[Cellule familiale] Milene Abdulkader : « Les autorités ont failli à leur tâche »

Familles brisées, enfants perturbés et une société en décadence… La réalité sur le terrain offre un aperçu de l’échec de l’unité familiale à Maurice dans les années à venir. Pour la fondatrice et directrice de l’association ‘Elles C Nous’, Milene Abdulkader, MSK, la cellule familiale est en train de se dégrader de jour en jour. Elle estime que les autorités ont failli à leur tâche de préserver une bonne cohérence avec la société civile.

 « D’une certaine manière, les autorités ont gravement failli. Il y a un gros manque de tact sur le terrain. Elles voient les choses seulement en surface et n’interviennent pas au cœur du problème. Les personnes vulnérables deviennent dépendantes d’une pension qui leur est versée tous les mois et ne font donc pas d’efforts pour travailler. Il y a un manque de suivi pour chaque famille bénéficiant d’une pension afin de connaître leur développement et celui de chaque individu », déclare-t-elle.

Selon Milene Abdulkader, il y a plusieurs facteurs qui contribuent à la dégradation de la cellule familiale. Le premier est la drogue. Ce fléau touche toutes les couches sociales. « C’est une façon pour les parents de chercher un échappatoire aux problèmes auxquels ils font face. Ils n’ont pas à se soucier du lendemain. Les parents drogués ne se responsabilisent pas, laissent les enfants livrés à eux-mêmes, et ces derniers finissent par fréquenter de mauvaises personnes et être désobéissants. Certains perdent même le contrôle, causant des blessures irréparables. Les réseaux sociaux peuvent également créer une rupture au sein de la famille, car cela peut instaurer une distance entre les parents et les enfants. Nous pouvons voir des enfants qui se soucient de l’avis des autres, qui se laissent influencer par ce qui se passe à l’extérieur et en ligne. Les séparations parentales affectent les enfants psychologiquement. Certains peuvent réagir de manière rebelle, et d’autres peuvent se renfermer sur eux-mêmes, ce qui est un énorme problème en grandissant. Les abus sexuels, psychologiques et physiques deviennent fréquents ces dernières années et cela affecte le moral de nos jeunes », relate-t-elle.

 « Les individus doivent prendre conscience des fléaux et réaliser qu’une famille est précieuse et qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes, car la racine familiale est plus forte que tout. S’il y a une première victime dans une famille, les autres en souffriront, et chaque famille doit savoir se protéger et rester soudée. La vie spirituelle est tout aussi importante », souligne la directrice de l’Association Elles C Nous. Milene Abdulkader tient également à attirer l’attention sur le rôle de l’école dans la promotion d’une bonne éducation dès le plus jeune âge. « Le rôle des écoles est de faire un suivi régulier avec les enfants et avec les parents également, pour qu’ils puissent mieux communiquer », explique-t-elle.

Le social, rôle des ONGs

« Cela fait plus de 16 ans que mon association existe, et moi en tant que fondatrice et directrice, 35 ans que je mène ce combat, avec beaucoup de hauts et de bas. J’ai dû me battre seule pour la justice et pour un avenir meilleur pour les enfants dans le besoin », affirme la fondatrice d’Elles C Nous. « Les organisations doivent être plus présentes sur le terrain pour comprendre les enfants et adopter une approche plus adaptée, en identifiant s’il y a des changements à apporter, tels qu’un suivi plus approfondi avec un psychologue. Diminuer le nombre d’enfants dans les classes peut être une solution pour que chaque élève puisse bénéficier d’une meilleure attention », ajoute-t-elle.

Au sujet des jeunes couples, elle est d’avis qu’ils ne prennent pas suffisamment de responsabilités concernant le fondement et le socle familial. « Les jeunes sont intelligents mais ne prennent pas assez de responsabilités car ils ne connaissent pas leur valeur et préfèrent avoir la vie facile. Il y a aussi le coût de la vie et de l’immobilier qui a grimpé en flèche, et il est très difficile pour nos jeunes de trouver du travail après leurs études », conclut-elle.