Pushyami Paupiah, artiste et disciple de Vincent Van Gogh

« Je voulais vivre pleinement de mon art »

Pushyami Narsiah Paupiah, artiste bien connue sur la scène artistique mauricienne, grand disciple de Vincent Van Gogh, nous entraîne dans les méandres de l’art. Rencontre avec une artiste passionnée qui a indéniablement une fibre créative.

Pushyami Narsiah Paupiah est une habitante de L’Avenir, Saint-Pierre. Cette enseignante en Art au Floréal SSS, est également artiste ‘freelancer’, où elle exécute sur commande des portraits, des peintures murales ainsi que d’autres œuvres artistiques, utilisant différentes techniques.

Nous jetons un coup d’œil sur sa collection. Il faut dire que ses œuvres, de par leur magnificence, enchantent les yeux. Des images éloquentes et des dessins extraordinaires où les couleurs vives et brillantes, prédominent. « J’utilise beaucoup de réalisme dans mes peintures », nous décrit Pushyami. Cette dernière s’adonne à diverses techniques de peinture : que ce soit les aquarelles ou la peinture à l’acrylique, à la gouache ou à l’huile. Elle dessine aussi au fusain et au crayon.

Elle revient sur son parcours. « J’ai toujours aimé l’art depuis mon plus jeune âge », nous confie-t-elle. Comme elle vient d’une famille où il y a plusieurs chanteurs et peintres, tout la prédestinait à devenir artiste. « Je me souviens que quand j’étais jeune, mon père esquissait des portraits et écrivait en calligraphie pour les livres en langue télégoue. Peut-être que c’est de lui j’ai hérité de cette passion de dessiner. J’ai toujours eu le soutien total de mes parents lorsque j’ai décidé de poursuivre des études en beaux-arts », nous dit-elle.

Comme il fallait s’y attendre, l’art a été sa matière préférée au collège. « Je me suis beaucoup inspirée de ma sœur aînée », nous confie-t-elle. Après ses résultats de HSC, elle a reçu une bourse d’études offerte par le gouvernement indien. Elle a alors mis le cap pour Santiniketan, au Bengale occidentale, en Inde, où elle a poursuivi ses études en ‘Bachelors of Fine Arts with specialisation in painting’. Elle a parachevé ses études par une maîtrise dans la même matière à l’Université Visva Bharati, établie par le grand Rabindranath Tagore, lauréat du prix Nobel.

L’un des plus grands défis auquel Pushyami a dû faire face : les cours se déroulaient partiellement en bengali. « J’ai dû apprendre à parler le bengali par moi-même car il n’y avait personne pour m’aider. Et encore, le bengali est une langue difficile à maitriser », se rappelle-t-elle.

Au cours de ses études, l’artiste a été fortement inspirée par les grands maîtres néerlandais dont Vincent Van Gogh, bien connu pour ses contrastes de couleurs vives, ou encore par la technique d’éclairage de Rembrandt, qui est toujours utilisée dans la photographie en studio et en cinématographie. Depuis, elle essaie d’appliquer ces procédés dans ses œuvres.

Lors de son séjour à l’étranger, elle a eu l’opportunité de participer dans diverses expositions d’art en Inde et d’assister à des ateliers de peinture. Maintenant, elle saisit des opportunités similaires, que ce soit à Maurice ou à l’internationale.

À son retour au bercail, elle a pris du travail comme enseignante en Art et s’est lancée comme artiste freelance. À Floréal SSS, où elle enseigne, elle encourage ses élèves à mettre en avant leurs atouts et de travailler sur grand format, notamment à travers des œuvres murales. Le visiteur à ce collège ne peut s’empêcher d’être frappé par les œuvres réalisés par les élèves sur les murs de l’établissement, notamment ceux dépeignant les ‘Avengers’. Non, il ne s’agit pas des avocats bien engagés sur la scène politique, mais bien des personnages de bande dessinée crées par Marvel Comics.

Mais Pushyami voulait vivre encore plus pleinement de son art, et voulait se lancer comme artiste freelance. Elle a ainsi réalisé que les réseaux sociaux constituent le meilleur outil pour partager ses œuvres. C’est ainsi qu’elle a décidé de créer ses comptes sur Facebook et Instagram, où elle publie ses magnifiques œuvres, et où elle reçoit ses commandes. « Pour les portraits sur commande, je travaille généralement avec de l’acrylique qui sèche très rapidement », nous dit-elle. Notre interlocutrice nous indique qu’elle peut prendre jusqu’à 2 mois pour terminer une œuvre car elle tient à ce que tous les détails figurent dans toutes ses œuvres.

Pushyami est une artiste dans tous les sens du terme. Cette femme talentueuse est également titulaire d’un diplôme en musique vocale carnatique. De temps à autre, elle donne des performances, en solo et en groupe, avec sa famille. Pushyami a ainsi choisi le métier d’artiste car elle croyait en elle et son métier l’a permis de vivre pleinement sa passion pour l’art.

Quel a été sa source de motivation durant toutes ces années ? Elle nous confie que c’est sa famille, son mari et Mme Gopaul, son enseignante de collège, qui l’ont toujours encouragée à aller de l’avant dans l’art. « Toutes ces personnes m’ont toujours encouragée et guidée sur la bonne voie, où je me trouve aujourd’hui », nous dit-elle. Elle nous cite ici un précepte de ses parents qui l’ont toujours dit : « You must first practice what you hope to receive. »

Quels sont ses conseils pour ceux qui aspirent à devenir artistes ? Pushyami nous explique qu’il faut toujours faire un travail que nous aimons faire. « Les jeunes doivent bien choisir leur carrière et faire ce qu’ils ont vraiment envie de faire », dit-elle.

Quid de ceux qui se sentent découragés, pensant peut-être à tort qu’ils n’ont pas le talent requis ? Dans ce contexte, elle se tourne vers Vincent Van Gogh, son maître à penser, et peut-être l’artiste le plus influent au monde, pour qui la couleur était le principal vecteur de l’expression. Ce dernier disait toujours, “If you hear a voice within you say ‘you cannot paint,’ then by all means, paint, and that voice will be silenced.”

Anouskha Bhugaloo