[MIC] Les dessous d’un scandale à Rs 300 millions

Le scandale éclaboussant la Mauritius Investment Corporation (MIC) prend une nouvelle tournure avec l’arrestation de Jitendra Bissessur, ex-CEO de l’institution, et de Diya Sewraz, ex-Company Secretary. Une affaire de fraude estimée à Rs 300 millions, qui soulève d’importantes questions sur la gestion des fonds publics et la transparence des investissements.

Mercredi dernier, la Financial Crimes Commission (FCC) a procédé à l’arrestation de Jitendra Bissessur, ancien PDG de la MIC. Un coup de tonnerre dans le paysage financier mauricien, car cette institution, créée pour soutenir l’économie face à la crise, se retrouve aujourd’hui au cœur d’un vaste scandale de corruption. L’interrogatoire de l’ancien homme fort de la MIC a duré plus de sept heures, au cours desquelles les enquêteurs ont abordé plusieurs aspects troublants de cette affaire.

Jitendra Bissessur a dû s’expliquer sur l’approbation suspecte de l’achat de 1 596 actions de la société Eastcoast Hotel Investment Ltd pour un montant astronomique de 48 millions d’euros, soit environ Rs 2,4 milliards. Une décision prise lors d’une réunion du conseil d’administration de la MIC le 5 février 2024. Des irrégularités majeures auraient été relevées quant à la vérification et à la validation des documents liés à cet investissement.

Perquisitions et saisies de documents

Avant leur transfert à la FCC, les domiciles de Jitendra Bissessur et de Diya Sewraz ont fait l’objet de perquisitions minutieuses. Des documents compromettants, un ordinateur portable et une imprimante ont été saisis. Ces éléments pourraient apporter des preuves cruciales pour démontrer l’ampleur de la fraude présumée.

Selon des sources proches de l’enquête, la MIC aurait délibérément dissimulé certains documents financiers et falsifié des procès-verbaux afin de masquer la réalité des décisions prises. Ce scandale remet en question l’efficacité des mécanismes de contrôle et de supervision de l’organisme.

Autre figure impliquée dans ce dossier explosif : Diya Sewraz, ex-Company Secretary de la MIC. Elle a été interpellée le même jour que Jitendra Bissessur et fait face aux mêmes accusations de “Fraud by abuse of position” en vertu de la FCC Act.

D’après les premiers éléments de l’enquête, elle aurait été directement impliquée dans la préparation et la validation des documents frauduleux ayant permis le déblocage des fonds en faveur d’Apavou Hotels Ltd. Son rôle exact dans cette affaire reste à élucider, mais les enquêteurs de la FCC estiment qu’elle était un maillon essentiel du système mis en place pour détourner ces sommes colossales.

Silence accablant et inculpation provisoire

Si, dans un premier temps, Jitendra Bissessur a répondu aux questions des officiers de la FCC, il a finalement opté pour le silence, préférant ne pas s’exprimer davantage sur les allégations qui pèsent contre lui. Une stratégie de défense qui pourrait compliquer la suite de l’enquête.

Les deux anciens responsables de la MIC ont comparu devant le tribunal de Port-Louis jeudi matin. La FCC a décidé de s’opposer à leur remise en liberté conditionnelle, estimant que leur libération pourrait compromettre l’enquête en cours. Ils restent donc en détention provisoire en attendant la suite des procédures judiciaires.

Le détournement des fonds de la MIC pourrait ne pas se limiter à cette seule transaction. D’autres décisions financières prises sous la direction de Jitendra Bissessur sont passées au crible par les autorités. Certains experts estiment que le préjudice total subi par la MIC pourrait être bien plus important que les Rs 300 millions initialement avancés.

Avec les nouvelles révélations qui s’annoncent et la pression médiatique qui s’intensifie, l’affaire Bissessur-Sewraz pourrait bien devenir l’un des plus grands scandales financiers de l’histoire récente du pays. Les autorités judiciaires et la Financial Crimes Commission auront fort à faire pour faire toute la lumière sur cette affaire et rétablir la confiance du public envers les institutions financières mauriciennes.

Le procès-verbal falsifié transmis après la défaite électorale

Un rebondissement majeur vient d’être révélé ce vendredi dans l’affaire impliquant Diya Sewraz, ex-Company Secretary de la MIC. Selon nos informations, le procès-verbal falsifié de la réunion du 5 février 2024 – document central dans le scandale du paiement excédentaire de Rs 300 millions à Armand Apavou – n’aurait été transmis à Mark Florman, l’ancien président britannique de la MIC, que le 15 novembre 2024.

Cette révélation est d’autant plus troublante que cette date intervient exactement trois jours après l’annonce des résultats des dernières élections législatives qui ont vu le parti MSM perdre le pouvoir. Le timing de cette transmission, survenant plus de neuf mois après la réunion concernée, soulève de graves questions sur les motivations des protagonistes.

Cette chronologie suspecte pourrait suggérer une tentative précipitée d’établir un semblant de légitimité à des décisions controversées, dans un contexte politique désormais défavorable aux anciens dirigeants. Les enquêteurs de la Financial Crimes Commission devront déterminer si ce retard extraordinaire dans la transmission d’un document officiel constitue un élément supplémentaire dans la construction d’un système frauduleux élaboré.