique d’origine mauricienne qui partage sa passion pour le droit, et entame son ‘Bar Vocational Training’ en mode ‘part-time’. Entre-temps, il est engagé comme responsable de la sécurité au sein de la compagnie ‘Ward Security Ltd’. Il avait la responsabilité d’un bâtiment de neuf étages à Londres, avec une équipe de six agents, entre autres. En juillet 2006, c’est la consécration, il est appelé à la barre. Il prend alors un emploi comme officier de probation avec un salaire moins élevé, et travaille ensuite jusqu’en 2023 au ministère de la Justice anglaise.

« My dream was to come back to Mauritius »

Parwaiz est de retour au pays. « Li pa ti enn décision facil. Mo madame pann abitier ici, mo zanfan oci pann abitier ici, mais, mo rêve ti tou le temps pu retourne Maurice. Mo seul regret seki mo parents pas en vie aujourd’hui pu get mwa fer avocat dans Maurice », confie-t-il. Il est actuellement en “pupillage” à la Mohamed Chambers pour une durée de neuf mois, avant de pouvoir exercer comme avocat. Après 15 ans au Royaume-Uni, Parwaiz Modaykhan a hâte de pratiquer le métier d’avocat à Maurice, car ici le système est hybride, combinant des éléments des systèmes anglais et français.

« Mo dir bann jeunes ki ena l’ambition vinn avocat, avouée ou notaire, persévérer. Poursuivre zot rêve. Ena travay pu tou dimounn dans Maurice. Pas pensé ki le système ou l’industrie inn saturé. Si zot viz l’excellence ek ena la foi dans Bon Dieu, zot chemin pou ouvert ek zot pu fer bien. Mo donn mem conseil mo zanfan. Foncer ek fer kitsoz ki fer zot plaisir », explique-t-il. Concernant la ‘Law and Order ‘à Maurice, l’avocat est d’avis que les institutions devraient ‘share informations’ et coordonner leurs efforts. Il estime qu’une synergie doit se développer pour améliorer l’état démocratique.