Pravind Jugnauth reste agrippé au pouvoir malgré la succession des scandales

Alors que Liz Truss vient de démissionner comme Premier ministre du Royaume-Uni…

Au Royaume-Uni, Liz Truss vient de démissionner de son poste de Premier ministre. Quelles sont les raisons de cette démission, alors qu’aucun scandale politico-financier, comme le régime MSM nous en a habitués, ne la guettait ? C’est sa politique économique ultralibérale, notamment une baisse d’impôts massive pour ceux qualifiés comme riches, qui ont érodé significativement sa popularité. Puis, son virage à 180o quand elle a limogé son ministre des Finances, l’a fait perdre toute crédibilité aux yeux des Britanniques. Lâchée par les membres de son propre parti, le parti Conservateur, elle n’a eu d’autre choix que de partir, mais avec panache et dignité. « Vu la situation, je ne peux pas remplir le mandat sur lequel j’ai été élue par le Parti conservateur », avait-elle affirmé depuis le 10, Downing Street.

Mais ici, à Maurice, malgré l’accumulation des scandales majeurs comme le ‘sniffgate’ qui avait défrayé la chronique quelque temps de cela, ou encore les conclusions plus que troublantes de la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath dans l’affaire Kistnen, le Premier ministre et les autres ministres impliqués dans des scandales, comme Kailesh Jagutpal ou Yogida Sawmynaden, restent agrippés à leurs maroquins. Pourquoi ? C’est parce qu’il y a un monde de différence entre les mœurs politiques britanniques et mauriciennes, comme nous l’expliquent Patrick Assirvaden et Mahen Gungapersad.

Pour Patrick Assirvaden, « le Premier ministre et son gouvernement sont majoritaires au sein du Parlement et vu cette situation, il se permet de faire ce qu’il veut, même avec les nombreux scandales qui éclatent dans le pays. Il y a un monde de différence entre le Premier ministre britannique et le Premier ministre mauricien. Il n’y a pas ici le même sens de l’éthique et de l’honneur ». Il ajoute de façon lapidaire : « De quoi devrons-nous nous attendre d’un Premier ministre qui a eu le poste du chef du gouvernement de son père en 2017 ? C’est un pouvoir acquis de père à fils. »

Mahen Gungapersad explique lui aussi qu’« il y a un monde de différence entre le monde politique britannique et la politicaille mauricienne. Au Royaume-Uni, on ne s’accroche pas au pouvoir coûte que coûte. Il y a des principes que les élus doivent observer. Mais ici, à Maurice, nous n’avons pas ce genre de culture. En dépit de tous les scandales qui continuent d’éclabousser le présent gouvernement, le Premier ministre ne pratique aucune transparence et aucune redevabilité, et accapare l’indépendance des institutions ».

En se focalisant sur les ‘findings’ de la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath dans l’affaire Kistnen, il nous explique pourquoi Pravind Jugnauth ne prend aucune action concrète contre Yogida Sawmynaden. « S’il agit contre ce dernier, il y aura beaucoup d’autres démissions au sein du gouvernement. Il ne peut pas se le permettre. Ainsi, le Premier ministre fait tout pour qu’on ne touche pas à ses ministres et députés », fait-il ressortir.

Il ajoute : « Il y a toujours ce sentiment de ‘cover-up’ depuis 2014. C’est comme s’il y a une descente aux enfers pour Maurice depuis cette année. »