BILLET Veena Ramgoolam : une Lady,mais pas Lady Macbeth

Flashback :                 Le 2 juillet 2022 à Bois Marchand, Pravind Jugnauth disait ceci : « Seki mo trouve vraiment regrettab […] zot dessane aussi bas pou commence attaque mo madame, mo zenfants. Sa mo laisse la population juge sa kalité propos de bane dimoune pareils ».

Fast-forward :            Le 26 juillet à l’Assemblée nationale, le même Pravind Jugnauth, répondant au député Kenny Dhunoo sur le déplacement médical de Navin Ramgoolan en Inde, affirme : « It is in fact his (ndlr : Navin Ramgoolam) wife who phoned me, seeking Government assistance ».

La différence de traitement, vous l’aurez noté. Quand il s’agit de son épouse, cela fait bien évidemment mal à Pravind Jugnauth quand référence est faite à sa chère Kobita. Car aux yeux du Premier ministre, sa douce moitié mérite le respect. Même si celle-ci s’immisce indécemment dans les affaires d’État qui ne la regardent pas. Même si elle tire les ficelles du gouvernement dans l’ombre de Lakwizinn qu’elle dirige. Mais Pravind Jugnauth oublie immédiatement toute notion de respect, de décence et d’humanité quand cela concerne l’épouse d’un ancien Premier ministre. Il a fait preuve d’un manque choquant de scrupule en descendant aussi bas pour entraîner une femme aussi respectueuse, respectée et appréciée que Veena Ramgoolam sur un terrain bassement politique. Et ce, tout en faisant fi des ‘standing orders’ et des exigences de l’étiquette. Démontrant même un certain degré de méchanceté, en relisant ad nauseam le même extrait à au moins trois reprises, comme pour bien remuer le couteau dans la plaie.

Contrairement à Lady Macbeth, Veena Ramgoolam commande le respect de par son humilité et son attitude exemplaire. Elle est toujours restée au-dessus de la mêlée politique. Même quand son époux a fait l’objet non seulement d’une politique de vendetta, mais aussi des campagnes abjectes de ‘character assassination’. Sa force réside surtout dans sa discrétion et le travail social qu’elle fait sans tambour ni trompette. En l’entraînant ainsi sur le terrain politique, Pravind Jugnauth n’avait sans doute qu’un seul objectif en tête, soit d’atteindre celui qui demeure, valeur du jour, son seul et principal adversaire politique : Navin Ramgoolam. Pourtant, ce dernier, lui, ne s’est jamais attaqué à l’épouse du Premier ministre. C’est cela aussi la grande différence entre les deux hommes. Nous ne dirons pas que le Premier ministre est un lâche pour s’en être ainsi pris à une femme inoffensive. Mais il est certainement un grossier personnage. Loin de l’exemplarité et de la classe que doit dégager un Premier ministre digne et respectueux.

Pravind Jugnauth est aussi méprisable que sa ministre de l’Égalité des genres, KKS, qui avait proféré un gros juron au sein même de l’hémicycle, sans qu’elle ne soit sanctionnée par l’autre grossier personnage qu’est le Speaker, mais qui trouve les moyens de vilipender Joanna Bérenger pour n’avoir fait usage que d’un dicton kreol. Bien entendu, KKS s’est faite tout petite quand son Premier ministre a visé Veena Ramgoolam au Parlement. Elle n’est ‘nowhere to be seen’ non plus quand un infâme gros bras proche du pouvoir prend un malin plaisir à menacer des femmes de viol, comme Padma Utchanah l’a été, sur les réseaux sociaux. N’est-ce pas pourtant son rôle de défendre la dignité de la femme ? N’a-t-elle pas appris la leçon après les huées qui l’ont accueillie à Côte d’Or la semaine dernière ? Visiblement pas encore. Mais quoi qu’il soit, le peuple, les femmes, les sages sont tous derrière Veena Ramgoolam qui est une Lady dans tous les sens possibles. Elle est encore plus aimée et respectée parce qu’elle n’est pas Lady Macbeth. Ainsi, la bave du crapaud n’atteindra pas la blanche colombe.

Zahirah RADHA