Saisie record de drogues à Pointe-aux-Canonniers : Des connexions indirectes de certains policiers avec des barons présumés interpellent

Des saisies records de drogues qui interpellent.Des importations qui se font avec une facilité déconcertante. De puissants réseaux qui arrivent difficilement à être démantelés . La situation est explosive. Car malgré la volonté affichée du gouvernement et du Premier ministre de « casse les reins trafiquants », la réalité est tout autre. Car même si saisies spectaculaires il y en a eu ces dernières années, les barons n’ont pu être traqués et traduits devant la justice. Ce qui rend inefficace notre bataille contre la drogue. Des connexions en haut lieu ou au sein même des autorités censées lutter contre ce fléau en sont très souvent la cause. C’est ainsi que, dans le cas de la saisie record à Pointe-aux-Canonniers le dimanche 2 mai, une surveillance laxiste de cette partie de la côte nordiste est pointée du doigt.

Il faut savoir que, désormais, le trafic de drogue se fait le plus souvent par voie maritime. Car c’est le moyen le plus facile d’échapper à la vigilance des autorités. La région de Pointe-aux-Canonniers, où la livraison d’une cargaison de Rs 3, 7 milliards de drogue a été probablement faite dans le lagon avant qu’elle ne soit transférée et enterrée sur un terrain des Gurroby, est entouré de deux postes de police, soit celui de la localité lui-même et de l’autre, la station de Grand-Baie, où d’ailleurs l’un des trois bateaux des Gurroby est domicilié, plus précisément en face du bungalow d’un puissant proche du régime. Or, ces deux postes de police sont, selon nos informations, soit dirigés par ou qui ont des affinités et des connexions avec des personnes soupçonnées d’être liées au trafic de drogue. Simple hasard ?

Le poste de police de Pointe-aux-Canonniers est sous la charge d’un Inspecteur de police qui était précédemment responsable de la défunte « Anti Robbery Squad ». Or, le policier de 40 ans arrêté dans le cadre de la saisie de drogue à Pointe-aux-Canonniers faisait justement partie de cette équipe où il assumait le rôle de « Field Intelligence Officer » avant d’être parachuté à la SSU après le démantèlement de l’« Anti Robbery Squad ». Ce qui sous-entend que ce policier suspect avait possiblement ses entrées et sorties du poste de police de Pointe-aux-Canonniers. Cela ne veut pas nécessairement dire qu’il y a eu connivence pour que cette station ferme délibérément les yeux sur des activités illicites dans cette localité tombant sous sa supervision. Néanmoins, la question taraude bien des esprits, comme nous l’a prouvé une petite enquête sur le terrain.

De l’autre côté, le poste de police de Grand-Baie est administré par un « Assistant Superintendent of Police » (ASP) connu pour avoir déjà assisté, en avril 2015, à un anniversaire bien arrosé de Sada Curpen, dont le nom est souvent cité dans des affaires de trafic de drogues et qui était censé être sous couvre-feu pendant la nuit à cette époque. Ce cadre de la police venait alors d’être nommé « Sergent-at-Arms ». Il avait pu s’en sortir sans difficulté après avoir été formellement interrogé par le Central CID. Ce frottement avec un trafiquant présumé de la drogue lui colle cependant toujours à la peau.  D’où la perception, justifiée ou pas, que la police de Grand-Baie a fait preuve de laxisme dans la surveillance des transactions louches dans cette région côtière huppée où la drogue et la prostitution ont pignon sur rue. Pour la petite histoire, ce même officier avait d’ailleurs été parmi l’un des premiers enquêteurs à se pointer sur le lieu où le corps partiellement calciné de Soopramanien Kistnen avait été retrouvé.

Avant cette grosse saisie de drogue de Rs 3, 7 milliards, l’on se demande combien de cargaisons de produits stupéfiants ont filé à travers les mailles par manque de vigilance ou de complicité et de malhonnêteté d’une poignée d’officiers véreux, comme le cas de cet élément suspect de la SSU, pourtant rémunérés avec l’argent des contribuables à chaque fin de mois pour veiller à l’intérêt de la nation. La lutte contre le trafic de drogue et la mafia ne pourra pas se faire sans un nettoyage de fond en comble des services policiers. Dommage que les enquêtes policières ne s’orientent généralement pas – ou sinon que très rarement – sur des cas possibles de laxisme dans la surveillance policière, surtout dans certaines zones à risque.