- Le public aussi invité à faire part de ses suggestions
Les 20 mesures phares du programme électoral de l’alliance de l’opposition PTr-MMM-ND, qui sont comme l’épine dorsale du changement supposé sauver le pays, ont été annoncées lors du meeting du 1er mai. Ces mesures suscitent l’intérêt, mais nombreux sont ceux qui se posent des questions quant à leur implémentation ainsi qu’à leur mode de financement. Au sein de cette alliance, on balaie d’un revers de main les appréhensions autour du financement, en expliquant que toutes ces mesures sont réalisables et que leur mode de financement ne devrait pas poser problème tant qu’il est bien réfléchi, calculé et si les dépenses et gaspillages gouvernementaux sont revus.
Le député Reza Uteem, l’un des responsables qui travaille sur le volet du programme électoral de l’alliance PTr-MMM-ND, nous explique, par exemple, que la gratuité des transports en commun vise à réduire le nombre de véhicules se rendant régulièrement dans la capitale, réglant ainsi le problème de la congestion routière, la pollution et la dépendance aux produits pétroliers importés, dans le but de rendre l’île Maurice plus écologique. Cela devrait également permettre aux compagnies d’autobus d’améliorer leurs services pour la population.
Selon le député mauve, cette mesure ne devrait pas représenter un coût additionnel important, car le transport est déjà gratuit pour les étudiants et les personnes âgées. Néanmoins, l’impact environnemental sera significatif, estime-t-il. En ce qui concerne l’implémentation de la stratégie pour les compagnies individuelles, Reza Uteem est d’avis qu’il existe plusieurs formules applicables. Il souligne que dans certains pays, les transports en commun sont subventionnés par la publicité, voire par des centres commerciaux. « Le financement ne devrait donc pas poser de problème, mais il est important de se concentrer sur l’impact que cette mesure aura sur la circulation et le changement qu’elle apportera pour soulager la population », dit-il.
Des mesures visant à régler des problèmes sociétaux et économiques
Le ‘menstrual leave’ est une autre des mesures phares du programme électoral qui ont été annoncées par le leader du PTr, Navin Ramgoolam. Les préoccupations de la population portent notamment sur la manière dont les secteurs publics et privés appliqueront cette mesure, quelles en seront les modalités exactes, et comment les abus seront-ils évités. Le député du MMM affirme que cette mesure vise à permettre aux femmes de prendre soin de leur santé. « Des limites seront établies pour prévenir les abus, et les modalités seront définies après consultation », explique-t-il.
Il en est de même pourle congé de maternité d’un an, dit Reza Uteem. Certains craignent que cette mesure n’entraîne des difficultés d’accès à l’emploi pour les femmes. Mais le député estime qu’il faut voir « the wider picture ». Il insiste ainsi que face au vieillissement de la population, il est impératif de prendre des mesures. Il reconnaît que de nombreux jeunes couples hésitent à avoir des enfants, car ils n’ont personne à qui confier en la responsabilité durant la journée. Le congé de maternité d’un an encouragera, selon lui, les couples à avoir des enfants. Il se réjouit même que cette mesure suscite des débats et souligne que nous avons besoin d’un ‘parental leave’ similaire à celui en vigueur dans d’autres pays. Selon lui, c’est plus de cela dont il s’agit, ce qui permettrait soit à l’épouse, soit à l’époux, de prendre des congés pour s’occuper de l’enfant.
Le député mauve souligne que ces mesures seront encadrées, pour éviter les abus et protéger les droits des employés. Il fait état d’un congé parental d’un an en option, avec des modalités et un financement à déterminer après consultation. L’objectif est de permettre aux parents de passer du temps avec leur enfant sans craindre de perdre leur emploi. Il est également souligné que cette mesure ne devrait pas être un fardeau pour les entreprises qui ne peuvent pas la soutenir. Reza Uteem insiste sur l’importance de ces mesures et sur leur objectif d’améliorer la vie de la population qui traverse des moments difficiles. Il affirme que ce ne sont pas des projets irréalisables, mais bien des initiatives concrètes visant à apporter un changement positif.
Trois Credits : Chances égales aux ‘late developpers’
Quant au retour aux trois crédits par l’alliance de l’opposition, Reza Uteem regrette que le système actuel mette en péril l’avenir de milliers de jeunes. « Il est regrettable que le gouvernement ait joué avec l’avenir des enfants du pays », dit Reza Uteem. Selon lui, si un enfant souhaite apprendre, le gouvernement doit mettre tous les moyens à sa disposition pour lui permettre de poursuivre ses études. « Il faut reconnaître qu’il existe des ‘late developpers’ dans leur développement, ou des élèves qui n’ont pas obtenu de bons résultats en Form 5. Dans de nombreux pays, les étudiants réussissent à passer les A-levels avec seulement deux matières, et certaines universités acceptent même des étudiants avec seulement deux A-levels », ajoute-t-il. Il se demande donc pourquoi briser les rêves de ces enfants qui, à l’âge de 16 ans, n’ont pas pu obtenir de qualification tertiaire.
Le député mauve estime qu’il existe de nombreux élèves qui n’ont pas réussi à obtenir les cinq crédits aux examens de Form 5, et qui ont passé les examens en privé pour décrocher les crédits nécessaires pour poursuivre en HSC. Pour lui, il n’est pas normal que ces enfants, qui n’ont pas forcément de gros moyens financiers, doivent trouver de l’argent pour payer les frais. « Il est injuste que le gouvernement brise les rêves des jeunes de 15 à 16 ans qui n’ont pas obtenu plus de trois crédits. Si un enfant souhaite poursuivre ses études malgré qu’il ait obtenu seulement trois crédits, il doit pouvoir avoir la chance de le faire. Même s’il ne réussit pas à obtenir son HSC, il en retirera tout de même des avantages, car il pourra trouver un emploi. Il ne faut pas briser ses rêves », estime-t-il.
À l’heure actuelle, Reza Uteem indique qu’un comité a été mis en place pour travailler sur ce programme, mais que d’autres propositions sont également en cours d’élaboration par les membres de l’alliance de l’opposition. Il souligne l’importance de rester en contact régulier avec les divers intervenants, et affirme que ce travail est dynamique. « Les 20 mesures actuelles ne sont pas définitives, d’autres mesures seront intégrées dans leur programme électoral qui sera présenté prochainement. Nous encourageons le public à faire part de ses suggestions pour améliorer l’avenir du pays », conclut-il.