Le diplôme ne protège plus contre le chômage

Gradués chômeurs 

Maurice fait actuellement face à un taux de chômage assez élevé et cela inquiète de plus en plus la population. Environ 43 500 personnes sont chômeurs en ce moment et parmi se trouvent 18,7% de jeunes entre 16 et 24 ans. À noter que 22,8% de la totalité, ce qui représente 9 918 personnes, ont atteint l’éducation tertiaire. Selon des informations recueillies, les mauriciens ne sont pas prêts à faire les ‘dirty jobs’, notamment travailler pendant des longues heures. De ce fait, les travailleurs étrangers, qui sont considérés comme « cheap labour », sont embauchés. On constate aussi que le marché du travail à Maurice n’est pas assez flexible. Il y a un grand manque de débouchés pour les personnes avec des différentes aptitudes telles que les scientifiques. Ces derniers trouvent donc difficilement un emploi et la plupart pensent exercer ailleurs, voire dans des pays plus développés.

Christelle Gourdin/Kausar Mohorun

Il y a longtemps déjà que Maurice fait face au fléau économique, politique et social du chômage. Ce problème touche presque tous les pays bien qu’ils soient en voie de développement.  Le chômage demeure dans la réflexion économique actuelle ; un sujet de confrontation politique. Par ailleurs, l’autorité en est totalement consciente. Le ministre des Finances et du Développement économique, Pravind Jugnauth, a annoncé dans le nouveau Budget 2016-2017 qu’il y aura des opportunités telles que la  création d’emplois, bénéfique à environ 21 400 jeunes chômeurs et 7 200 postes vacants dans la fonction publique. En outre il affirme lors du ‘Special Budget Insight’ qu’il y a bien un déséquilibre dans le marché du travail à Maurice et que les diplômés sont les laissés-pour-contre. La solution serait, selon lui, de les former professionnellement afin qu’ils aient la possibilité d’être embauchés. Or, le ministre des Finances et du Développement économique travaille en étroite collaboration avec  le ‘Youth Employement Development’ afin d’aider les jeunes non-diplômés et diplômés à se former et à acquérir des capacités appropriés.

Cependant, la ‘Tertiary Education Commission’, soutenu par le ministère de l’Education, des Ressources humaines, de l’Education tertiaire et de la Recherche scientifique, est chargé de planifier, promouvoir, développer et coordonner l’éducation tertiaire, y compris la recherche.  Aussi consciente que le problème de ‘mismatch’ dans le monde du travail à Maurice existe bel et bien, la TEC tente de rétablir la situation.  Au niveau de la Commission, elle effectue des Tracers Studies qui permettent de jauger l’ampleur de ce problème parmi les gradués et de les conscientiser ainsi que les institutions académiques afin qu’elles prennent des mesures correctives.

Les institutions supérieures du pays sont conscientes du problème qu’engendre le ‘mismatch’, d’où la nécessité d’avoir une plus grande collaboration entre l’industrie et l’université.

Dans le but d’augmenter les chances des gradués chômeurs de se faire embaucher, le gouvernement compte demander à l’Université de Maurice et d’autres institutions tertiaires de monter des cours intensifs sur mesure pour les filières à grandes  perspectives d’emploi. Pour cela, le gouvernement a agréé au déboursement de Rs 80 000 par étudiant pour couvrir les frais d’études. De plus, il compte introduire trois polytechniques pour former des middle level technicianset managers en divers domaines.

Témoignage

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Oswaldo Michel, 23 ans, est un jeune gradué en lettres françaises de l’Université de Maurice depuis un an et demi. Il nous explique au téléphone que la vie devient de plus en plus moderne. Il a beau essayer de se faire embaucher par un employeur, mais sans succès jusqu’à maintenant. Il envisage tout de même de lutter pour obtenir ce qu’il veut de plus cher : devenir enseignant. « L’ancienne génération avait plus de chance », soutient-il.  Les diplômes n’impressionnent plus les employeurs selon lui.  C’est difficile d’être embauché avec un simple diplôme de nos jours. C’est la raison pour laquelle le vingtenaire a opté pour une formation dans son domaine. Il compte bien se faire remarquer. Il est déterminé à se former professionnellement dans cette filière afin d’atteindre son objectif le plus cher. Néanmoins, il nous fait part que ce n’est quand même pas évident d’être sans revenu à cet âge. Il se consacre aux études et dépense beaucoup pour augmenter ses capacités,  et espère qu’à la fin, il sera récompensé de ses efforts.

Cependant, il est d’avis qu’il y a bien un écart dans le marché du travail à Maurice, surtout quand il s’agit d’une sécurité d’emploi, quasiment absente chez nous, notamment envers les jeunes.