« Le CP n’a pas agi de façon appropriée », selon l’ex-juge Vinod Boolell

Les agissements du Commissaire de police dans l’affaire Bruneau Laurette, notamment le bras de fer qu’il a entamé avec le DPP, sont-ils appropriés ? Vinod Boolell, ancien juge de la Cour suprême, estime que le Commissaire de police n’est tout bonnement pas habilité de critiquer les décisions du DPP. Certes, dans une démocratie, personne ne doit être à l’abri des critiques, que ce soit un magistrat, le DPP ou le Commissaire de police lui-même. Mais dans le cas présent, le Commissaire de police occupe un poste constitutionnel et il fait partie de l’exécutif. De ce fait, critiquer ouvertement le DPP n’est pas approprié, vu qu’il y a entorse au principe de séparation des pouvoirs.

Qui plus est, « le Commissaire de police a le droit de ne pas être d’accord avec la décision de la magistrate ou du DPP mais il y a une façon pour lui de procéder », nous dit-il. Et la façon dont a agi le Commissaire de police est discutable. Ainsi, pour Vinod Boolell, lorsque le DPP n’a pas fait appel contre la décision de la magistrate Jade Ngan Chain King de relâcher sous caution Bruneau Laurette, le Commissaire de police aurait dû prendre le dossier et aller en discuter avec le DPP. C’est en tout cas ce que faisaient les précédents Commissaires de police dans le passé, selon des pratiques bien établies.

Mais en tout cas, l’actuel Commissaire de police n’aurait pas dû tirer de communiqué pour venir dénigrer le DPP derrière son dos et sur la place publique. « Le commissaire de police n’a pas agi de façon appropriée », maintient Vinod Boolell. Qui plus est, la liberté d’un prévenu ne dépend pas du Commissaire de police mais dépend de ce que dit la loi et la Constitution, et de quelle façon la loi est interprétée par les cours de justice. Ainsi, la Cour suprême et le Privy Council ont rendu plusieurs jugements pour expliquer dans quels cas la liberté conditionnelle doit être accordée à un prévenu, et sous quelles conditions. « Il convient dès lors de se demander pourquoi le Commissaire est en train d’agir de cette façon ? », s’interroge Vinod Boolell.