L’année 2021 vue par un sociologue

Repenser notre modèle de développement

L’année 2021 n’a pas été une année facile sur beaucoup de plans. Le sociologue Ibrahim Koodoruth dresse un tableau de notre société. Pour lui, il est clair qu’il n’y a pas eu de progrès significatifs dans plusieurs domaines. Il aborde les plans de la démocratie, de l’éducation et du combat contre la drogue, pour illustrer ses propos.

Le sociologue jette avant tout un regard d’ensemble sur la société mauricienne et sur son gouvernement. Selon lui, le gouvernement est en train de faire la sourde oreille sur de nombreuses situations qui prévalent dans le pays. La société dans son ensemble, et surtout les personnes au bas de l’échelle sociale, sont en train de payer les pots cassés de cette politique. Il maintient qu’on doit repenser notre modèle de développement, en mettant l’emphase sur les aménités dont la population a réellement besoin. « Je pense qu’à la base, le gouvernement a surtout un devoir d’honnêteté envers la population », souligne-t-il.

Un recul sur le plan libertaire

Les nouvelles technologies au niveau de l’accès à l’information ont permis à la population de se renseigner et de partager son avis. Or, parmi les évènements qui ont marqué les esprits cette année, il y a eu les amendements apportés à l’IBA Act. Le sociologue dénonce une décision foncièrement mauvaise du gouvernement. Selon lui, ce dernier veut supprimer la liberté d’expression des Mauriciens en mettant en avant cette loi, ce qu’il qualifie d’inacceptable. « Cette décision prise par le régime actuel se révèlera néfaste pour la population », prédit-il.

Selon lui, le gouvernement, avec cette loi, pourra se permettre de faire ce qu’il veut avec la liberté d’expression de population. Pour lui, c’est un grand recul pour la démocratie car le gouvernement aura toutes les cartes en main et décidera quand et comment il faut agir. « C’est dommage que nous vivons dans une société comme cela. Il faut dire que le gouvernement a vraiment mal fait en termes de démocratie et de liberté d’expression », dit-il.

Une « cacophonie » sur le plan éducatif

En deuxième lieu, il est revenu sur le système éducatif, et les décisions prises par le ministère de l’Éducation.

Ce qu’il dénonce, c’est le fait que beaucoup d’élèves ont été pénalisés alors que le ministère persiste à croire que tel n’est pas le cas. Dans ce contexte, il pense que les décisions prises par le ministère n’ont pas été convaincantes. « Il y a eu des décisions qui ont été prises au détriment des élèves, qui sont en train de payer les pots cassés », dit-il.

Des nombreux élèves ont été pénalisés par le système d’apprentissage en ligne mis sur pied. Il avance qu’il y a eu un abus de pouvoir de la part du gouvernement, qui a mis en avant un système autoritaire, où les autres parties prenantes n’ont pas eu voix au chapitre en ce qui concerne le processus de prise de décision. « C’est uniquement le gouvernement qui décide quand il y aura les classes et quand il n’y aura pas de classes », dit-il.

Qui plus est, on n’a pas fait de suivi pour voir si cette stratégie porte ses fruits. « À ce jour, on ne sait pas vraiment si les enfants peuvent se concentrer sur les classes en ligne ou pas, et on ne sait pas s’ils sont capables de travailler avec ce système.» Il résume toute cette situation de « cacophonie ».

Inertie du gouvernement dans le combat contre la drogue

Le sociologue devait aussi aborder le sujet de la drogue et de la drogue synthétique. Selon lui, nous pouvons noter une hausse du nombre de jeunes qui sont tombés dans l’enfer de la drogue, et il y a eu une recrudescence de la violence dans le pays durant cette année.

Les cas où les drogués commettent des vols pour pouvoir se procurer de la drogue, ou encore les cas de personnes qui n’arrivent pas à trouver du boulot et qui doivent commettre des vols pour pouvoir survivre sont légions. « Donne-t-on l’opportunité à ces personnes de ne pas voler ? », se demande le sociologue. « Nous sommes en train de faire du progrès dans le domaine économique mais en même temps, et paradoxalement, les gens sont en train de s’appauvrir. »

Selon lui, il est dommage que durant cette année, le gouvernement n’est venu avec un bon plan d’encadrement pour les jeunes pour qu’ils puissent sortir de cet enfer. Il pense qu’on ne peut pas réfléchir à la place d’un jeune mais on ne peut que l’orienter et le guider.  De ce fait, nous devons travailler avec les jeunes pour leur apprendre à dire non à la drogue

Néanmoins, il pense que les parents doivent assumer leur responsabilité et doivent surveiller ce que font leurs enfants. « Il faut que les parents aient du temps pour leurs enfants », affirme-t-il.