Incidents à La Citadelle

La police a-t-elle failli à ses responsabilités ?

  • Au moins sept officiers du NSS présents sur les lieux avant même le début des incidents

Une semaine déjà que des incidents ont eu lieu dans la soirée du 21 octobre dernier à La Citadelle, où le concert organisé par le groupe Attitude a été perturbé par un groupe d’individus. C’est une chanson qui serait à l’origine de cette contestation. Les personnes qui assistaient à ce Grand Concert ont été forcés de vider les lieux en panique, malgré la présence d’une dizaine de policiers. Ce qui suscite pas mal de questions sur l’efficacité de notre service de police et du ‘National Security Service’ (NSS). Auraient-ils pu prévenir ces incidents ? Et nos agents secrets étaient-ils présents sur les lieux ce jour-là, avant les incidents ?

Nous avons mené notre petite enquête sur l’affaire pendant toute la semaine, et il s’avère que le NSS avait bel et bien eu vent d’un éventuel incident à cet endroit. Dès lors : la question se pose : a-t-il partagé les informations aux hauts gradés de la police ? Des membres du gouvernement étaient-ils, eux aussi, au courant puisque le conseiller en communication du vice-Premier ministre, Jameer Yeadally, qui avait été interpellé dans le sillage de cette affaire, a avoué avoir informé son ministre de la situation de La Citadelle où il s’était rendu pour un constat ? Et si oui, ces membres du gouvernement ont-ils alerté la police ? Celle-ci a-t-elle réagi ?

Selon nos renseignements, pas moins de sept policiers affectés au service de renseignements de Port-Louis étaient présents sur les lieux avant même l’incident pendant cette soirée. Ils se trouvaient d’ailleurs à l’entrée où se tenait le concert devant le fort. Étaient-ils déjà au courant de l’éventuel incident ? Si non, qu’elle était la raison de leur présence à La Citadelle ?

L’accès contrôlé à La Citadelle par des policiers

Environ 45 minutes avant les incidents, plusieurs habitués de La Citadelle avaient été stoppés par des policiers, alors qu’ils tentaient d’accéder sur les lieux. La présence de deux véhicules de la ‘Special Supporting Unit’ (SSU) n’est pas passée inaperçue. Des policiers interrogeaient également les automobilistes quant à la raison de leur présence sur place. Ces derniers avaient été informés qu’ils ne pouvaient avoir accès au site et ont été forcés de faire demi-tour et de redescendre vers Champ-de-Mars. Ce qui laisse perplexe. Pourquoi ont-ils pris du temps pour intervenir quand la bande encagoulée a débarqué ? Ce n’est que quelques minutes après leur départ que deux véhicules de la SSU sont arrivés.

Deux policiers interpellés

Dans la journée de mardi, deux policiers, l’un affecté à la ‘Special Mobile Force’ (SMF) et l’autre au poste de police de Lallmatie ont été interpellés. Ils ont été emmenés à la ‘Major Crime Investigation Team’ (MCIT) pour être interrogés. Les enquêteurs étaient en présence de certaines informations à l’effet que les deux se trouvaient à La Citadelle samedi. Mais après vérification, il s’avère que les deux policiers se trouvaient sur leur lieu de travail ce fameux soir-là. Ils ont alors été relâchés après leur interrogatoire.

L’équipe du surintendant Ghoorah a confirmé qu’à ce stade, aucun élément ne démontre l’implication de ces deux policiers dans les incidents survenus à La Citadelle samedi soir. Selon le témoignage de ces derniers, les soupçons du Commissaire de police étaient infondés, et ils estiment que les enquêteurs n’ont pas vérifié leurs informations avant de les lui rapporter. « Les enquêteurs doivent vérifier leurs informations avant d’agir. Ils ne peuvent pas arrêter des personnes sur leur lieu de travail pour ensuite se rendre compte qu’il n’y a aucune preuve contre elles. La réputation et l’intégrité de ces individus sont en jeu », nous dit une source proche d’un des policiers arrêtés puis relâché.

Le conseiller en communication du vice-Premier ministre Anwar Husnoo, Jameer Yeadally, a également été interpellé à son bureau mardi. Il a toutefois été autorisé à partir peu après. Il dit avoir été entendu à titre de témoin pour la « vérification de certaines informations ». Il a également expliqué à la presse, dont sur Radio Plus vendredi, qu’il avait certains renseignements qu’il allait y avoir des incidents et qu’il était sur place pour s’enquérir de la situation et pour informer son ministre. Il a d’ailleurs soutenu avoir également informé la police des informations dont il disposait.

Depuis dimanche dernier, pas moins d’une vingtaine de suspects ont été arrêtés par différentes unités de la police et ont été maintenus en cellule policière, à l’exception d’Irfaan Meerun, un mécanicien de Vallée-Pitot. Après trois jours de détention, il a été relâché vendredi après-midi après avoir fourni une caution de Rs 25 000 et signé une reconnaissance de dette de Rs 500 000. Il devra se présenter au poste de police de sa localité entre 6h et 18h chaque jour. En Cour vendredi, la motion de remise en liberté conditionnelle de plusieurs suspects ont été débattue et ce n’est que la semaine prochaine que la magistrate Shavina Jugnauth se prononcera sur cette affaire.