Special Striking Team, SWAT à la mauricienne ?

Elle vient à peine d’être formée, mais cette nouvelle unité, connue comme la ‘Special Striking Team’, fait déjà parler d’elle. Le vendredi 19 août dernier, les enquêteurs attachés à cette unité ont perquisitionné le domicile de la compagne d’Akil Bissessur à Palma, Quatre-Bornes. Sur place, se trouvait l’avocat et sa compagne Doomila Moheeputh, plus connue comme Sweety. Selon la police, 52 grammes d’une substance soupçonnée d’être de la drogue synthétique avaient été retrouvées. Et mercredi dernier, un rapport du ‘Forensic Science Laboratory’ (FSL) a confirmé qu’il s’agit bel et bien de cannabis synthétique. L’affaire est actuellement en cour, entourant les motions pour leur remise en liberté conditionnelle. Mais qui sont les hommes de cette unité et quel est leur but spécifique ?  

La majorité des effectifs sont affectés à cette nouvelle unité depuis le 3 août dernier. Elle est dirigée par l’Assistant Surintendant de Police (ASP) Ashick Jagai, un ancien de l’‘Anti Drug and Smuggling Unit’ (ADSU). Fraîchement promu ASP, il a quitté l’ADSU de la Central Division, pour atterrir aux Casernes centrales, à la tête de la ‘Special Striking Team’ (SST).  Il répond directement au Commissaire de police, Anil Kumar Dip concernant ses opérations et ses sorties. Depuis qu’ils sont en action, les limiers de la SST ont déjà procédé à cinq saisies de drogue, dont la dernière remonte à mercredi dernier à Batterie-Cassée, où l’équipe a mis la main sur 1,5 kilos de drogue synthétique, évaluée à Rs 7 millions.

Sur les réseaux sociaux, il y a eu pas mal de critiques contre cette équipe concernant sa façon d’intervenir sur le terrain. « Ti croire ene gang ine desan, façon ki ti pe trouve zot pe crazé la », commentent certains internautes. D’ailleurs, au moment de l’intervention de la ‘Special Striking Team’ au domicile de Doomila Moheeputh, des voisins avaient appelé la police de Quatre-Bornes en renfort, croyant que ce sont des individus, et non des policiers, qui faisaient voler en éclat les panneaux des vitres et qui avaient enfoncé la porte principale de la maison. En arrivant sur les lieux, les policiers sont tombés sur leurs collègues. Et après quelques minutes, ils ont quitté les lieux, tandis qu’Akil Bissessur et sa compagne Doomila Moheeputh ont été embarqués pour être conduits aux Casernes centrales.

Pourquoi cette unité ?

Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les raisons de la création de cette unité, alors qu’au sein de la force policière, il existe déjà bon nombre d’équipes, comme la ‘Field Intelligence Office’ (FIO), le ‘Criminal Investigation Department’ (CID), l’‘Anti Drug and Smuggling Unit’ (ADSU) et la ‘Special Cell’ de la ‘Special Supporting Unit’ (SSU). D’ailleurs, le chef-inspecteur Rajcoomar Seewoo, qui vient également d’être promu et qui dirige la cellule spéciale de la SSU, est jugé très proche de l’ancien Commissaire de police, Mario Nobin. Cette unité a tous les moyens nécessaires pour opérer, provoquant même la colère d’autres unités. « La nuite li zour nous lors terrain, pe faire gros l’enquête, moyen ki bizin pena, mais banne la zotte pe gagne bel bel loto, motocyclette et revolver Glock dans le rein, nous nous bizin attan », se plaint un policier. Il est d’avis que la création de nouvelles unités au sein de la force policière va créer davantage de frustration.

Depuis que la SST est en opération, nombreux sont les politiciens qui surveillent les moindres faits et gestes des policiers qui y sont affectés. « Pas croire zis zotte ki pe veiller, nous aussi nous pe get bien ki pe passé et nous pas pou hésité pou dénoncé quand bizin, nous zis esperer ki pas finne met sa zis pou veille politiciens », explique un politicien.

« Trafiquants la drogue, mafia et voler ki bizin peur nous »

Mais c’est un autre son de cloche parmi la vingtaine de policiers qui travaillent au sein de la ‘Special Striking Team’ (SST) depuis début août. La plupart de ces policiers étaient auparavant postés à l’ADSU et à la force régulière. « Banne dimoune honnêtes pena pou peur nous, nous la pou zot, la nuite li zour nous pou lors coltar », confie un membre de cette unité. Il explique que depuis qu’ils sont en opération, ils ont déjà fait quatre arrestations pour trafic de drogue. Il affirme qu’ils ne sont pas en compétition avec l’ADSU, mais qu’ils travailleront en étroite collaboration avec leurs collègues de cette unité pour finir avec la mafia de la drogue. D’ailleurs, le responsable de l’unité, l’ASP Ashick Jagai, est connu pour ses opérations anti-drogue et les grosses saisies. De ses 33 ans passés au sein de la force policière, il a passé 30 ans au sein de l’ADSU. 

Certains enquêteurs n’hésitent même pas à qualifier la ‘Special Striking Team’ comme une SWAT à la mauricienne. D’autant qu’elle est appelée à faire des interventions musclées et mener des enquêtes parallèlement. Les policiers de cette unité nient toutefois que celle-ci a été créée pour surveiller des politiciens, des journalistes ou des opposants du gouvernement. 

La nuit du 19 août à Palma

L’arrestation d’Akil Bissessur demeure pour l’heure la plus grosse affaire traitée par cette unité. Des sources au sein de la SST expliquent qu’Akil Bissessur était dans leur collimateur pour soupçons de trafic. Et ce soir-là, il a été suivi par une équipe. Vers 22h12, l’assaut a été donné à Palma. Huit policiers étaient présents lors de cette opération, alors que d’autres sont arrivés plus tard. L’affaire est devant le tribunal de Bambous, présidée par la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnauth. Me Sanjeev Teeluckdharry, principal avocat d’Akil Bissessur, a affirmé qu’il y a de nouveaux développements dans l’affaire car jusqu’ici, la police lui a déjà adressé 99 questions. Une affaire à suivre…