Grande dégringolade !

Où va le pays ces jours-ci? La politique en général à Maurice n’est pas celle à laquelle bon nombre de gens s’attendaient. Le comportement de nos hommes soi-disant d’honneur laisse à désirer pour dire le moins. C’est le refrain que l’on entend sur le trottoir, dans le bus, au bureau. Bref, chacun y va de son couplet sur cette situation qui rend l’atmosphère inconfortable un peu comme le climat météorologique qui nous affecte sur l’ensemble du pays : tantôt très chaud, tantôt un froid léger. Tout compte fait, nous prenons le risque de dire que le feu couve sous la cendre.

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Thierry Henry hors-jeu

Dans la nuit de dimanche à lundi dernier, le bleu Thierry Henry, au volant de la berline gouvernementale mise à sa disposition en sa qualité de PPS, a fatalement heurté un piéton. Sous l’influence de l’alcool, à en croire son refus de se soumettre à un alcotest, il finira par se présenter à la police 16 heures plus tard pour se constituer prisonnier alors que c’était son épouse qui avait fait croire qu’elle conduisait. Cette dernière devait être admise en clinique pour échapper à une incarcération parce qu’il y a eu mort d’homme. Suite à la PNQ, mardi, de Paul Bérenger, le Premier ministre a déclaré que les deux prévenus ont menti.

À en croire la police, le PPS du PMSD, qui porte le nom du célèbre footballeur français Thierry Henry, l’ex-attaquant vedette d’Arsenal et des Tricolores, était sous l’influence de l’alcool lors de l’accident fatal de Bois-Marchand, ce qui explique pourquoi il aurait pris la poudre d’escampette en laissant son épouse Vicky sur le gril. Après la collision meurtrière, il devait donc disparaître de la circulation pour ne réapparaître que de longues heures plus tard, soit presque une journée dominicale, le temps de faire vaporiser la liqueur de son sang !

Les questions que nous nous posons, ne l’ont-elles pas été par les enquêteurs ? Les explications fournies lors de la reconstitution des faits vont-elles tenir la route puisque quand le politicien avait heurté le piéton de Congomah, il n’avait pas tous ses esprits ? Quand l’on sait que de nombreux crimes commis sont attribués à l’influence de l’alcool sur les suspects, est-ce que Thierry Henry ne roulait-il pas à tombeau ouvert ayant déjà perdu les pédales après une soirée bien arrosée ? Se rendre sur les lieux de l’impact en étant à jeun pour raconter ce qui s’est passé quand il était ivre, n’est-ce pas prendre des vessies pour des lanternes ?

Il y a à peine quelques jours, lors de la reprise des travaux parlementaires, Alan Ganoo suggérait la suspension immédiate des permis à conduire de ceux qui boivent et s’en fichent de la loi, osant prendre le volant jusqu’à tuer des gens. Dire qu’Anerood Jugnauth a eu le culot d’imputer la mort du jeune maçon Stéphano André (23 ans), père d’un enfant en bas âge, à une certaine imprudence ? Était-il sur place au moment de la collision ? Même la police n’y était pas. Trop facile de mettre le tort sur quelqu’un qui n’est plus en vie. N’est-ce pas plus plausible que celui qui conduisait, avec un fort taux d’alcoolémie dans le sang, qui a zigzagué ou a perdu le contrôle de sa BMW jusqu’à heurter le piéton ?

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Vishnu désavoué par SAJ

Il avait promis de démasquer « complots et comploteurs ». Parole donnée, parole sacrée. Dans un affidavit juré en Cour suprême lundi, l’ancien magicien – pardon !, ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, a dénoncé son collègue du cabinet, Roshi Bhadain, qu’il accuse de vouloir le finir politiquement pour  son fauteuil aux finances. « Roshi Bhadain veut contrôler l’appareil de l’Etat afin d’assouvir ses besoins personnels », soutient-il. La réplique du ministre de la Bonne gouvernance ne s’est pas fait attendre.  « I’ll not let anyone walk through my mind with their dirty feet », a-t-il avancé. Sir Anerood Jugnauth l’a également désavoué publiquement. « Le Premier ministre apporte un démenti catégorique à certaines affirmations contenues dans l’affidavit du ministre Vishnu Lutchmeenaraidoo juré en Cour suprême le lundi 4 avril 2016 et soutient avec force qu’il n’a jamais demandé à être mis au courant du prêt contracté par le ministre auprès de la State Bank et encore moins des conditions de ce prêt. De ce fait, le Premier ministre déclare qu’il est totalement faux d’avancer, comme évoqué dans le paragraphe 15 (xiv) dudit affidavit, qu’il était  ‘satisfied that the loan was in order’ », soutient un communiqué émis par le Bureau du Premier ministre. Il ne sera toutefois pas révoqué. Il assistera même, jeudi, au conseil des ministres.

Par ailleurs,  c’est le Directeur des Poursuites publiques (DPP) qui aura son dernier mot sur une éventuelle inculpation provisoire ou pas de Vishnu Lutchmeenaraidoo. Le commissaire de police devrait lui transmettre le dossier quand il sera une nouvelle fois en présence de la demande de l’ICAC pour procéder à l’arrestation de l’ex-ministre des Finances.

 L’interrogatoire de Vishnu Lutchmeenaraidoo n’a pas encore pris fin. Mercredi dernier, les enquêteurs de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) ne se sont intéressés qu’à la partie de la procédure ayant permis au ministre d’obtenir le prêt de plus d’un million d’euros de la State Bank of Mauritius (SBM). Mercredi dernier, le Commissaire de police Mario Nobin avait, comme dans le cas de Raj Dayal, refusé de donner son accord à la Commission anti-corruption pour procéder à l’arrestation de Vishnu Lutchmeenaraidoo. Pour justifier sa démarche, le CP a fait savoir qu’il a demandé un complément d’information auprès des enquêteurs de la Commission anti-corruption.

La prochaine séance d’interrogatoire de Vishnu Lutchmeenaraidoo est prévue dans le courant de cette semaine. Les enquêteurs analyseront de fond en comble les documents de demande de prêts en présence du ministre et à la lumière de ses explications, une nouvelle demande pourrait être déposée au bureau du commissaire de police pour une éventuelle arrestation de l’ex-Grand argentier.

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Raj Dayal : Le revenant

Raj Dayal a été, lui,  inculpé en cour de troisième division de Port-Louis, mercredi dernier. Il répond à une accusation provisoire de ‘Bribery by Public Official’. Véritable coup de théâtre, ce jour-là, après l’interrogatoire de Raj Dayal dans les locaux de l’ICAC. L’interrogatoire de l’ancien ministre de l’Environnement avait pris fin et les officiers de la Commission anti-corruption n’avaient pas encore eu le mandat d’arrêt contre lui. Raj Dayal a eu le temps de quitter le bureau de l’ICAC et s’est même permis de faire une déclaration à la presse affichant sa satisfaction avec le déroulement de l’enquête menée par cette instance. Alors qu’il regagnait sa voiture, deux policiers en poste à l’ICAC ont demandé à Raj Dayal et à son homme de loi de ne pas quitter les lieux. Mais en quelques secondes, la voiture de l’ancien commissaire de police avait disparu. Presque au même moment, une voiture de la commission avec de policiers à son bord, qui revenait directement des Casernes centrales, a fait son entrée à l’ICAC avec le mandat d’arrêt contre Raj Dayal.

Une quinzaine de minutes plus tard, Raj Dayal est retourné à l’ICAC avant de repartir 30 minutes plus tard, cette fois-ci sous escorte policière et des officiers de ladite Commission.

Raj Dayal : « Pou éna révélations »       

L’ancien ministre de l’Environnement a dû fournir une caution de Rs 15 000 et signé une reconnaissance de dette de Rs 300 000 pour retrouver la liberté conditionnelle. A sa sortie du tribunal, c’est un Raj Dayal en colère qui s’est adressé à la presse en qualifiant son accusateur, Patrick Soobhany, d’un escroc de renom international, fiché à l’Interpol. Raj Dayal a, à maintes reprises, souligné qu’il sera de retour au service de ses mandants. « I will be back », a lancé Raj Dayal à la presse.

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Sandhya Boygah : Son époux obtient pour un barachois sans dépenser un sou

L’obtention d’un terrain de 46 hectares à Poudre d’Or par l’époux de la PPS Sandhya Boygah fait froncer les sourcils. En effet, la société Mauricoast, dont le directeur est Yashodhar Boygah, a obtenu un barachois de l’Etat pour lancer son projet de culture de concombres de mer, communément appelés barbara. Les conditions entourant ses……….

Le hic, c’est qu’il n’aura pas à débourser un seul sou pour ce faire. Pire, ce projet lui a été offert par le colistier de son épouse, soit le ministre de la Pêche, Prem Koonjoo.

Le dernier scandale en date est l’octroi de 46 hectares à Poudre d’Or à la compagnie de Yashodhar Boygah, époux de la PPS Sandhya Boygah. Mauricoast Ltée n’a pourtant été fondée qu’en juin 2015, soit six mois après l’arrivée au pouvoir de l’Alliance Lepep, mais voilà que le gouvernement a agréé à sa requête de culture de concombre de mer, d’où le bail de ce barachois offert gratuitement à l’entreprise des Boygah qui a aussi pour directeur Uday Karimun. Ils prévoient un investissement de Rs 100 millions et solliciteront l’expertise australienne pour créer une centaine d’emplois. Ce terrain de l’État était-il la convoitise d’autres hommes d’affaires pour un projet d’aquaculture ? Est-ce que c’est la colistière de Prem Koonjoo, ministre de la Pêche et de l’Économie bleue, qui a fait peser la balance en faveur de son époux ? D’autres interrogations ne manqueront pas de résonner bientôt dans l’hémicycle sur cette allocation généreuse du gouvernement à des proches du pouvoir. Au nom de la transparence et de la bonne gouvernance, un ministre devra se montrer aussi entreprenant pour fournir les explications qui s’imposent, lui qui est adepte de « ne pas salir, c’est mieux. »

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Maya Hanoomanjee

Les voyages de Maya Hanoomanjee en sa capacité de Speaker de l’Assemblée nationale ont fait l’objet d’une question adressée au Premier ministre, mardi dernier, par Aadil Ameer Meea. Dans sa réponse, SAJ a fait comprendre qu’il n’a aucun contrôle sur les invitations adressées à la présidente du Parlement, cette institution étant indépendante. Le chef du gouvernement n’a pas été en mesure de confirmer, comme l’a soutenu le député mauve, si sur les onze déplacements à l’étranger de Maya Hanoomanjee, elle s’était fait accompagner par son époux à cinq reprises. Madame la Speaker devait faire savoir plus tard que son conjoint a certes été à ses côtés, mais à ses propres frais. Elle s’était retirée à l’heure de cette interpellation parlementaire, laissant le soin à son adjoint, Adrien Duval de présider cette partie des travaux.

Du côté des opposants, les onze voyages de Maya Hanoomanjee en moins d’un an et demi depuis sa prise de fonction méritent des éclaircissements d’autant que quelques-unes de ces invitations officielles pour participer à des forums étrangers étaient marquées par la présence de son mari. Le MMM s’est plaint d’un manque de transparence sur la participation des élus mauriciens et du gaspillage des fonds publics de par les absences trop fréquentes du pays de la présidente de l’Assemblée nationale.