Vente des joyaux immobiliers de l’ex-BAI : Crainte d’une braderie au profit des proches de Lakwizinn

Le « National Property Fund Ltd » (NPFL) a relancé, cette semaine, les procédures visant à vendre plusieurs propriétés appartenant à l’ex-BAI. Cet exercice avait été enclenché au début du mois de mars, mais avait dû être mis ‘on hold’ en raison du confinement. Ces emplacements devraient trouver preneurs rapidement puisqu’ils se situent dans des endroits hautement stratégiques, notamment dans la capitale et à Curepipe, Rose-Hill et Flic-en-Flac. C’est à travers des annonces publicitaires dans la presse que le NPFL cherche des acquéreurs qui doivent faire part de leur intérêt à la compagnie directement, soit en appelant soit par voie courriel.

Au total, neuf propriétés, dont des terrains, des bâtiments commerciaux, des bureaux ainsi qu’un appartement, sont concernées par cette vente. Elles se trouvent à Galleries Evershine à Rose-Hill, Le Manhattan à Curepipe, ex-Ireko House à Montebello, Pailles Junction Road et à la Résidence Montagne Rouge à Flic-en-Flac. Des biens situant à Port-Louis sont aussi à vendre. Ils concernent certains étages aux Labourdonnais et Stratton Courts, un immeuble de six étages à l’angle des rues Ollier et Bourbon ainsi qu’un bâtiment de trois étages à l’angle des rues Louis Pasteur et La Reine.

Ces actifs, apprenons-nous de source fiable, étaient très convoités par des proches de Lakwizinn. Il y a ainsi une crainte que ces ‘immovable properties’ ne soient liquidées comme l’ont été tant d’autres suivant le démantèlement du groupe BAI. Rappelons que Courts, Iframac, la clinique Appollo et des actifs de Britam Kenya, entre autres, avaient été vendus à des prix jugés nettement inférieurs à leur valeur réelle. La vente de Britam Holdings Ltd (Kenya) s’était d’ailleurs retrouvée au sein d’une controverse. La commission d’enquête instituée par le gouvernement en mai 2017 pour faire la lumière dessus n’a toujours pas livré ses secrets presque quatre ans plus tard.

Des proches du régime actuel figurent également parmi ceux qui avaient joui de cette braderie des biens de l’ancien empire de Dawood Rawat. À ce titre, Monsieur ‘Pas met dilwil dans zorey’ Bissoon Mungroo s’était démarqué. Il avait été l’un des heureux bénéficiaires, tout comme pendant le confinement de l’année dernière quand il avait fourni des masques au gouvernement grâce à l’« emergency procurement ». Il avait pu ainsi faire l’acquisition de 43 véhicules d’Iframac pour la somme dérisoire de Rs 6, 5 millions. Mais n’ayant pu finalement décaisser ce montant, la saisie de ces véhicules avaient été ordonnée par l’administrateur Yacoob Ramtoola.

D’ores et déjà, certains appréhendent qu’il n’y ait une opacité concernant la vente de ces propriétés. Le fait qu’il n’y ait pas eu d’« expression of interest » alimente cette méfiance et fait croire qu’il se pourrait qu’il y ait une autre dilapidation des biens de l’ex-BAI au profit de ceux qui gravitent autour de Lakwizinn. La démarche du NPFL est donc suivie de très près…

Les détenteurs du SCBG et BAM enfin remboursés ?

Les détenteurs du « Super Cash Back Gold » (SCBG) et du « Bramer Assets Managemen Ltd » (BAML) seront-ils enfin remboursés ? Plus d’une soixantaine d’entre eux attendent toujours d’être fixés sur leur sort alors que le gouvernement avait promis, à la veille des dernières élections générales, de les rembourser en décembre 2019. Tel n’a pas été le cas jusqu’ici. Au Parlement en mai 2020, le ministre Mahen Seeruttun avait révélé qu’il reste une somme de Rs 245 062 109 à être déboursée. 55 détenteurs du SCBG et 18 investisseurs du BAML sont concernés. Il avait aussi indiqué que ce n’est qu’après la vente des propriétés de l’ex-BAI, transférées au NPFL, que l’exercice de remboursement aurait lieu. Les procédures avaient déjà été enclenchées, avait-il dit, sauf que ce n’est que maintenant que des biens immobiliers ont été mis en vente.

Rs 11, 9 milliards injectées dans le NPFL

Un fonds de Rs 11, 9 milliards avait été injectés par le gouvernement dans le NPFL en septembre 2020. C’est ce qu’a révélé le ministre des Finances Renganaden Padayachy lors des débats sur le ‘Supplementary Appropriation Bill (2020-2021)’ le 27 avril dernier. « Rs 11.9 billion had been advanced in September 2020 from the Consolidated Fund to the NPFL to – (i) settle its immediate debt obligations amounting to Rs 7.9 billion, and (ii) inject capital of Rs 4 billion in the National Insurance Company Ltd for the financial restructuring of the company. The sum of Rs 11.9 billion is now being appropriated under the Vote 27-1: Centrally Managed Initiatives of Government to clear that Advance », a-t-il expliqué.

Ces Rs 11, 9 milliards représentent d’ailleurs la part du lion de l’enveloppe additionnelle de Rs 17 milliards que les parlementaires ont été appelés à voter sous le ‘Supplementary Appropriation Bill (2020-2021). Ce qui a poussé le député mauve Reza Uteem à faire une sortie en règle contre le gouvernement qui avait soutenu, au début de l’affaire BAI, que des fonds publics ne seront pas utilisés pour rembourser les victimes de l’ex-BAI. Il va même plus loin. « We have to add to that Rs11.9 billion, some Rs3.5 billion advanced by the Bank of Mauritius in June 2016! And we have to add Rs6 billion already injected by Government in MauBank, which is a merger between Bramer Bank and NPCB. So, if we take Rs11.9 billion, plus Rs3.5 billion of Bank of Mauritius, plus Rs6.6 billion of MauBank, that gives us Rs21.5 billion. The mismanagement of BAI has cost us, taxpayers, Rs21.5 billion, so far! ».

Shakeel Mohamed: “The MSM has got blood on their hands”

Intervenant sur le ‘Supplementary Appropriation Bill (2020-2021)’ cette semaine, Shakeel Mohamed a fait une sortie en règle contre le gouvernement dirigé par le MSM sur l’affaire BAI, en posant une série de questions pertinentes. « This Government, led by Sir Anerood Jugnauth, with the Prime Minister here in that Government, all the Ministers of the first Government of MSM since December 2014, had decided that they would loot that Group for political reasons, and nothing else. Is it strange? How is it that the Minister of Finance does not talk about it today? How is it that until today, not a single person has been prosecuted or found guilty, not even prosecuted for the supposed and false allegations that the former Prime Minister was making against the administration, the officers of the BAI Group? How is it that all that was being said was Ponzi Scheme but not a single person has ever been prosecuted for this matter; not a single Court has entertained a case; the DPP has not entertained a case; the former Prime Minister, Sir Anerood Jugnauth, said there is no case against 14 officials of the BAI Group and, today, we are, therefore, coming to mop up the mess created by the predecessor of this Prime Minister who happens to be, not coincidence, his father and the former Leader of the MSM? The MSM has got blood on their hands! That is a fact! ».

Pravind Jugnauth: “We do not regret…”

Donnant la réplique aux membres de l’Opposition qui ont accusé le gouvernement d’avoir mal géré le dossier BAI lors du ‘Supplementary Appropriation Bill (2020-2021)’, le Premier ministre a dit de façon catégorique qu’il ne regrette pas la décision prise par le gouvernement. « At the outset, I wish to highlight that as a Government, we do not regret our decision in 2015 to unveil the biggest Ponzi Scheme this country has ever witnessed, with billions of investors’ money siphoned through a master-minded structure to the benefit of BAI’s ultimate beneficial owner, family and friends », a argué Pravind Jugnauth, oubliant, dans la foulée, qu’il n’y a jamais eu de poursuites concernant les allégations de ponzi.