Eid Milad : L’éternel Débat

Le mois de Rabi-al-Awwal apporte chaque année l’ancien argument entourant la célébration de l’anniversaire (Milad) du Prophète Muhammad (saw) : s’agit-il d’une innovation blâmable ou d’une pratique admissible.

Sur la plateforme des réseaux sociaux, déjà l’éternel débat se tient comme si c’est normal. Pour bon nombre de ces différends, un groupe ou un autre le considère probablement comme une question fondamentale de croyance ; déplaçant ainsi l’argument des domaines des discussions académiques poliment maniérées, dans les domaines du conflit et de la dispute, provoquant la désunion parmi l’Ummah. En outre, cela conduit inévitablement à forger des allégeances de croyance sur les résultats de ces différends et conflits, débordant souvent des domaines théologiques aux domaines sectaire et politique. Et ainsi, la question du Milad est devenue, pour beaucoup, un point déterminant pour déclarer allégeance ou désaveu.

Cet état de choses est en dépit du fait qu’Allah, le Très-Haut dit dans le Quran :

‘Les hommes croyants et les femmes croyantes sont des alliés les uns des autres. Ils enjoignent ce qui est juste et interdisent ce qui est mal ; ils établissent la prière et donnent la Zakat, et ils obéissent à Allah et à Son Messager. Ceux-là, Allah aura pitié d’eux. En effet, Allah est Exalté dans la Puissance et la Sagesse.’

Cependant, nous devrions réfléchir et nous interroger sur certains points :

  • N’est-ce pas le droit de cette Ummah qui traverse cette phase actuelle de détresse et de difficultés – une phase de danger, comme elle n’en a pas vu tout au long de son histoire – de se demander quels sont les avantages de tels différends et quelles conséquences y découleront ?
  • N’est-ce pas le droit de cette Ummah de questionner les érudits et les propagateurs de chaque partie impliquée dans ces différends et conflits, ce qu’ils considèrent comme étant les priorités et les questions à aborder dans cette période et cette phase que nous vivons actuellement ?
  • N’est-il pas vrai que ces mêmes disputes et désaccords ont conduit certaines personnalités emblématiques de chaque partie à se joindre malicieusement aux ennemis de l’islam par méchanceté envers leurs adversaires musulmans ?
  • N’est-il pas vrai que certains de ceux qui ne sont pas d’accord avec la célébration du Milad considèrent ceux qui le propagent comme leurs ennemis mortels – comme transgressant  ‘l’honneur’ du Prophète ?

En effet, il va à l’encontre de la Sharia elle-même que les ennemis envieux de l’islam, qui complotent contre les deux camps contestataires, soient laissés à utiliser cette question de la différence comme une échelle pour exploiter l’Ummah, tout en exaspérant les deux camps et en gonflant encore plus le ballon du conflit. Sans aucun doute, la législation islamique et l’intellect sain confirment que ce sur quoi les pro-Milads et les non-célébrants sont d’accord est beaucoup plus grand, plus large et plus important que ce sur quoi ils ne sont pas d’accord.

Car tous les deux camps aiment et vénèrent le Prophète et Allah, le Très-Haut, et toutes les parties sont libres et loin d’avoir l’intention de transgresser les droits d’Allah et de Son Messager. Ils ne sont tout simplement pas d’accord sur les moyens de montrer leur amour et leur adoration au Prophète et à sa Sunna, et sur les limites et les critères autorisés pour exprimer leur amour. Alors, pourquoi ne pas regarder la grandeur de ce sur quoi nous sommes d’accord et regarder à quel point les choses sur lesquelles nous ne sommes pas d’accord sont petites et relativement mineures ?

Le Prophète a établi un grand principe pour juger les autres. Il a dit en tempérant la condamnation par les gens d’un musulman qui commet un péché majeur : ‘Ne le maudissez pas, car en effet il aime Allah et Son Messager.’

Les gens de vérité, qui désirent voir L’Ummah habilitée et la glorification d’Allah, ne sont-ils donc pas plus dignes qu’ils s’unissent les uns aux autres ?

Les choses qui peuvent se produire dans certaines célébrations telles que les éléments d’excès et d’extravagance et ces amusements qui pourraient déshonorer l’islam et ses adhérents, proviennent de ces choses qui devraient être rejetées. Pourquoi, alors, n’arrivons-nous pas à convenir que ceux-ci devraient être le principal point focal de toutes les parties, compte tenu de notre état actuel, car ces choses sont en conflit direct avec la Sharia selon toutes les parties, sans place pour une mauvaise interprétation ?

Même si, après tout, vous insistez pour vous positionner en tant qu’adversaires, considérez au moins que les stratégies de guerre entre ennemis nécessitent souvent de recourir à des trêves, des accords et de travailler pour des intérêts mutuels. Les opposants musulmans devraient se rendre compte que ce qu’ils vivent entre eux est bien inférieur aux niveaux d’hostilité manifestés entre les belligérants qui doivent souvent travailler ensemble pour des objectifs communs.

Renouveau complet

La communauté musulmane a besoin d’un projet complet pour la renaissance de l’Ummah, et il n’est pas possible pour une nation de se relancer si elle est occupée à se chamailler entre elle, désunie.

Allah, le Très-Haut, dit : ‘Obéissez à Allah et à Son Messager et ne vous disputez pas les uns avec les autres, sinon vous seriez découragé et affaibli. Persévérez ! Allah est sûrement avec ceux qui persévèrent.’ 8 :46

 Certaines de ces différences dont nous discutons toujours sont restées dans notre Ummah pendant des siècles et elles ne seront pas éliminées facilement, alors oublions-les pour accomplir l’un des grands objectifs de la Sharia – la centralité et la glorification d’Allah, pour l’épanouissement une fois de plus des créatures sur cette terre et la vie future. Il faut comprendre que les préoccupations pour les détails et les subtilités des sciences religieuses, nous empêchent trop souvent d’accomplir nos tâches les plus importantes. 

Et donc, commençons par rejoindre les rangs de ceux qui tombent sous la compréhension inclusive et plus large de la bannière du peuple de la voie Prophétique et de la communauté. Avec une condition, qu’ils souhaitent être de ceux qui agissent afin de faire partie du plus grand projet de la fraternité islamique mondial, qui est de faciliter que la Parole d’Allah reçoive son dû droit. Et réorganisons plutôt la carte du conflit pour qu’elle soit basée sur cette compréhension.

Par Bashir Nuckchady

NOTE : Les points de vue exprimés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement ceux de la rédaction et n’engagent que les auteurs eux-mêmes.