Affaire Peter Uricek : Le Bureau du Premier ministre joue-t-il sur les mots ?

Dans un communiqué en date du 30 avril 2022, le Bureau du Premier ministre est revenu sur l’affaire Peter Uricek. Le communiqué a tout d’abord fait ressortir qu’au moment de son arrestation le 26 avril, Peter Uricek se trouvait sous le coup d’une ‘Red Notice’ de l’Interpol, qui faisait état que Peter Uricek était recherché par les autorités slovaques pour divers délits graves, dont association de malfaiteurs et trafic de drogue.

Le communiqué explique qu’en 2019, Peter Uricek avait reçu une ‘Occupational Permit’ pour une période de 3 ans, pour travailler au sein d’Euro-Cola (Mauritius) Ltd, une entreprise qui s’est finalement  révélée comme une compagnie écran. Le communiqué indique aussi qu’au moment de son arrestation, le Slovaque faisait l’objet d’une procédure d’extradition devant la Cour de district de Port-Louis.

Toutefois, vu que son ‘Occupational Permit’ était arrivé à échéance le 18 avril 2022, et vu qu’il faisait l’objet d’une notice rouge d’Interpol, le Bureau du premier ministre s’était appuyé sur l’Immigration Act,  qui donne au ministre de tutelle une discrétion absolue de révoquer le statut de résident ou l’‘Occupational Permit’ d’un étranger si cela est dans l’intérêt public. Le Bureau du Premier ministre maintient que cette procédure était indépendante de la procédure d’extradition engagée contre Peter Uricek.

Le 26 avril, en présence des autorités slovaques qui étaient venues arrêter Peter Uricek sur le sol mauricien, une injonction intérimaire émanant de la Cour suprême a été servie au Passport & Immigration Office (PIO) et au PMO, entre autres entités, aux alentours de 14 h 15, qui leur interdisait de déporter Peter Uricek ou de l’extrader avant la conclusion de la procédure d’extradition engagée contre lui.

Toutefois, le PMO maintient dans son communiqué que Peter Uricek n’était pas déporté sous le Deportation Act, et qu’il n’était pas en train d’être extradé sous l’Extradition Act. Le communiqué soutient aussi que le ‘removal’ de Peter Uricek n’était pas effectué par l’État mauricien ou ses préposés, mais par les autorités slovaques, avec l’assistance de la police mauricienne.

Le communiqué maintient que « It is here important to stress that, at no material time, was there any Supreme Court Order against the Police ”, et ajoute qu’aucune  institution n’a jamais fait fi d’un ordre de la Cour suprême. Le communiqué fait finalement ressortir qu’on a fait obstruction à la police alors qu’elle livrait Peter Uricek aux autorités slovaques et que des enquête sont actuellement diligentées pour déterminer s’il y a responsabilité criminelle des personnes impliquées dans cette tentative d’obstruction.

Hors-texte

« Le PMO veut noyer le poisson dans l’eau »

Toutefois, Dev Jokhoo, ancien patron du National Security Service (NSS), soutient que le PMO veut noyer le poisson dans l’eau. Il réaffirme que cette ‘removal’ n’est pas justifié, vu qu’on aurait pu surseoir à cette démarche pour permettre aux cours de justice mauriciennes de se prononcer sur cette affaire. Il dit aussi son étonnement que le juge Iqbal Maghoaa, qui a émis l’injonction, n’ait pas encore convoqué le Commissaire de police et le PIO pour outrage à la cour.