Enquête judiciaire : L’étau se resserre autour de Deepak Bonomally

 

En Cour de Moka, l’étau se resserre autour du directeur de Bo Digital, Deepak Bonomally, dans le cadre de l’enquête judiciaire instituée pour faire la lumière sur la mort de Soopramanien Kistnen. Quelques incidents en Cour ne sont pas passés inaperçus.

Il faut dire que la convocation très attendue de Deepak Bonomally en Cour de Moka, suite à une motion déposée par le représentant du bureau du DPP, Me Azam Neerooa, a tout chamboulé.

Il y a eu les explications contradictoires de Deepak Bonomally. Il aura à faire face ce lundi 1er mars au ‘ruling’ de la magistrate, suite à une motion pour parjure déposée par Me Azam Neerooa.

Deepak Bonomally a-t-il rencontré Kistnen le jour de sa disparition ?

Pour rappel, son nom avait été cité à maintes reprises par divers témoins, pour indiquer que Soopramanien Kistnen devait avoir une rencontre avec le directeur de Bo Digital et Vinay Appanah, le directeur d’AV-Techno World, le jour de sa disparition, soit le 16 octobre 2020.

Or, Deepak Bonomally nie avoir rencontré Kistnen ce jour-là. Il revient sur ce jour fatidique. Selon lui, il avait eu une réunion à Phoenix Beverages, de 13 h à 15 h, avant d’être conduit à son domicile à Quinze Cantons, Vacoas, par son chauffeur. C’est vers 19 h le même jour qu’il aurait rencontré Vinay Appanah à Ébène, dans son bureau.

Par contre, les données de son portable vont démontrer que le témoin était bel et bien dans la région d’Ébène, et cela de 15 h 15 à 22 h. Deepak Bonomally a-t-il souffert d’amnésie partielle en Cour, face aux questions ?

Le directeur de Bo Digital devait aussi souligner qu’il n’a plus de bureau à La Louise depuis le 14 juillet 2020. Selon Deepak Bonomally, qui agissait aussi comme consultant auprès de Vinay Appanah, il aurait rencontré Soopramanien Kistnen en deux occasions seulement, en juin 2020. La première fois, c’était à La Louise, pour lui donner un contrat. Ce jour-là, Vinay Appanah était en leur compagnie. Toujours selon le directeur de Bo Digital, au même mois, il y a eu une deuxième rencontre, toujours à La Louise.

Soopramanien Kistnen lui aurait alors déclaré qu’il avait des problèmes financiers et a demandé à Bonomally s’il pouvait effectuer un premier paiement puisqu’une partie des travaux, évalués à Rs 325 000. Deepak Bonomally lui aurait alors donné un chèque de Rs 225 000, en son nom. Selon Deepak Bonomally, le travail n’a pas été fait. Il affirme qu’il ne sait même pas si le défunt Soopramanien Kistnen avait encaissé cet argent, et quand.

Une compagnie qui a bénéficié de plusieurs largesses

Ce qui est sûr, c’est que plus de Rs 309 millions ont été versés dans l’entreprise Bo Digital. La compagnie de Deepak Bonomally a même eu des contrats avec la Corporation nationale de transport (CNT), pour des publicités sur les autobus de la CNT, ainsi que des contrats pour des campagnes d’affichage. Dans la même foulée, il obtenu un contrat pour une campagne de sensibilisation des passagers.

Le Central Electricity Board (CEB) a aussi acheté six conteneurs vides de Rental Express, une autre compagnie qui appartenait à Deepak Bonomally. Ce dernier devait aussi affirmer qu’il avait reçu des paiements en avance de la State Trading Corporation (STC), mais sans se souvenir du montant.

Me Roshi Bhadain devait déclarer pour sa part que la compagnie de Bonomally a eu six contrats pour l’achat d’équipements médicaux, pour la période du 3 avril au 25 juin 2020, pour des différentes sommes, dont Rs 142,5 millions, Rs 129 millions, Rs 30,3 millions et Rs 6 millions, ainsi que deux contrats à hauteur de Rs 600 000.

 

Le triangle Bonomally-Appanah-Nuckched

Bonomally devait aussi affirmer en Cour que la station-service achetée par Vinay Appanah appartenait à la ministre Leela Devi Dookun-Luchoomun, qui est aussi députée dans la circonscription no 8.

Bien qu’il était consultant dans la compagnie de Vinay Appanah, il ne sait pas si la compagnie a reçu une somme de Rs 26 millions pour un projet de ‘Passenger Information System’, mais qu’il sait quand même que le coût total du projet est de Rs 52 millions.

D’ailleurs, Deepak Bonomally avait acheté six conteneurs, pour une valeur de totale Rs 600 000, de la compagnie Neetee Select, dirigée à l’époque par Neeta Nuckched, l’hôtesse de l’air et l’amie d’enfance de l’ex-ministre Yogida Sawmynaden.

Versions contradictoires

Une répétition de « Je ne sais pas » du témoin Bonomally a eu lieu en Cour, ce qui a clairement agacé la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnauth, qui devait finalement intervenir.

Me Azam Neerooa, le représentant  du DPP, devait signaler à la magistrate les incohérences de Deepak Bonomally, concernant son lieu de résidence, qu’il avait indiqué à la cour comme étant Quinze-Cantons et Caro Laliane, tandis que des documents devaient révéler qu’il a un appartement à Phoenix. Deepak Bonomally devait rétorquer qu’il avait dit cela pour des raisons de sécurité. La même chose devait se produire pour un bureau que le directeur Bonomally dit avoir depuis octobre 2020, alors que c’était en fait en juillet 2020.

L’avocat de Deepak Bonomally devait tenter de justifier les versions contradictoires en disant que son client souffre de dépression depuis juillet dernier.

Le représentant du bureau du DPP a pour sa part déposé une motion contre le témoin pour avoir fourni de faux témoignages en Cour. Il devait se référer à la section 126 de la District and Intermediate Courts Act (DICA) qui prévoit une peine d’emprisonnement ne dépassant pas deux ans en cas de parjure. Le ‘ruling’ de la magistrate sera connu demain, lundi 1er mars.

Hors-texte

Des signes subreptices en Cour ?

L’avocat de Deepak Bonomally, Me Mooneesawmy était-il en train de faire des signes à son client alors que ce dernier déposait en cour ? Le représentant du bureau du DPP a fait part à la magistrate Mungroo-Jugurnauth, et a demandé à ce qu’elle visionne les images des caméras dans la salle d’audience.

Pour sa part, l’hôtesse de l’air et amie d’enfance de Yogida Sawmynaden, Neeta Nuckched, serait toujours malade et n’a pu être auditionnée durant la semaine écoulée. Son époux, Joy Nuckched, a dû présenter un certificat médical pour un durée de cinq jours, attestant que son épouse est souffrante. Pour rappel, elle aurait subi une « malaise » en cour au moins deux ou trois fois précédemment.