Brian Dean : « Révolutionner l’univers de la publicité à Maurice » 

À seulement 27 ans, cet habitant de Flic-en-Flac est le Creative Director de l’agence en communications Panda & Wolf. Ce jeune homme à l’âme d’artiste, a vécu des expériences enrichissantes, voire hors du commun, dans le domaine de la communication de la photographie. Après avoir eu l’opportunité de côtoyer les photographes de mode professionnels à la revue Vogue à Paris et en Inde, Brian Dean rêve aujourd’hui de révolutionner l’univers de la publicité à Maurice.     

Durant ses études en Graphic Design au Charles Telfair Institute à Maurice, Brian est introduit au module concernant la publicité de mode, qui commence à l’intéresser. Brian tente alors d’avoir un stage chez une entreprise dans ce domaine mais il se rend compte que c’est chose inexistante à Maurice. « À cette époque, il n’y avait rien en terme de publicité de mode. Même aujourd’hui, on a encore beaucoup de chemin à parcourir, contrairement aux autres pays. Ici, la publicité de mode se résume et se concentre autour du graphic design. Peu de recherche et de créativité sont mises en avant », déplore-t-il.

Pour Brian, les Mauriciens ne réalisent pas l’effort que doit faire un graphic designer ou un artiste de produire un œuvre et sont réticents d’investir. Or, Brian a conscience de tout le travail à l’arrière-scène de la publicité, et cela en connaissance de cause : cet habitant de Flic-en-Flac a connu d’autres cieux, où l’on reconnaît cet effort à sa juste valeur et où l’on n’hésite pas à débourser pour avoir de la qualité.

Le célèbre photographe Marc O’Sullivan est impressionné par lui


En octobre 2011, Brian commence à prendre contact avec les agences de publicité ainsi qu’avec des revues de mode bien connues, tels que Vogue à Paris et Cosmopolitain au Brésil. La chance lui sourit. Sur les 150 courriels qu’il a envoyés pour demander un stage, il aura deux réponses positives. Parmi, le Vogue de Paris. Il aura la chance d’assister le célèbre photographe de mode britannique Marc O’Sullivan. Ce dernier, qui a passé la majeure partie de sa carrière à faire des photo shoots pour des revues de mode mondialement connues, l’a formé dans plusieurs aspects. « Il m’a appris comment réaliser les photos pour la mode, ainsi que les techniques du ‘model management’, qui consiste à positionner les mannequins d’une façon prédéterminée. Chaque posture qu’un mannequin prend représente quelque chose. Par exemple, s’il se place en face de la caméra, les mains ouverts, c’est souvent pour montrer les détails de son bustier », explique-t-il.

Ce qui l’attirait, c’est le professionnalisme des photographes et des préposés. Même s’il devait parcourir une distance de 480 km tous les jours pendant quatre mois, le jeu valait la chandelle. Satisfait de son travail, Marc O’Sullivan envoie une lettre de recommandation au groupe américain d’édition de presse Condé Nast, qui regroupe des revues prestigieuses tels que Vogue ou Vanity Fair.

Le Vogue (India) lui propose de travailler pour le magazine Condé Nast Traveller. Il doit se rendre en Inde pour réaliser des photos des lieux et des restaurants pour une durée d’un mois. Juste après, il reçoit un appel du ‘Photo Editor’ de Condé Nast, qui le met en contact avec la ‘Photo Editor’ de Vogue (India). Cette dernière n’a pas cru nécessaire d’effectuer un entretien avec Brian, quand elle a su que Brian avait déjà assisté Marc !

On lui offre alors la possibilité de travailler comme ‘assistant photo coordinator’ pour une période de quatre mois. Cette responsabilité impliquait de proposer,  de rechercher ou créer des photos de mode pour illustrer les articles des rédacteurs de la revue. Brian devait proposer une cinquantaine d’idées par semaine. Il nous confie que cela représentait un défi de taille, n’étant pas habitué au contexte indien. « C’était un vrai choc culturel pour moi. On ne peut pas concevoir une ‘bridal look’ en insérant une photo d’une femme en robe de mariée de couleur blanche car en Inde, le blanc est la couleur que portent les veuves en deuil. Finalement, on avait finalisé la couverture en montrant des mannequins portant des robes de mariées en noir », se rappelle-t-il.  C’est avec émotion qu’il relate avoir apporté sa contribution pour la mise en page de Vogue (India) commémorant sa cinquième année d’existence, ainsi que sa participation au Delhi Fashion Show.

Son credo : combiner des hautes études techniques et la créativité
Ayant fait ses preuves en photographie, Brian commence à voir en ‘grand format’. Au fur et à mesure qu’il découvre le monde de la mode, il ne veut plus se limiter à la photographie. En voyant la collaboration et le professionnalisme entre les diverses équipes artistiques et photographiques, le jeune homme est conquis. « Il suffit d’exprimer ses idées et le Art  Director comprend d’un seul coup tout le concept. Il sait exactement tout ce dont on aura besoin. C’est extraordinaire », nous confie-t-il.

Sachant qu’il n’obtiendra pas de promotion à son poste vu qu’il n’a pas une maîtrise, il décide de poursuivre des études en gestion d’entreprises en Inde. Plus tard, il entame une Masters of Arts dans le domaine de la multimédia, toujours dans ce pays.

Parmi ses chargés de cours sont des professionnels de haut vol qui ont planché pour des films tels que Terminator (Genesis) et Life of Pi. Pendant ses cours, il aura la chance de visiter les studios d’animation, dont le Green Gold, qui a réalisé le dessin animé indien Chota Bheem. Brian nous explique que durant son master, il a été impressionné de voir à quel point les Indiens sont avancés technologiquement. Dès la première année, les étudiants sont appelés à faire preuve d’ingéniosité ; ainsi, par exemple, les étudiants en ingénierie doivent créer une voiture.

Panda & Wolf : une agence de communications à la pointe de la technologie
Avec son expérience et ses diplômes en poche, Brian décide de créer son agence en communications Panda & Wolf, avec l’aide de son épouse Veda. Cette agence de publicité se démarque des agences de publicité traditionnelles : il propose des publicités en réalité virtuelle et en réalité augmentée pour ses clients, et s’est diversifié dans la création des applications mobiles et des bandes dessinées, entre autres. Avec l’aide de Veda, il crée une application mobile pour soutenir une plateforme réunissant les étudiants étrangers dans la région de Pune, en Inde.

En novembre 2016, il  ouvre une filiale de son entreprise à Maurice. Cette-ci année-ci, Brian a lancé une autre application mobile, Discover Mauritius, qui permet aux touristes de repérer les divers endroits dans le pays. Cet outil opère comme un guide et il contient également des numéros d’urgence et les adresses de plusieurs magasins. Uniquement pour le mois d’avril, il a eu 524 000 visiteurs.

Brian ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il poursuit actuellement un Executive Master in  Business Administration et a l’intention de compléter  un doctorat en Comic Studies. Comme quoi, un modèle pour les jeunes du pays, du moins ceux qui voudraient se lancer à fond et réussir.