Alors que le tourisme reprend… Les hôtels contraints de se tourner vers des travailleurs étrangers

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Le secteur du tourisme, l’un des principaux piliers de l’économie mauricienne, commence à prendre son essor après avoir été mis KO par la pandémie de covid-19. Mais ce secteur fait face à une grave crise en ce qui concerne le recrutement de son personnel : en effet, les jeunes Mauriciens préfèrent se tourner vers les bateaux de croisière, qui leur offrent des salaires plus attrayants.

Pour la période de janvier à août 2022, il y a eu 557 245 touristes qui ont foulé le sol mauricien, selon les chiffres de ‘Statistics Mauritius’ en date du vendredi 9 septembre. Ce qui indique clairement que le secteur touristique redémarre, après avoir été mis KO par la pandémie de covid-19. En outre les hôtels ont commencé à réembaucher. Néanmoins, la situation ne semble pas prometteuse car les jeunes Mauriciens boudent le secteur touristique.

Selon Ajay Jhurry, président de l’association des tour-opérateurs, « l’état d’esprit des jeunes Mauriciens pour retourner dans le secteur du tourisme a changé ». Il fait rappeler combien notre industrie du tourisme a été vulnérable face à la pandémie de covid-19. Mais dorénavant, il y a un plus gros problème, nous a expliqué Ajay Jhurry, c’est que nos jeunes boudent le secteur du tourisme et préfèrent aller travailler sur les bateaux de croisière. Il explique que les jeunes veulent un emploi stable et sécurisé. « Espérons qu’avec le temps, le secteur du tourisme inspirera confiance aux jeunes pour qu’ils voudront l’intégrer », souhaite Ajay Jhurry.

Même si le tourisme reprend vie doucement, avec les hôtels qui recrutent, il y a ainsi un manque de main-d’œuvre sur le marché. « Les jeunes Mauriciens sont en grande manque et c’est ça le gros problème en ce moment », selon le directeur-général de Maritim Hotels, Kunal Ghurbhurrun. Ce dernier nous explique qu’il y a bien des jeunes ‘school leavers’ qui postulent pour des postes comme serveurs ou réceptionnistes, entre autres. « Nous avons des jeunes qui ont terminé leurs études. Nous faisons avec, et nous leurs offrons une formation », nous explique-t-il. Toutefois, après avoir acquis une certaine expérience à l’hôtel pendant six à huit mois, ils partent ensuite travailler sur les bateaux de croisière. « Ce n’est pas un secret que les bateaux de croisière offrent des salaires plus attrayants », lance Kunal Ghurbhurrun.

Ce dernier nous explique que pendant le processus de recrutement des jeunes, on leur propose des offres attrayantes, mais en vain. Ce qui fait que l’hôtel n’a autre choix que d’embaucher des travailleurs étrangers, notamment depuis l’Inde. « Nous nous sommes affiliés avec les écoles hôtelières indiennes. Ces derniers nous envoie entre 15 et 20 stagiaires sur une période de rotation de 6 mois », nous confie Kunal Ghurbhurrun. Il est toutefois d’accord que travailler dans le secteur hôtelier, « c’est tout sacrifier, la famille, le temps et même les congés publics », ce qui fait que certaines jeunes Mauriciens ne veulent pas trop s’engager dans ce secteur.

 « Les salaires reçus sur les bateaux de croisière sont incomparables »

Nitesh est un jeune Mauricien de 26 ans. Cinq ans de cela, il a débuté sa carrière sur les bateaux de croisière du groupe Royal Carribbean. Il travaillait auparavant à Maurice dans le secteur hôtelier mais le salaire n’était pas suffisant à la fin du mois. « Kan arrive la fin du mois, kuma dir ou fine travay pou di pain di berre », lache-t-il. Toutefois, il nous explique que travailler sur un bateau de croisière est difficile. Selon lui, il faut travailler entre 11 et 12 heures par jour pendant 7 mois, sans aucun congé. Mais ce qui l’a poussé à opter pour ce type d’emploi est le gros salaire qui y va avec. « Sa la paye ki gagner lor croisière, pa kapav mem compare li ar saki gagner Moris », nous dit ce jeune homme. 

Malinee, mère d’une fille, a commencé à travailler sur les bateaux de croisière à l’âge de 25 ans. Elle nous explique qu’au début, c’était très dur de travailler sur les bateaux de croisière. Elle a pris du temps pour s’adapter avec les conditions de travail. Néanmoins, elle est restée car le salaire qu’elle recevait à la fin de chaque mois en valait la peine.