Rétrospectives 2021 : L’année où le pays a cessé d’être ‘covid safe’

Inutile de le préciser, 2021 est l’année où la covid-19 a fait son entrée de plein-pied dans le pays, reléguant souvent en arrière-plan d’autres actualités majeures. On a aussi vu un gouvernement dépassé par les évènements et miné par les scandales, alors que les opposants au régime ont fait feu de tout bois. Retour sur ces épisodes d’une année ‘mofine’ sur bien des plans.

Janvier

Un assassinat et une manif

Deux événements ont marqué le mois de janvier. D’abord, le mercredi 20 janvier, le pays apprend avec stupeur que des tireurs non identifiés ont fait feu à bout portant sur le gros bras Manan Fakoo à Beau-Bassin. Ce dernier rendra l’âme par la suite à l’hôpital Victoria.

Ensuite, le dimanche 31 janvier, les Avengers tiennent un grand meeting à La Louise et font des révélations fracassantes sur la mort de Soopramanien Kistnen, entre autres morts suspectes.

Février

Démission de Bodha et marche de l’Opposition

Qui l’aurait cru ? Le 6 février, Nando Bodha démissionne de toutes les instances du MSM et dénonce un « pouvoir verrouillé ». Il dit avoir été poussé à bout par « l’odeur de la mort », entendez par là l’affaire Kistnen, qui rôde dans les parages.

Il participe, dans la foulée, à la marche du 13 février, organisée par l’Opposition parlementaire et des regroupements de citoyens, pour réclamer la démission du gouvernement. Cette marche a été suivie peu après par la signature d’une déclaration conjointe entre l’opposition et les organisations citoyennes.

Mars

Premiers cas de la Covid-19 et premières suspensions des élus au Parlement

5 mars : le premier cas local de la deuxième vague de la Covid-19 est détecté. Le 8 mars, la campagne nationale de vaccination est lancée.

Début mars, un cluster de plusieurs personnes positives à la Covid-19 est détecté dans une entreprise, SKC Surat à Curepipe. Par la suite, d’autres clusters sont détectés dans le pays. 20 mars : un 2e confinement est imposé sur tout le pays.

Le 30 mars 2021, Arvin Boolell, Paul Bérenger et Rajesh Bhagwan sont expulsés et suspendus du Parlement. Ils entreront par la suite une plainte en Cour suprême contre le Speaker, Sooroojdev Phokeer.

Avril

L’indignation populaire suivant le décès des patients dialysés

L’épreuve d’anglais pour le SC est annulée le 28 avril, pour cause de pluies torrentielles. Idem pour plusieurs papiers pour le HSC. Les élèves sont informés qu’ils bénéficieront d’une ‘special consideration’.

Fin avril, un ‘fact-finding committee’ est institué pour faire la lumière sur le décès des personnes sous dialyse à la suite de la Covid-19 à l’hôpital de Souillac. Ces décès sont source d’indignation populaire, mais ce n’est qu’après la vive réaction de l’ancien DPM Ivan Collendavelloo que le gouvernement a finalement réagi.

Pendant ce temps, le gouvernement envisage des amendements à l’ICT Act pour l’interception et l’archivage de tout le trafic sur les réseaux sociaux par l’ICT Authority.

Mai

L’Espoir des uns et le désespoir des autres

Pour la Fête du Travail le 1er mai, Covid-19 oblige, les traditionnels rassemblements des partis politiques n’ont pas eu lieu. Mais le début de ce mois est marqué par la création de l’Alliance de l’Espoir, regroupant le MMM, le PMSD et le Reform Party. Une vague de démissions secoue toutefois le PMSD.

Toujours en ce début mai, plusieurs membres de la famille Gurroby sont arrêtés après une saisie record de drogue à Pointe-aux-Canonniers. Grosse déception pour les Avengers : la Cour de Port-Louis met fin à la ‘private prosecution’ intentée par Simla Kistnen contre Yogida Sawmynaden.

Fin mai, le pays découvre avec stupeur ce qu’on appelle le premier tueur en série mauricien, Umyad Ebrahim, qui a tué et enterré deux femmes à Mare D’Albert. La police recherche toujours d’autres victimes.

Juin

SAJ décède et Betamax obtient gain de cause

Ce jeudi 3 juin, SAJ décède chez lui à La Caverne. Le pays tout entier rend un dernier hommage à cet homme de caractère considéré comme le Père du développement économique de Maurice.

14 juin : Les Law Lords rendent leur jugement dans l’affaire Betamax : l’État devra dédommager plus de Rs 5 milliards à la compagnie de Vikram Bhunjun. Le 25 juin, une commission d’enquête est mise sur pied dans l’affaire Betamax, histoire de prouver que le gouvernement n’avait pas tort de résilier ce contrat.

21 juin : la carte vaccinale devient obligatoire à l’entrée des institutions éducatives et de santé.

Fin juin : Le gouvernement décide de remplacer la carte d’identité actuelle par une nouvelle carte. Dès lors, plusieurs voix commencent à s’élever pour demander si cela est bien une nécessité alors que l’économie mauricienne est au bord du gouffre.

Juillet

Britam et Bhadain

Début juillet, le GM fait savoir qu’il accordera des subventions de l’ordre de Rs 500 millions aux importateurs et distributeurs, afin de contrôler les prix des denrées de base. Ce qui s’avérera, avec la dernière PNQ du leader de l’Opposition, une farce car ce sont les importateurs qui en ont profité au détriment des consommateurs.

Le rapport de la commission d’enquête sur l’affaire Britam est soumis au Président de la République le 4 juillet 2021. Il met en cause Roshi Bhadain alors qu’il était le ministre de la Bonne gouvernance au moment du ‘deal’, ainsi que d’autres personnes.

Le 23 juillet, Nando Bodha lance son parti, le Rassemblement mauricien. Le même jour, le bureau du DPP décide de rouvrir l’enquête judiciaire sur la mort de Kistnen, une affaire qui connaîtra de nombreux rebondissements par la suite.

Toujours fin juillet, le gouvernement apporte de nouveaux amendements controversés pour créer une ‘Horse Racing Division’ au sein de la ‘Gambling Regulatory Authority’ (GRA).

Août

Angus Road : Pravind Jugnauth réagit enfin

Le 3 août, Anil Kumar Dip prend les rênes aux Casernes centrales. Le même jour, la chaine Al-Jazeera lance un reportage sur l’intention de l’Inde d’établir une base militaire sur Agaléga, information vite démentie par le gouvernement, mais des doutes persistent.

Ce 11 août, Pravind Jugnauth répond à Roshi Bhadain dans l’affaire Angus Road, mais les explications du PM s’avèrent contradictoires et troublantes.

Le 12 août, les résultats du SC sont publiés : le critère des 5 ‘credits’ est maintenu pour pouvoir monter en HSC, et le gouvernement se montre intransigeant sur ce point.

Septembre

Navin Ramgoolam sur toutes les lèvres

Début septembre, le leader du PTr, Navin Ramgoolam est testé positif à la Covid-19, et s’envole pour des soins en l’Inde. Sa maladie donne lieu à plusieurs spéculations, les uns estimant qu’il y a un rapprochement entre le PTr et le MSM alors que d’autres pensent que le leader du PTr passerait le relais du leadership à un de ses proches. Pourtant, ni l’un ni l’autre ne s’est matérialisé.

Le 19 septembre, deux rottweilers attaquent sauvagement un homme de 42 ans dans les rues de Port-Louis. L’homme a dû subir par la suite plusieurs interventions chirurgicales tandis que le propriétaire des molosses est arrêté par la police.

Fin septembre, Air Mauritius sort finalement du régime d’administration volontaire. Des avions sont bradés pour ‘dipain diber’. Vers la même période, une super entité est créée, regroupant plusieurs compagnies aéroportuaires, avec Ken Arian, le conseiller spécial de Pravind Jugnauth, comme CEO.

Octobre

PRB, censure et contradiction

La réouverture de nos frontières a eu lieu ce 1er octobre. Le 14 octobre, le rapport du PRB est publié. Déjà, des voix s’élèvent pour demander comment le gouvernement compte financer ce rapport, qui nécessitera Rs 6,5 milliards, alors que les fonctionnaires disent, eux, rester sur leur faim.

Le 21 octobre, le GAFI prend la décision de retirer Maurice de sa liste grise.

Le 28 octobre, le gouvernement introduit le ‘Cybersecurity and Cybercrime Bill’, un projet de loi qui crée un certain malaise, étant perçu comme une censure contre les publications sur les réseaux sociaux.

Le sommet COP-26 se tient à Glasgow en Écosse du 31 octobre au 12 novembre. Le Premier ministre y participe, mais ironiquement, juste avant de s’envoler pour Glasgow, l’‘Offshore Pretroleum Bill’ est voté au Parlement. Les députés de l’Opposition et les écologistes montent au créneau et dénoncent la politique hautement contradictoire du gouvernement.

Novembre

Loi liberticide

Le 9 novembre, la ministre de l’Éducation annonce, sans que le Premier ministre par intérim ne le sache, la fermeture des établissements scolaires suite à l’augmentation du nombre de cas de Covid-19.

Fin novembre, le gouvernement vient avec des amendements liberticides à l’IBA Act, ce qui provoque un véritable tollé dans le pays, d’autant que cette nouvelle loi vise les radios privées, dont Top FM. Une Plateforme pour la liberté d’expression voit le jour et plusieurs manifestations sont organisées. Malgré tout, la loi est votée au Parlement.

Décembre

L’affaire Molnupiravir ébranle le gouvernement

Ce 1er décembre, le variant Omicron est détecté à Maurice. Le leader de l’Opposition lève le voile sur le scandale des gélules Molnupiravir. Immédiatement, le PM et le ministre de la Santé se dédouanent de tout blâme et ce seront plusieurs hauts fonctionnaires qui vont casquer dans les jours qui viennent.

Ce 8 décembre, Priya Hurdowar, la sœur de Roshi Bhadain est agressée chez elle à Ébène par son mari qui se donne la mort par la suite. À peine a-t-il eu le temps de se remettre de ce drame familial que Roshi Bhadain est arrêté pour complot dans une affaire de vol de bois datant d’au moins dix ans.

La Plateforme pour la liberté d’expression tient un rallye à succès le 11 décembre.

Pour la dernière séance parlementaire de l’année, Xavier Luc Duval soulève ce qui apparait comme un autre scandale sur les subsides versés sur le lait en poudre.

Le 19 décembre, Raj Dayal, ancien Commissaire de police et ministre décède, alors qu’il était toujours accusé dans l’affaire ‘Bal Kouler’.

Hors-texte

Une année marquée par la Covid-19 et les revendications populaires

C’est naturellement la crise sanitaire de la Covid-19 qui a marqué cette année. La notion de ‘covid safe’, c’est bien quelque chose du passé.

C’est vers mars que la 2e vague de covid-19 a commencé. Il y a eu un deuxième confinement avant qu’il ne soit enlevé, suivant la mise en place de plusieurs restrictions sanitaires. Vers le milieu de l’année, des clusters sont détectés ici et là. Des villages et des quartiers du pays sont placés en zone rouge.

Durant les derniers mois de l’année, on a assisté à une explosion du nombre de nouveaux cas de Covid-19 et de morts. Nos frontières ont été rouvertes, et des variants comme le Delta ou l’Omicron ont fait leur apparition par la suite. Les hôpitaux sont saturés tandis que le nombre de morts explose lui aussi. Au moment où nous mettions sous presse (24 décembre), il y avait au total 756 décès depuis mars. La situation actuelle est préoccupante, bien que le nombre de décès est en baisse. On ne peut pas dire que l’on termine l’année en beauté…