[Dysfonctionnements à la SENA] Une énième institution en quête de transparence

Alors que le nouveau gouvernement est résolu à mettre de l’ordre au sein des institutions, certaines sources attirent son attention sur des mauvaises pratiques ayant perduré sous l’ancien gouvernement, plus particulièrement au sein de la ‘Special Education Needs Authority’ (SENA). Créée en 2018 en tant qu’organisme statutaire chargé de superviser et de réguler le secteur de l’éducation spécialisée à Maurice, son objectif principal était de garantir que les enfants en situation de handicap et ayant des besoins éducatifs particuliers aient un accès équitable à une éducation de qualité et un développement holistique. Toutefois, suite au récent changement de gouvernement, les langues commencent à se délier et il se pourrait que la réalité soit tout autre.

En effet, la précédente nomination de certains cadres ainsi que le fonctionnement de la SENA sont pointés du doigt par des employés. Des pratiques de recrutement et de promotion soulèvent des interrogations, certains accusant l’organisation de ne pas toujours privilégier des critères purement professionnels. Tout d’abord, le directeur, ancien conseiller de l’ex-ministre de l’Éducation, nommé pour une durée de deux ans, aurait été confirmé de façon permanente au bout de quelques mois seulement. Son salaire serait ainsi passé de Rs 62 000 à Rs à 100 000, excluant les autres privilèges. Ses détracteurs ne manquent pas de souligner que son nom apparaît par ailleurs dans les ‘Kistnen Papers’.

Les irrégularités ne s’arrêteraient pas là. Un nombre important de recrutements aurait eu lieu au cours des deux dernières années, avec notamment l’embauche d’assistants et d’enseignants ne possédant pas les qualifications requises. Des sources internes révèlent que certaines nominations ont été effectuées sans aucun appel à candidatures ou de procédures de sélection transparente, ce qui suscite des préoccupations sur l’équité du processus. En outre, les témoignages font état de nombreux transferts de personnel sans considération pour le bien-être des enfants en situation de handicap. Selon une source, un élève autiste aurait même été privé de son assistant avant ses examens, une situation inacceptable qui aurait pu avoir un impact désastreux sur sa performance.

Une utilisation des ressources à clarifier

Les ressources publiques allouées à la SENA sont essentielles pour soutenir les enfants en situation de handicap. Cependant, des préoccupations émergent quant à leur utilisation. Des sources internes allèguent que certains fonds auraient été alloués à des formations et des déplacements à l’étranger, notamment pour le directeur et une partie de l’équipe. Ces dépenses suscitent des interrogations quant à leur impact direct sur les bénéficiaires.

Une augmentation des effectifs administratifs a aussi été notée ces dernières années, au détriment des postes directement impliqués dans l’accompagnement des enfants. Ce déséquilibre pourrait expliquer les retards dans l’affectation de personnel qualifié et les changements fréquents dans les accompagnateurs scolaires, qui perturbent la continuité de leur prise en charge. Ces problèmes de gestion interne sont exacerbés par l’absence de suivi systématique pour évaluer l’efficacité des programmes mis en œuvre.

En outre, certains élèves, notamment ceux scolarisés dans des institutions privées, ne bénéficient pas toujours des services d’assistants et d’enseignants spécialisés, ce qui remet en cause l’égalité des chances et traduit un soutien encore insuffisant à leur égard. Ces obstacles, combinés à une communication inefficace entre la SENA et les institutions concernées, freinent les progrès en matière d’inclusion éducative.

Changement de leadership et renouveau

Avec un changement de leadership et un regain d’attention sur la gestion des institutions publiques, la SENA a l’occasion de regagner la confiance des familles et des partenaires. Une meilleure transparence dans la gestion des fonds, des recrutements plus équitables, et des audits réguliers pourraient constituer des étapes cruciales pour renforcer son rôle essentiel dans l’inclusion des enfants ayant des besoins éducatifs particuliers.

Pour répondre à ces défis, il est essentiel que la SENA reste fidèle à sa mission : garantir que chaque enfant avec des besoins spéciaux bénéficie d’un environnement éducatif adapté et inclusif. Les opportunités de redressement existent, et une gouvernance renouvelée pourrait transformer cette institution en un véritable modèle d’excellence.