La Syrie paralysée par les pénuries de carburants

Après onze ans de guerre et l’imposition de sanctions internationales, les caisses de l’Etat sont vides, mettant à mal le fonctionnement de ce secteur stratégique.

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Un congé exceptionnel de dix jours a été donné aux fonctionnaires syriens pour les fêtes de fin d’année. Les commerces et les industries réduisent leurs activités. Des centres appartenant à la société syrienne des télécommunications ont été temporairement mis hors service. Depuis un mois, les pénuries de carburants s’étendent dans les zones sous contrôle du régime de Bachar Al-Assad et paralysent peu à peu la vie et l’économie.

« La situation à Damas est désormais comme dans les autres villes du pays : on a une heure d’électricité puis cinq heures de coupure. Il est devenu quasi impossible de se procurer du mazout pour les générateurs ou de l’essence pour les véhicules, sauf à des prix exorbitants au marché noir, ce qui a conduit à une paralysie généralisée. Le gouvernement dit que c’est à cause des sanctions américaines », dit un Damascène qui a requis l’anonymat.

« La pire crise que le pays ait connue »

Après onze ans de guerre et l’imposition de sanctions internationales, et alors que la monnaie nationale dévisse, les caisses de l’Etat sont vides, mettant à mal le fonctionnement de ce secteur stratégique. « C’est la pire crise que le pays ait connue, plus importante que pendant les années de conflit ouvert, où existaient des circuits d’approvisionnement informels. Soit il n’y a plus de devises pour payer les approvisionnements de pétrole d’Iran et de gaz d’Algérie, soit les autorités n’ont pas envie de dépenser leurs devises afin de juguler l’effondrement de la livre syrienne »,qui a atteint un plus-bas historique à 6 000 livres pour un dollar au marché noir contre 47 livres pour un dollar avant 2011, commente l’économiste franco-syrien Samir Aïta.