Camp-Levieux

Situé à proximité de la montagne Corps-de-Garde, Camp-Levieux, le mal-aimé de l’agglomération de Rose-Hill, est un endroit qui a été laissé pour compte par les autorités depuis belle lurette.  Il est aussi victime des préjugés, en raison des fléaux de la drogue et de la délinquance. Les jeunes surtout ont l’impression qu’ils sont perdus. Toutefois, l’espoir est permis : les habitants et les forces vives de l’endroit ont attaqué de front le problème des enfants de rues ainsi que la délinquance juvénile. L’école primaire de Camp-Levieux connaît aussi un taux de réussite important au niveau du CPE.

 Cité Corps de Garde : un endroit délaissé !

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Manque cruel d’infrastructures, problème de transport, absence d’activités et de loisirs… Cela fait plusieurs années, voire des décennies depuis que les habitants de Cité Corps-de-Garde à Camp-Levieux se plaignent de l’état d’abandon dans lequel se trouve leur localité. Situé presqu’au pied de la montagne Corps-de-Garde, cette localité comprend un peu plus de 80 familles, soit environ 500 habitants. Ceux-ci ont le sentiment d’être oubliés et rejetés systématiquement par tous les régimes gouvernementaux qui se succèdent. « Notre localité est dépourvue d’infrastructures publiques, nous n’avons même pas un centre pour s’adonner à des activités », s’insurge Haydee Euphrasie, habitante de la région. Cette dernière déplore aussi le fait que la plupart des services essentiels, comme un dispensaire ou une pharmacie, se situent à des kilomètres et qu’il faut marcher beaucoup pour s’y rendre.

Même son de cloche du côté de Jocelyne, responsable d’une ONG : « La région ne possède même pas un jardin d’enfants. Le seul lieu de détente pour les enfants et les jeunes reste la rue. Comment les autorités ne veulent pas que les jeunes sombrent dans des fléaux sociaux ? », s’indigne-t-elle. D’emblée, elle déplore aussi le fait que depuis quelques années déjà, la mairie de Beau-Bassin/Rose-Hill n’organise plus de Noël à l’intention des enfants de ce quartier. De plus, elle s’insurge contre ces personnes qui désignent leur région comme « Cité Malnourri », surnom qui porterait préjudice aux habitants de la région lors des entretiens d’embauche. Les habitants lancent unanimement un appel de détresse aux autorités concernées de leur venir en aide.

Centre social de Camp-Levieux

Le centre social de Camp-Levieux propose tout une panoplie de services et d’activités aux habitants de la localité. Les associations du 3e âge et les différents groupes féminins y animent des réunions régulièrement. Il est aussi équipé d’une salle de gym.

 

Complexe sportif de Camp-Levieux

La région est dotée d’un complexe sportif qui compte un terrain de pétanque, un terrain de basketball et un terrain de foot.

NHDC de Camp-Levieux : « Les jeunes sont laissés pour compte »

Les habitants du complexe NHDC de Camp-Levieux ont le sentiment d’être « oubliés »  par les autorités. « Ena plusieurs lakaz ki coulé. Sa fer plis ki 10 ans ki complexe NHDC pas peinturer ek ena plusieurs lakaz ki pe gagne bane probleme waterproofing », déplore Patrick Orian, habitant de la région et également responsable de syndic. Ce dernier affirme avoir adressé maintes requêtes aux autorités concernées concernant ces problèmes mais ses démarches se sont révélées infructueuses.

Thierry, Jordy et Nicolas, tous des jeunes de la localité déplorent le fait qu’il n’existe aucun encadrement pour les jeunes. « La majorité des jeunes de la localité n’ont aucun repère surtout après avoir terminé les études. Nous avons le sentiment d’être coupés du reste de Maurice », soutiennent-ils. Ils lancent ainsi un appel aux autorités de les aider à sortir la tête hors de l’eau. Ces jeunes sont aussi très remontés contre une décision de la mairie concernant l’accès au terrain de foot de la localité. Selon leurs dires, seulement ceux qui sont membres d’une équipe de foot peuvent accéder au terrain de foot de la région.

Funeral Parlour: un grand soutien aux habitants

La région de Camp-Levieux abrite aussi une funeral parlour (chapelle ardente), destinée à accueillir le corps d’un défunt, en attendant la cérémonie d’inhumation. Cela a été d’un grand réconfort aux habitants, vu qu’ils peuvent maintenant rendre un dernier hommage, et veiller sur la dépouille mortelle. Ce bâtiment a été conçu par la municipalité de Beau-Bassin Rose-Hill principalement pour les habitants de la cité NHDC de Camp-Levieux, qui éprouvaient des difficultés à accommoder les invités dans leurs maisons lors des funérailles.

Jay Luchoomun : un jeune qui travaille dur !

Agé de 32 ans, Jay Luchoomun a suivi les traces de ses parents et de ses grands-parents dans la vente des légumes. Cela fait 17 ans déjà depuis que cet habitant de la cité NHDC de Camp-Levieux vend des légumes à l’entrée même de la localité. « Ce métier est mon unique gagne-pain et je conseillerais aux jeunes de se tourner vers l’entreprenariat et la culture vivrière, car il y a de moins en moins de jeunes qui pratiquent ce métier de nos jours », dit-il.

Fleuriot Flore : « Nous attaquons les fléaux sociaux de front » 

Fleuriot Flore se rappelle encore des moments sombres qu’a connus la région de Camp-Levieux dans le passé, surtout durant les émeutes de 1999 suivant la mort du chanteur Kaya dans sa cellules des Casernes centrales à Port-Louis. « Sa lepok la moi en compagnie de plusieurs camarades nou ine fer tou pou empeche bane dérapages dans la région ek surtout pou pa kraz lakaz dimoune », se remémore-t-il. Autre moment sombre, c’était dans les années 2005 à 2007 quand le nombre d’enfants de rue recensés à Camp-Levieux, de même que le nombre des jeunes mineurs de la région impliqués dans divers délits, était alarmant. Le travailleur social a alors sollicité l’aide de l’ONG Saphire, d’Alain Munean de la Fondation Terre de Paix, de même qu’une entreprise privée afin de résoudre le problème de la délinquance. Il a d’ailleurs crée une ONG, en l’occurrence Mouvement Social NHDC. Fleuriot Flore se dit fier de constater qu’actuellement, il n’y a presque plus d’enfants de rue dans cette partie de l’île et que le nombre de cas de délinquance juvénile a drastiquement baissé. De plus, le taux de réussite à l’école du gouvernement de Camp-Levieux a grimpé de 17 % en 2005 pour atteindre les 55 % actuellement.

Le Corps-de-Garde

Le Corps-de-Garde est une montagne d’origine volcanique d’une hauteur de 720 mètres, qui domine Camp-Levieux et les endroits avoisinants. Elle a été formée il y a dix millions d’années par un dôme de lave refroidissant. La montagne doit son nom au corps de garde qui s’y trouvait au temps de l’ère française pour empêcher les esclaves marron de s’y réfugier. Sa forme aux contours abrupts lui donne l’aspect d’un guetteur penché au-dessus de la mer.

Wendy Delord, conseillère municipale : « Victime des préjugés »

Wendy Delord, conseillère à la municipalité de Beau-Bassin / Rose-Hill affirme que Camp-Levieux est une localité paisible où il fait bon vivre. Elle explique que la mairie compte construire ou réaménager plusieurs aménités sportives dans la région à l’ intention des habitants, principalement des jeunes. « Comme la région de Camp-Levieux se retrouve de plus en plus ‘victime’ des préjugés par rapport à l’augmentation des fléaux sociaux, nous essayons de meubler le temps de ces jeunes à travers le sport afin qu’ils ne sombrent pas dans ces fléaux », soutient la conseillère municipale. Cette dernière nous confie aussi qu’elle porte aussi une attention particulière aux résidents de Cité Corps-de-Garde. « Il existe plusieurs terrains abandonnés aux alentours de cette région mais il est dommage qu’aucun de ces terrains n’appartienne ni au gouvernement ni à la mairie. »