Dans quelques jours, nous dirons adieu au mois béni du Ramadan, et nous méditerons sur la façon dont nos prières et dévotions pendant ce mois ont influencé nos attitudes, nos relations, nos corps, nos cœurs, nos esprits et nos âmes. Cependant, nous devons réaliser que la pertinence de l’Islam n’est pas déterminée par l’importance qu’en tant que ‘fidèles’ nous accordons à notre foi personnellement, mais plutôt par la façon dont notre foi globale répond aux réalités de notre époque.
Le Saint Coran est très précis sur l’objectif du jeûne durant ce mois béni.
« Ô vous qui croyez ! Le jeûne vous est prescrit comme il a été prescrit à ceux qui vous ont précédés afin que vous puissiez atteindre la piété (Taqwa). » 2 :183
Le jeûne est l’un des meilleurs moyens d’atteindre la piété. La piété, dans l’Islam, est un moyen de se rapprocher spirituellement d’Allah. Il renforce la croyance et permet au jeûneur de devenir un meilleur être humain. Étant donné que le jeûne est l’un des plus grands revitalisants de la piété, ce fut aussi un moment particulièrement propice pour raviver et augmenter nos prières. La piété est la conscience d’Allah. C’est le résultat de l’amour et la passion d’un individu pour son Créateur, sa religion et son Prophète Muhammad (SAW).
Certes, la piété raffermit le musulman. Nos activités, qui ont contribué à nous faire atteindre la piété, sont sans nul doute le jeûne, la prière du soir, la récitation du Saint Coran et écouter les sermons et les discours religieux qui sont une pratique courante au cours de ce mois. Ils ont tous pour but d’encourager les musulmans à réfléchir à leur vie et à leurs responsabilités personnelles, familiales et sociales.
Toutefois, on ne peut être insensible à ce qui se passe dans nos alentours. La violence envers les personnes âgées (comme l’assassinat de trois personnes âgées en moins d’une semaine), dans les rues, à l’école, dans les gares routières, les décès sur nos routes, malgré les efforts des ONG et des autorités, l’écart se creuse entre les riches et les pauvres, et l’augmentation des prix des denrées de base devrait tous nous interpeller.
En outre, la prolifération de la drogue demeure une menace pour l’harmonie familiale et la paix sociale. Tous les travailleurs sociaux s’accordent à reconnaitre que les drogues constituent le premier facteur de la petite délinquance et de la criminalité. Fondamentalement, tous ces maux sociaux ont des dénominateurs communs, la perte des valeurs humaines et morales et le manque de respect de nos lois.
Outre-mer, il est triste de constater que le monde et certaines institutions internationales ne traitent pas tous les êtres humains de la même manière. Ils sont indifférents dans certains cas et sensibles dans d’autres. Par exemple, concernant l’horrible génocide à Gaza, le monde reste muet, mais fait entendre sa voix dans d’autres cas similaires.
La guerre et la violence produisent des plaies particulièrement douloureuses partout, qu’elles soient en Europe, au Moyen Orient ou en Afrique. Combien de vies humaines détruites, de femmes rendues veuves, d’enfants qui perdent leurs parents et deviennent ainsi orphelins. Combien de destructions en quelques heures de ce qui a été parfois construit pendant des années, voire des décennies. Prions pour que le monde cesse avec cette politique de deux poids deux mesures et traite tous les humains de la même manière.
Donc, le musulman ne peut adopter une posture de spectateur face à quelque forme d’injustice que ce soit. Fortifié par sa piété, il est moralement obligé de faire tout ce qui est en son pouvoir pour combattre ces épreuves et l’injustice. Bien sûr, ce devoir s’accompagne de l’exigence de sagesse pour s’assurer que la tentative d’éliminer un mal ne se retourne pas contre lui et ne conduise pas à un plus grand mal. L’activisme englobe à la fois des efforts individuels et collectifs.
Mais pour apporter un changement réel, il est nécessaire de travailler collectivement à une plus grande échelle avec les autres composantes de notre société pour lutter contre les injustices systémiques, et pour instaurer des politiques visant à corriger les inégalités et à promouvoir la paix et l’harmonie. Face aux multiples problèmes familiaux et sociaux auxquels notre société est confrontée, il est légitime de se demander si nous n’avons pas besoin d’un plan pour le développement humain.
Enfin, après le renforcement de notre piété durant ce mois sacré du Ramadan, tous les musulmans devraient penser à travailler ensemble et à intensifier le dialogue social, en reconnaissant que c’est le seul instrument qui peut nous aider à sortir de la spirale sans fin des conflits et des multiples tensions qui traversent nos sociétés. Cela, afin que tous les peuples puissent vivre dans la sérénité et dans la paix, dans le respect réciproque et dans l’harmonie entre les diverses composantes de notre société.
Que l’esprit du Ramadan perdure pour toujours en chacun de nous. A l’occasion des réjouissances de l’Eid-ul-Fitr, je vous souhaite tous un ‘Eid Mubarak’.
Par Bashir Nuckchady