Adilla Mosafeer, fondatrice de Talent Lab : « Les jeunes chercheurs d’emploi veulent être valorisés »

Adilla Mosafeer, la fondatrice de Talent Lab, agence des ressources humaines et de recrutement bien connue, aborde avec nous son parcours, tout en élaborant sur les attentes des jeunes Mauriciens en quête d’emploi.

Adilla Diouman Mosafeer vous est certainement connue si vous êtes dans le domaine des ressources humaines. Âgée de 44 ans,  et résidant à The Mount, dans les parages de Pamplemousses, elle est aujourd’hui la gérante de Talent Lab, une entreprise dans le management et le recrutement. Elle est aussi la fondatrice de HR Café, un ’think tank’ où des innovateurs, des entrepreneurs et des gestionnaires se réunissent autour d’un thème par rapport à tout ce qui est ‘People and Organisation’ et discutent d’améliorations et de mesures qui pourraient être mises en place pour un meilleur rendement, produit ou service.

« Par exemple, des discussions sur le ‘gender pay gap’ ou encore sur la ‘cybersécurité’ ont été tenues, y compris l’adaptation des mesures y relatives, à diverses organisations », nous explique Adilla Mosafeer. Notre interlocutrice est une personne polyvalente, et aime faire plusieurs choses à la fois : elle est toujours au four et au moulin quand il est question d’entreprendre, d’innover et de coacher. Elle agit ainsi comme le mentor d’autres femmes entrepreneures et forme les jeunes dans plusieurs activités entrepreneuriales.

Adilla Mosafeer est titulaire d’un ‘Bsc (Honours) in Economics’ de l’université de Maurice. Durant ses années d’université, elle a eu l’opportunité de faire un stage au sein du ‘Mauritius College of the Air’(MCA), ce qui lui par la suite permis de travailler comme présentatrice à la radio sur une base ‘freelance’. Elle a ensuite été nommée comme ‘Training & Marketing Manager’ au ‘Professional Training Centre’ (PTC) pour une durée de 4 ans.

Par la suite, elle a occupé les fonctions de ‘Registry Master’ et d’‘Examination Services Manager’ du ‘British Council’ pendant quatre ans, avant d’être promue comme ‘Deputy Director’ de cette institution. C’est là qu’elle a été amenée à agir comme directrice des ressources humaines en ce qui concernait les employés du ‘British Council’. « C’est à partir de là que j’ai tout appris sur les ressources humaines. J’ai obtenu une grande expérience dans ce domaine, pour lequel j’ai eu un grand engouement », nous explique-t-elle.

La covid-19, un ‘learning point’

Après avoir travaillé pendant plusieurs années au sein du ‘British Council’, elle a voulu du changement. C’est ainsi qu’elle a créé sa propre entreprise, le ‘Talent Lab’, ensemble avec son époux, qui est lui aussi dans le domaine des ressources humaines. « J’étais grandement chanceuse vu que mon mari était déjà dans ce domaine. Il m’a ainsi rejoint pour mettre sur pied cette entreprise que je gère aujourd’hui, et qui offre des services relatives aux ressources humaines aux clients », nous dit-elle.

Au fil du temps, Talent Lab a connu une progression certaine. Aujourd’hui, c’est une entreprise indépendante qui traite plus de 600 dossiers par mois, en termes de ‘payroll’ et de gestion. La compagnie a des clients dans pratiquement tous les secteurs. Talent Lab agit aussi comme agence de recrutement. Adilla Mosafeer, comme directrice de Talent Lab, promeut personnellement les jeunes entrepreneurs dans le domaine des ressources humaines.

« Mon plus grand défi a été de pouvoir m’adapter comme cheffe d’entreprise. Lorsque vous travaillez pour une entreprise, tout est paramétré et vous n’avez qu’à suivre. Mais lorsque vous êtes entrepreneure, c’est à vous de prendre les décisions. Au début de la création de Talent Lab, le plus difficile était de gérer les fonds de la compagnie, tout en se forgeant une place comme entreprise viable », explique-t-elle. « Être entrepreneure, est ‘challenging’. Il y a beaucoup de défis à relever. Mais en temps et lieu, vous aurez cette satisfaction personnelle d’avoir érigé quelque chose qui a du potentiel. C’est ce qui vous motivera pour aller plus loin. L’engouement d’être à la tête de cette entreprise vient aussi de ma passion pour les ressources humaines. »

Y a-t-il eu des moments où elle s’est découragée ? « Le découragement était bien là à  certains moments. Ce n’était pas en raison des personnes mais plutôt des diverses situations qui surgissaient. Des fois, c’est compliqué d’être entrepreneure et d’avoir son propre business. Il faut tout gérer de A à Z », dit-elle. Qui plus est, l’arrivée de la pandémie de covid-19 a chamboulé le domaine des ressources humaines. « Les deux dernières années ont été très difficiles pour la Talent Lab », renchérit Adilla Mosafeer.

« Avant la pandémie, on était dans un élan de construire et de préserver les talents. Mais durant la pandémie, nous sommes entrés dans un ‘survival mode’. Il y avait beaucoup de clients qui ne pouvaient plus opérer. Là, on a adapté notre service pour leur montrer comment préserver les emplois », indique-t-elle. « C’était l’un des plus grand défis pour la compagnie et pour moi-même, car il fallait faire preuve de résilience. Mais nous avons appris à gérer la situation. C’était dur mais on a pu garder la tête hors de l’eau. Il faut tout le temps être pragmatique et persévérer dans la vie », affirme-t-elle.

Où vous situez-vous dans dix ans ? « Talent Lab est sur la bonne voie. On apporte toujours plus de changements au sein de sa compagnie. Mais on aimerait gagner plus de visibilité sur le marché et on espère consolider nos liens avec des firmes étrangères », explique Adilla Mosafeer. Talent Lab est en ce moment même en consultation avec quatre firmes internationales. Dans dix ans, elle pense que sa compagnie sera à « un niveau extraordinaire. »

« Il faut savoir que les jeunes ont des valeurs différentes, et que leurs attentes sont différentes. Les jeunes veulent être valorisés. Ils veulent que nous soyons à leur écoute. Ils veulent qu’on écoute leurs opinions en ce qui concerne le processus de ‘decision-making’. Ils ne veulent pas d’un environnement de travail ‘militarisant’ mais veulent trouver une voie de collaboration entre eux et l’entreprise. Il est grand temps que les recruteurs et la direction des entreprises prennent tout cela en considération », dit-elle.