Questions à…Parvèz Dookhy, avocat « Comment organiser les prochaines élections avec cette même commission électorale qui s’est montrée faillible ? »

Q : Des irrégularités ont été mises à jour au no. 19 plus de deux ans après les dernières élections générales. Votre avis ?

La question du recomptage plus de deux ans après le vote, avec de toute façon un droit d’appel pour la partie perdante, pose de sérieux problèmes. Imaginons un seul instant qu’il y ait un changement des résultats. Il y aura la question de réparation : comment réparer dans une démocratie à l’égard de celui ou celle qui a été privé/e de son droit de député/e pendant plus de deux ans ? La question se posera aussi pour d’autres circonscriptions. Comment alors organiser les prochaines élections avec cette même Commission électorale qui s’est montrée faillible, qui n’a pas été capable de proclamer la vérité des urnes ? Ce serait un tremblement de terre.

Q : Peut-on légalement et légitimement remettre en cause l’ensemble des élections tenues en novembre 2019 à la lumière de ces développements ?

Ce sera, s’il y a inversion des résultats, un argument dans uniquement les affaires qui sont en cours, mais pas dans l’ensemble des circonscriptions. Le délai pour les autres de contester quoi que ce soit est largement dépassé. Politiquement, l’argument d’une fraude ou d’une erreur généralisée, reste.

Q : N’est-ce pas grand temps pour que tout le système électoral soit revu ?

Notre système électoral doit être revu. L’enregistrement des électeurs doit pouvoir se faire à tout moment et non à des périodes très limitées annuellement. Le droit de vote doit être réservé aux seuls citoyens mauriciens car il s’agit d’une question de souveraineté. Il faut une seule commission électorale puissante alors qu’actuellement, il y en a 3 avec des pouvoirs. Il faut fixer sérieusement et efficacement un plafond de dépenses électorales susceptible d’être sanctionné par la commission. Il faut une sanction sévère de la corruption électorale.

Le dépouillement des urnes doit avoir lieu immédiatement après la fermeture des bureaux de votes. Il faut des bulletins en couleurs et très lisibles. Bref, il faut professionnaliser le personnel électoral pour qu’il comprenne les principes de l’inviolabilité des urnes. Il faudrait instaurer un système de recours rapide et efficace, par exemple celui dont le nom ne figure pas sur le registre doit pouvoir avoir accès à un juge capable de trancher la question en quelques minutes. Les candidats doivent pouvoir contester la sincérité des résultats et obtenir satisfaction dans un délai très court, etc.