[Quatre-Bornes] Le métro tue les commerces !

Le constat est unanime : le métro et le manque de places de stationnement ont un impact dévastateur sur les commerces, les étouffant peu à peu. Les embouteillages monstres, particulièrement en heure de pointe, font du trajet en ligne droite vers la municipalité de Quatre Bornes, via St-Jean Road, une épreuve d’au moins 18 minutes en voiture. Une dizaine de personnes nous ont relaté le calvaire qu’elles vivent au quotidien.

C’est auprès de la municipalité qu’une gérante de magasin de vêtements, Malini, a exprimé ses préoccupations. Elle relate les défis auxquels elle fait face pour maintenir son commerce en vie. « Les fêtes de fin d’année approchent, une période cruciale pour nos recettes. Cependant, je crains que nous ne puissions réaliser un bon chiffre d’affaires cette année, en raison du manque de parking pour nos clients. Même moi, mon époux doit me déposer et venir me récupérer dans l’après-midi. Les contraventions des policiers et des officiers de la NLTA sont monnaie courante ! », déclare-t-elle. Elle déplore également l’image négative associée à la ville des fleurs depuis la mise en service du Metro Express. « Ce métro est un danger public (…). Là où je me trouve, je suis témoin d’accidents évités de justesse quasiment tous les jours. Il aurait dû être construit sur pilotis », explique Malini.

À quelques mètres de là, le propriétaire d’un petit snack presque désert regrette la chute drastique de ses ventes depuis l’arrivée du métro. « Pran depi supermarché Central pou vinn ziska kot Bazar, al gete si ena parking. Kuma ou arrete 2 minit, lapolice bisiklet fini donn contravention ! Ki client pu rod vinn attan nou kwi zot manze ? », martèle-t-il. Un client fidèle confirme qu’il a mis presque trois semaines à revenir, bien qu’il habite à proximité du snack. « Je ne peux pas venir comme auparavant, où vais-je garder ma voiture ? il n’y a pas de place pour stationner ! »

Hossen, marchand ambulant, est catégorique : « Quatre-Bornes nepli kuma avan ! Auparavant, il suffisait de se frayer un chemin pour naviguer dans la principale artère. Les commerçants pouvaient travailler sans craindre de représailles. Maintenant, il nous faut ‘vey seke’ pour pouvoir travailler. La vie devient de plus en plus difficile avec l’inflation. Nous, les petits commerçants, devons ‘tracer’ ! Métro inn touiy partou. Tous ces commerces mettront la clé sous la porte et feront faillite », prévient-il. Ce dernier évoque « une gaffe monumentale » du gouvernement qui n’a pas laissé un ‘emergency lane’ à St-Jean Road. « La population en entier a vu la vidéo où une ambulance ne pouvait se frayer un chemin ! Dimounn kav mort, pourvi métro roulé », regrette ce marchand ambulant.

Nous nous sommes rendus dans un petit magasin de jouets et d’articles divers. Une petite dame essuie les emballages au fond du magasin sous une lumière sombre, et nous livre ses appréhensions pour l’avenir.  « Plusieurs facteurs contribuent à ce que les Mauriciens ne voient plus Quatre-Bornes comme destination ‘shopping’. Les gens deviennent de plus en plus pauvres et les problèmes liés au métro ont un impact significatif. Depi inn fer metro ici, mo paie zis lokasyon, CEB ek CWA !  On ne travaille pas. Les clients ne viennent pas en raison du manque de places de stationnement. S’ils ne peuvent pas se garer, pensez-vous qu’ils feront un grand détour pour venir dans un petit magasin ? », interroge-t-elle.

À côté, un autre commerce similaire témoigne de la détérioration de la situation depuis l’arrivée du métro. « 36 ans nou ena magazin la (…) Sa lepok lontan la inn fini sa (…) Quatre-Bornes inn mort aster depi ki Metro inn vini. Gouvernement la ti bizin met metro la lor pilotis. Tou ti commerce pe al ferme ! Bondie kone ziskakan nou pu la », déplore notre interlocuteur.

Contraventions à gogo !

L’un des problèmes majeurs dénoncés par les commerçants de St-Jean Road est la présence constante des officiers de la NLTA et de la police, prêts à sévir. Selon nos interlocuteurs, les contraventions pleuvent et sont distribuées simplement pour atteindre les quotas.

Une commerçante n’hésite pas à exprimer sa frustration en racontant comment elle a reçu trois contraventions en une semaine. « Je pense que les officiers de la NLTA et la police n’aiment pas ma voiture ! Ils m’ont infligé trois contraventions de plus de Rs 1000 en l’espace d’une semaine. J’ai un commerce qui nécessite des débarquements fréquents. Dès que je me gare, ils se précipitent pour me mettre une contravention ! », dit-elle.

Même son de cloche pour une bibliothécaire qui a reçu trois contraventions en dix jours. Elle en a le ras-le-bol. « Ils ont commencé à nous donner des contraventions depuis la publication d’un article dans un quotidien où nous exprimions nos préoccupations. Même si d’autres commerces envisagent de cesser leurs activités, je resterai pour continuer à travailler au même endroit », nous dit cette mère de famille.