Un plan structuré pour le tourisme réclamé

Lettre ouverte au ministre du Tourisme

Le Président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs, Suttyhudeo Tengur a adressé une lettre ouverte au ministre du Tourisme, Joe Lesjongard. Dans sa lettre ouverte, il a pointé le doigt qu’il n’y a aucun plan pour relancer le secteur du tourisme, entre autres. Il demande un plan bien structuré qui provient spécifiquement du secteur hôtelier/touristique, avec le support du gouvernement. Pour ces deux secteurs, il insiste à une adaptation, aussi bien qu’à une nouvelle vision et à une nouvelle qualité de service.
Voici la lettre :

Pandémie v/s Tourisme
Un plan bien structuré pour parer à une décroissance
C’est encore une valse d’hésitation pour la relance du secteur touristique de l’île Maurice. Jusqu’ici il n’y a aucun plan bien élaboré à court et moyen termes pour remettre ce secteur sur les rails.

À entendre le directeur de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA), Arvind Bundhun, la reprise touristique se fera en deux phases : d’abord favoriser les touristes régionaux de l’Afrique du Sud, la Réunion et les Seychelles et dans un deuxième temps, avec l’ouverture probable internationale du trafic aérien à partir du 1er juillet, l’île Maurice partira à l’assaut des marchés européens dont l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche. Si l’on juge par la légèreté de cette approche, on se rend compte que notre secteur touristique n’ira pas loin.
Dans une analyse pointue en date du 7 mai dernier, Moody’s Investors Service souligne le rôle porteur du tourisme à l’économie et fait le constat qui suit :
« The rapid global spread of the coronavirus pandemic, deteriorating economic outlook, falling oil prices and financial market volatility are creating a severe and extensive credit shock across many sectors, regions and markets. The combined credit effects of these developments are unprecedented. For the Mauritian sovereign, the main credit exposure is through the tourism sector, which plays a large part in the economy and external accounts. A broadening of the global economic crisis into a global financial crisis would further deepen the impact on the Mauritian economy by slowing capital inflows and tightening financial conditions. We expect Mauritius’ economy to contract by 4.1% in 2020, marking the first annual contraction in output since 1980. However, the trajectory for growth and the pace of any recovery will depend on the success of containment measures both in Mauritius and globally. The main impact of the coronavirus on the Mauritian economy is through the tourism sector, which will suffer as a result of containment measures and travel restrictions imposed around the world. Tourism directly accounted for around 7% of GDP in 2019. When including indirect contributions from other industries such as transport, accommodation and food services, tourism accounted for approximately 24% of GDP, 22% of employment and 35% of export receipts. »
La projection à court terme pour ce secteur est marquée par un certain pessimisme par Moody’s, qui note que : « Even under our baseline scenario, where Mauritius and key source markets successfully contain the coronavirus pandemic in the second quarter of 2020, we expect tourist arrivals to decline by at least 35% this year. The recovery in tourist arrivals in 2021 will depend on how well the coronavirus is contained globally and on the severity of the economic contraction in key source markets. Even with a recovery in tourist arrivals in 2021, it will take several years for tourist arrivals to return to the levels seen in 2019. »
Face à ces prévisions sombres pour dire le moins, il ne suffit pas de certaines déclarations à la va-vite. Il faudra un plan bien structuré provenant spécifiquement du secteur hôtelier/touristique et qui devra avoir le support du gouvernement. Les hôtels ne peuvent se plaindre d’un manque de financement car ce secteur a engrangé d’énormes profits – par milliards – durant ces quelques dernières années avec l’arrivée de près d’un million de touristes annuellement.
Le secteur touristique, particulièrement le secteur hôtelier doit se réinventer pour s’adapter aux nouvelles circonstances créées par la pandémie Covid-19. Il faudrait une nouvelle vision et une nouvelle qualité de service qui tiendra en rigueur les protocoles sanitaires afin d’éviter toute recrudescence de cette pandémie dans le pays.
Si le secteur touristique ne peut se réinventer, alors il n’a qu’à copier-coller l’exemple des Maldives – pays concurrent de Maurice dans ce domaine – où tout un système est mis en œuvre pour remonter la pente. Il suffit d’un peu de bon sens pour saisir les opportunités nouvelles.