Virevolte de l’ICAC : « Li même poursuive, li même défane ! »

Pour quelles raisons l’ICAC a-t-elle changé son fusil d’épaule dans l’affaire Medpoint ? La commission anti-corruption avait elle-même poursuivi Pravind Jugnauth, en sa capacité d’ancien ministre des Finances en 2010, pour conflit d’intérêts dans l’achat par l’État de la clinique MedPoint. Elle avait d’ailleurs remporté son procès en Cour intermédiaire le 30 juin 2015. La Cour suprême avait toutefois cassé ce jugement le 25 mai 2016. Le Directeur des Poursuites Publiques (DPP) a ainsi fait appel contre l’acquittement de Pravind Jugnauth au Privy Council.

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La position initiale de l’ICAC
Changement de position de l’ICAC

Dans une première correspondance adressée au Judicial Committee du Privy Council le 6 février 2018, l’ICAC, Co-Respondent dans l’affaire, avait signalé son intention de ne pas déposer devant le Privy Council. Sultan Sohawon, le ‘Solicitor Agent’ de l’ICAC, avait soutenu que « ICAC will abide by the decision of the Board of the Judicial Committee of the Privy Council in the above matter […] I am, therefore, praying for leave on behalf of Counsel to be dispensed from appearing before the Board ». Or, dans une autre correspondance adressée à cette même instance, le même Sultan Sohawon devait soutenir : « After further consideration of the matter, the ICAC has decided to revise the stand to abide by the decision of the Board. It will now offer submissions in the case »

Dans sa soumission, l’ICAC, par l’entremise de son avocat Me Stuart Denney, donne raison à la décision de la Cour suprême d’acquitter Pravind Jugnauth. Et ce, alors qu’elle avait elle-même poursuivi initialement l’actuel Premier ministre en Cour pour conflit d’intérêts. Une position contradictoire surprenante à plus d’un titre !