Incendie de Shoprite : Les pompiers pointés du doigt

Les pompiers, ayant emprunté l’accès A et B, avaient presque atteint le store où se trouvait Dinesh Domah quand leur responsable a subitement décidé de changer de stratégie. Ils ont alors été contraints de recommencer l’opération à zéro en ayant recours, cette fois-ci, à l’accès C. Résultat :Ils n’ont pas pu retrouver la victime, l’incendie s’étant intensifié entretemps.
  • Dinesh Domah aurait pu être sauvé si l’opération « search and rescue» n’avait pas été prématurément abandonnée

Les pompiers ont-ils failli dans leur tâche ? Selon le rapport de la ‘Fire Investigation Unit’ (FIU), qui serait une deuxième et dont nous avons une copie, les pompiers sont clairement pointés du doigt. Ils n’auraient pas respecté le protocole en cas de tels incendies. Il ressort aussi qu’ils auraient abandonné trop tôt les opérations de ‘search and rescue’ alors qu’il était encore possible de pénétrer à l’intérieur afin de sauver Dinesh Domah, un employé de l’hypermarché, qui était coincé à l’intérieur ?

 Le rapport de la ‘Fire Investigation Unit’ (FIU) qui a été soumis au Premier ministre relève pluieurs failles au niveau des pompiers. Dans le sillage des enquêteurs, l’on soutient, sans détours, que la vie de Dinesh Domah, 24 ans, aurait pu être sauvée si l’opération de ‘search and rescue’ n’avait pas été abandonnée trop tôt alors qu’il était encore possible d’avoir accès à l’intérieur. Pourquoi donc l’officier responsable a-t-il donné des instructions pour tout abandonner ? C’est là l’une des zones d’ombre mises en relief dans ce rapport. L’on critique aussi le fait que le nombre d’effectifs des pompiers y travaillant pour circonscrire le feu avait été réduit alors que Dinesh Domah n’avait pas encore été retrouvé. Ce qui constituerait un délit majeur, les pompiers ayant aussi l’obligation de porter secours et retrouver des survivants en cas d’incendie. D’ailleurs, c’est la police qui a été chargée de retrouver le corps de Dinesh Domah alors que le ‘search & rescue’ tombe sous la responsabilité de ‘Mauritus Fire and Rescue Services’ (MFRS).

Autre point important, les pompiers étaient plus concernés, durant les trois premières heures,  à éteindre le feu au lieu d’initier les opérations de ‘search and rescue’, alors que c’était le moment le plus crucial pour sauver toute personne encore une vie piégée par l’incendie. Il nous revient ainsi, selon une source proche du dossier, que l’opération aurait pu être divisée en deux parties, l’une pour circonscrire l’incendie et l’autre pour retrouver la victime. Or, tel n’a pas été le cas. Pourtant, les premiers pompiers pouvaient apparemment avoir accès à l’intérieur. Ils auraient même pris des photos de l’intérieur de l’entrepôt en flammes. Il apparaitrait aussi qu’un employé de Shoprite avait réussi à guider les pompiers  à l’intérieur  alors même qu’on affirmait que l’accès était impossible.

Autre point soulevé dans le rapport, l’aggravation soudaine de l’incendie une heure à peine après qu’il s’est déclaré. Une situation que personne n’arrive à comprendre. D’autant qu’à un moment donné, il était annoncé que l’incendie avait déjà été maitrisé. Mais un responsable devait par la suite changer de version en soutenant que la chaleur et l’épaisse fumée noire et toxique rendait tout accès à l’intérieur de l’entrepôt impossible. « Which is which ? » se demande-t-on.

Un incendie qui avait tenu toute l’île Maurice en haleine

L’incendie avait débuté le dimanche 12 novembre vers 17 h 55. Ce sont les pompiers de Quatre-Bornes qui sont arrivés les premiers sur les lieux. Vu l’ampleur de l’incendie, ces derniers décident de faire appel à leurs collègues. À divers moments donnés, il y avait des pompiers des brigades de Curepipe, de Coromandel, de Port-Louis, de Tamarin, de Piton, de Mahébourg et de Saint-Aubin sur les lieux. Le nombre de pompiers mobilisés dépassait la soixante. La police, des techniciens du CEB, la Special Mobile Force, et les représentants du ministère du Travail ainsi que les propriétaires de Shoprite entaient aussi sur les lieux.

Un jour après l’incendie, Dinesh Domah n’est pas encore localisé. Toute l’île Maurice va retenir son souffle en espérant un dénouement miraculeux. Mais l’espoir va s’amenuiser au fil des heures. Les pompiers décident de puiser de l’eau de la rivière de Trianon. L’accès à l’intérieur de Shoprite est très difficile, selon les pompiers, et la visibilité est nulle à cause de l’épaisse fumée et de la forte chaleur. Les proches de Dinesh Domah ne cachent pas leur colère. Ils accusent les pompiers d’avoir tardé à entrer en scène et à opérer. Ils accusent en outre ces derniers de « Assize bwar ! »

Au 3e jour, le gros de l’incendie est finalement éteint, bien qu’il restait des poches isolées qui brûlaient encore. Les recherches se poursuivent pour retrouver Dinesh Domah, avec le concours de la SMF et du GIPM. Ce n’est que le 17 novembre que le feu a été complétement éteint. Le 19 le corps calciné de Dinesh Domah est finalement retrouvé.