La crise des valeurs chez les jeunes

Toute l’île Maurice a entendu avec stupeur les propos déplacés des élèves d’un collège élite envers une section de la population. Mais nous devons comprendre que, bien que cela ne soit pas louable, cela a été fait dans un état d’euphorie. Peut-être que leur intention n’était pas de blesser quiconque, mais la plupart d’entre eux ont été entraînés par l’influence de la majorité incontrôlable pour ce cas spécifique.

Cependant, la crise des valeurs chez les jeunes reste un phénomène sociétal mondial. Les facteurs qui dégénèrent les valeurs morales chez les jeunes sont multiples. Parmi, il y a l’influence de la famille nucléaire et du mode de vie matérialiste. Dans une famille nucléaire, en particulier lorsque les parents qui travaillent n’ont pas de temps à partager avec leurs enfants. Les sentiments et les émotions de l’enfant restent inaudibles. Ainsi, l’enfant trouve d’autres endroits comme la télévision, les groupes de pairs, la mauvaise littérature, etc. de partager des sentiments et des émotions et de commencer à se comporter immoralement. Ainsi, cette rupture du contrôle parental sur les enfants diminue de jour en jour et, par conséquent, l’autonomie des jeunes générations augmente rapidement, qui résulte en une perte des valeurs.

D’une part, les parents ont davantage mis l’accent sur les réussites académiques que sur le développement de valeurs morales. De l’autre, il y a un manque accru de programmes académiques liés aux valeurs humaines. Aujourd’hui, les enfants sont éduqués, mais ils ne sont pas conscients des moyens de son application pratique. Le système éducatif actuel fait de nos enfants un tel type qu’ils peuvent facilement satisfaire leurs besoins fondamentaux et gagner de l’argent, mais ils ne trouvent aucune importance des valeurs dans leur vie.

Le mal vient surtout par la pression des pairs et le stress des examens ne sont pas les seules raisons, mais aussi le changement des mœurs, ou les parents sont toujours absents et les enfants reçoivent des objets technologiques pour compenser leur absence. Ajouté à cela, il n’y a presque plus de famille élargie ni la présence des grands-parents sous le même toit pour inculquer les valeurs morales.

Cette perte des valeurs chez les jeunes remonte à l’époque du boom économique des années 80 où les mères au foyer ont commencé à travailler. Maintenant, il y a plus de familles à double revenu, de familles monoparentales, et il y a beaucoup plus de femmes dans la population active. Cela pose un grand changement dans la vie de famille, et n’ont pas de temps à partager avec leur enfant. Ils sont souvent élevés par d’autres personnes que leurs propres parents et n’ont personne pour leur inculquer les valeurs morales.

C’est le devoir premier des parents de communiquer avec les enfants, de les transmettre les valeurs et la culture de la famille et de les enseigner les principes de vie qui leur serviront de boussole pour naviguer à travers ces eaux parfois très troubles.

Les enfants reproduisent le modèle qu’ils voient à la maison. Nos enfants sont plus influencés par ce que nous faisons que par ce que nous disons. Dans la transmission des valeurs, s’il y a bien quelque chose qui ne fonctionne pas, c’est « fais ce que je dis et non pas ce que je fais ».

Nos enfants nous observent pour avoir une idée de la manière dont ils doivent se comporter avec les autres et la manière dont ils doivent se servir des objets qui les entourent. C’est la raison pour laquelle, si nous souhaitons transmettre nos valeurs à nos enfants, nous devons efforcer de les incarner personnellement.

Eh oui ! Nous devons être un exemple pour nos enfants. En effet, lorsque nos agissements sont en adéquation avec nos valeurs, nous sommes cohérents, et nos enfants apprennent de manière beaucoup plus efficace. Ainsi, ils ont un exemple concret de ce qui est attendu d’eux et de la manière dont cela peut se traduire.

La baisse de la natalité qui s’accentue dangereusement donne lieu à la problématique de l’enfant-roi. Ce dernier pourrait même devenir le nombril de la famille, sans limite, amoral, égoïste, intolérant, agressif et violent. On lui donne tout et il considère que la société lui doit tout. Il crie, insulte, menace, casse ou cogne. Tout puissant, il devient le nouveau chef de famille qui fait la loi. Face à lui, des parents, des enseignants et des adultes épuisés, déroutés, confus, désemparés.

Pour pâlir à ce phénomène de crise des valeurs, toutes les parties prenantes, parents, enseignants, les chefs religieux et autres ONG doivent se retrousser les manches. 

Au niveau des écoles, nous constatons avec regret que la culture de ‘Morning Assembly’ quotidienne à l’école a été négligée. C’était le moment idéal pour faciliter l’intégration nationale par le biais de réunions de prière de toutes les religions, afin de développer la spiritualité et le discernement et d’accroître un sentiment d’appartenance et d’unité entre les élèves.

Nous avons la responsabilité de créer dans les écoles primaires, secondaires et tertiaires, une instance d’écoute où les étudiants peuvent s’exprimer librement afin d’extirper leurs frustrations et souffrances. Pour le développement moral et holistique des jeunes, les écoles doivent introduire davantage d’activités extracurriculaires : le sport, la musique, le bénévolat. 

Les parents doivent aussi assumer un peu plus de responsabilité pour inculquer les valeurs morales à leurs progénitures et de les écouter, montrer de la compassion et de les accompagner à sortir de leurs peines, ainsi ils n’auront pas à aller chercher refuge chez les autres.

Ici, les chefs religieux de tous les confessions confondues, compte tenu de leur leadership spirituel et de leur influence sur leurs communautés et la société en général ont un rôle fondamental à jouer. Durant leurs prêches et sermons, quand ils parlent, leurs voix sont entendues et leurs messages ont le pouvoir de se multiplier.  Ils devraient utiliser leur position et leur influence pour promouvoir la valeur fondamentale des valeurs morales et spirituelle ; de prêcher la valeur de la fraternité, aller au-delà de la tolérance et prêcher des messages universels de paix et de respect, la cohésion sociale et l’acceptation de « l’autre ». Ce rôle est particulièrement important lorsque la paix et la cohésion sociale sont menacées.

Cependant, le pouvoir de la jeunesse est la force motrice d’une nation. La connaissance sans valeurs morales est non seulement inutile, mais aussi dangereuse pour la société. C’est pourquoi nos jeunes générations sont confrontées à un grand dilemme. Ils font face à d’énormes défis. Ils sont détournés négativement par différentes activités immorales qui non seulement influencent la société mauricienne actuelle, mais stimulent également la génération future de notre civilisation.

Si nous donnons une bonne éducation aux enfants d’aujourd’hui, l’avenir des générations futures sera bon. Maintenant, nous vivons dans le siècle moderne. Par conséquent, si nous utilisons la science et la technologie de la bonne manière, il n’est pas difficile pour nous de résoudre tous les problèmes.

Cependant, l’orientation morale des jeunes doit être renforcée pour construire une société morale et harmonieuse. Il est absolument nécessaire d’élaborer et de mettre en œuvre des approches constructives pour la jeunesse dont dépend le présent et l’avenir du pays. Sinon, il sera trop difficile de créer une atmosphère positive et harmonieuse de moralité et d’humanité.

Bashir Nuckchady