Génocide des rohingyas en Birmanie : Aung San Suu Kyi va défendre l’indéfendable devant la CIJ

Icône déchue de la paix et de la démocratie, Aung San Suu Kyi doit défendre l’indéfendable. Elle comparaît devant la cour internationale de justice pour assurer elle-même la défense de son pays, la Birmanie, accusée de tentative de génocide.

Celle qui n’a jamais condamné les exactions de l’armée birmane contre la minorité musulmane rohingya, va devoir répondre des accusations de meurtre de masse et de viols visant à la destruction d’un groupe.

En août 2017, après des attaques de la rébellion rohingyas contre des postes de police dans l’état Rhakine, les forces birmanes ripostent et lancent alors ce qui s’avérera être une campagne de nettoyage ethnique.

“Les soldats ont brûlé la maison de mon père et mes parents étaient à l’intérieur quand ils ont mis le feu. Ils ont brûlé vifs. Les militaires leur ont tout pris”, témoigne Rasha en fuite.

740 000 rohingyas ont pu leur échapper en fuyant vers le Bangladesh, pays frontalier mais très pauvre. Ce fut le plus grand déplacement de population de l’histoire en un temps record.

Nous nous sommes rendus à Kutupalong, le plus grand camp de réfugiés du sud-est du Bangladesh. Plus de 600 000 personnes vivent encore ici, tous en voie d’obtention de papiers d’identité, eux que la junte birmane avait condamné à être apatrides. Et ils témoignent des horreurs vécues, comme Zannat Ara, 25 ans :

“Les militaires sont venus chez nous et ils ont pris mon mari. J’étais enceinte. Ce soir-là, ils sont venus pour moi aussi. Ils m’ont emmenée et 5 ou 6 soldats m’ont violée. “

“Je me sens vraiment mal, tous ces gens ont été tués par les soldats, beaucoup de musulmans ont été torturés et tués sous nos yeux… beaucoup de gens…”

Nous avons rencontré Mohammed dans un camp de fortune à Leda. Il a perdu cinq membres de sa famille, ses deux filles, ses frères et ses soeurs.

“J’ai vu beaucoup d’horreurs se produire sous mes yeux, j’ai vu des viols en réunion, des enfants tués parce que jetés dans le feu. Mon village a été brûlé.”

Aung San Suu Kyi pourrait redorer un peu son image en reconnaissant le tort fait aux rohingyas, mais sa ligne de défense devrait être tout autre. Elle devrait plaider que que la CIJ n’a pas compétence en l’affaire, que l’armée birmane ciblait des rebelles rohingyas, et que le pays est parfaitement capable de mener à bien ses propres enquêtes.

 

Source: AFP