Lavanya Sunassy-Pather, diététicienne : « La diététique a un bel avenir à Maurice »

C’est avec son beau sourire avenant que Lavanya Sunassy-Pather, une diététicienne de 36 ans, nous décrit sa vie et son parcours professionnel. Comptant 11 ans dans le domaine de la diététique, ancienne cheffe de service à l’hôpital Apollo Bramwell, attachée comme diététicienne auprès des athlètes mauriciens lors des derniers JIOI, elle nous offre son point de vue sur le danger que représente le ‘dieting commercial’, entre autres.

Issue d’une famille aisée, Lavanya Sunassy-Pather habite Forest-Side, où elle possède son propre cabinet de diététique. Mariée, elle a une fille de 4 ans. Son père est médecin généraliste, tandis que sa mère est une enseignante à la retraite. Elle a deux sœurs : l’aînée est conseillère juridique, tandis que la plus jeune est orthophoniste et audiologiste.

La jeune femme a fait ses études secondaires au collège Queen Elizabeth, de 1996 à 2003. Avec d’excellents résultats du HSC en main, elle s’envole pour l’Inde en 2004. Elle devait rejoindre le Women’s Christian College à Chennai pour des études menant a un ‘Bachelor in Nutrition, Food Service Management and Dietetics’. En 2007, elle poursuit une maitrise en ‘Clinical Nutrition’ à la Sri Ramachandra Medical University, toujours à Chennai, pour une durée de 2 ans. Elle a ainsi fait un total de cinq années d’études dans le domaine de la nutrition et de la diététique, dont 18 mois en formation intensive en milieu hospitalier.

Pourquoi a-t-elle choisi la profession de diététicienne ? Née et élevée dans une famille de médecins, elle a toujours été influencée par la médecine et les sciences naturelles. « Je voulais contribuer à améliorer la vie des gens grâce à la science. À cette époque, la prévalence des maladies non transmissibles était en hausse à Maurice, et la situation était bien plus alarmante qu’aujourd’hui. J’ai finalement opté pour des études en nutrition et diététique », nous indique Lavanya Sunassy-Pather.

De retour à Maurice, la diéticienne débute sa carrière en 2009. De 2009 à 2013 elle a travaillé à l’hôpital Apollo Bramwell, où elle avait été promue cheffe du service diététique.Depuis 2013, elle a mis sur pied son propre cabinet. Elle offre des conseils individuels dans le domaine de la nutrition et de la diététique ou organise des programmes de groupe à l’intention des entreprises.

Sa spécialité englobe la gestion du diabète et celle du poids, la nutrition pédiatrique et pour les enfants souffrant d’autisme, la nutrition pour les troubles rénaux, gastro-intestinaux et métaboliques, la nutrition pour les troubles de l’alimentation, et la nutrition entérale et parentérale (où la nutrition par la bouche n’est plus possible).

Selon Lavanya Sunassy-Pather, ses conseils en nutrition et alimentation ont permis à de nombreux Mauriciens d’apporter des changements positifs dans leurs habitudes alimentaires, leur mode de vie et leur état de santé. Ce qui en retour a boosté sa réussite professionnelle.

« J’ai la chance d’avoir une famille très solidaire, qui comprend les différents défis auxquels une mère qui travaille doit faire face, et qui m’aide au mieux de ses capacités. Mon mari est également très encourageant lorsqu’il s’agit de se réactualiser d’après les dernières recherches et avancées en nutrition et dans d’autres domaines pertinents à mon domaine d’expertise », nous confie la jeune femme.

Quelques moments forts de sa carrière

En 2019, sur une période de 3 mois, elle avait fourni ses services en tant que diététicienne durant les Jeux des îles de l’océan Indien, en prodiguant des conseils, en élaborant la planification des repas et en faisant des suivis réguliers aux athlètes mauriciens.

Elle a également fourni ses services à plusieurs organisations et ONG en tant que telle, notamment à la ‘Football Academy’ de la MCB Forward Foundation, pour les adolescents de 10 à 18 ans.

Elle intervient actuellement au SOS Children’s Village, où elle tient régulièrement des conférences, et offre ses conseils aux soignants et aux enfants eux-mêmes afin d’assurer une nutrition et une croissance optimales pour ces derniers. Elle intervient également régulièrement dans les journaux, sur les radios et sur la Toile sur tout ce qui touche à la nutrition et à la diététique.

Son article ‘Flax seed supplementation on children with autism’ a été publiée en juillet 2014 dans le prestigieux ‘International Journal of Science and Research’. Elle a aussi été classée parmi les ‘100 Most Influential Women in Mauritius’ en 2017 et 2018 dans le domaine de la santé et de la qualité de vie.

Son message à la nouvelle génération :« Work hard to earn your living so that someday you can be proud of your professional journey. Do not get carried away by a glamorous world. All that glitters is not gold. »

Hors-texte 1

 « Les gens tombent dans le piège des produits prétendument diététiques »

Selon elle, être diététiste lui a permis d’évaluer de manière critique les habitudes alimentaires à Maurice, d’éduquer et de conseiller les gens sur l’importance d’une alimentation saine et équilibrée pour prévenir les maladies non transmissibles, et ainsi améliorer leur mode de vie à long terme.

« Nous vivons dans un monde où les gens sont grandement influencés par les ‘dieting trends’. Les gens veulent avoir des résultats rapidement, et cela sans faire beaucoup d’efforts. Ils tombent ainsi dans le piège de ces produits prétendument diététiques. Qui plus est, nous sommes inondés d’informations contradictoires dans ce domaine, qui n’ont aucune base scientifique », explique- t-elle. « Encourager les gens à manger sainement dans une ère dominée par le ‘dieting’ commercial et l’apparence corporelle est le plus grand défi auquel je dois faire face. »

« Je crois néanmoins que la diététique a un bel avenir à Maurice. Les gens sont de plus en plus réceptifs à l’importance des bonnes habitudes alimentaires. Ils souhaitent désormais consulter des spécialistes de la diététique et de la nutrition pour les guider dans un environnement inondé par de nouveaux produits alimentaires et où il y a plusieurs informations contradictoires », renchérit-elle.

« Les avancées dans le domaine de la communication et de la technologie offrent également de nouvelles opportunités. Par exemple, des services de conseil et de suivi peuvent être proposés via des applications mobiles », fait-elle ressortir.

Toutefois, elle conclut qu’il y a encore beaucoup de travail en ce qui concerne la sensibilisation des gens dans le domaine de la nutrition.

Fiche Perso

Plat préféré : Cuisine du sud de l’Inde

Dessert préféré : Gâteau au chocolat

Loisirs : Exercices et promenades dans la nature

Si elle n’était pas diététicienne, elle serait : Chirurgien-dentiste

Un mot pour la décrire : Tolérante.

  SARAH KHODADIN