Covid-19 Les membres du personnel soignant : « Nous sommes au bout du rouleau ! »

Les membres du personnel soignant ne peuvent plus faire face avec la situation qui prévaut actuellement dans les hôpitaux à travers l’ile. Ils sont débordés et ne peuvent plus travailler dans ces conditions. Ils lancent un appel urgent au ministère de la Santé et au gouvernement de prendre les mesures qui s’imposent.

Le mardi 16 novembre, le Nurses Union, réuni en conférence de presse, faisait état du fait que la situation devient de plus en plus difficile avec la covid-19, avec le nombre de morts lié à cette infection qui ne cesse d’augmenter de jour en jour. Selon Nasser Essa, le président de cette association, « la situation est très délicate dans les hôpitaux ». Dans la même foulée, il dénonçait aussi la mauvaise gestion de la pandémie dans le pays, notamment un manque de personnel dans tous les établissements hospitaliers à travers l’île, d’autant plus que de nombreux infirmiers sont contaminés par la covid-19.

Pour en savoir plus, nous avons recueilli les témoignages de deux infirmiers à l’hôpital Dr. Jeetoo, en contact direct avec les personnes atteintes de la covid-19, qui nous expliquent la situation qui règne en ce moment.

Ajay (prénom fictif) déplore qu’il y ait un manque de personnel soignant dans les différents hôpitaux à travers l’île. « Les choses ne sont plus comme avant », dit-il. « Même les ‘shifts’ ont changé. Les infirmiers ne savent plus quoi faire. C’est difficile pour nous de travailler dans de telles conditions qui sont éprouvantes et inhumaines. Avec ce surmenage et la peur constante d’attraper la covid-19, notre état d’esprit n’est pas stable. »

Il affirme que de nombreux membres du personnel soignant, ayant travaillé avec des patients positifs, sont contaminés. Selon lui, tous ceux qui travaillent dans les hôpitaux sont à risque. Ajay nous explique que lorsque les membres du personnel soignant partent en isolement, il ne reste plus qu’une partie des soignants, ce qui rend encore plus difficile pour ces derniers de faire face à la pression qui s’accentue, alors que le nombre de personnes atteintes de la covid-19 ne cesse d’augmenter. « Il devient de plus en plus pénible de travailler avec ce nombre réduit des soignants dans les hôpitaux », nous dit-il d’un ton las.

Qui plus est, même après avoir passé les sept jours requis en auto-isolement (notons que pour le citoyen lambda, cette période est de 10 jours), lorsqu’ils doivent reprendre leur travail, les soignants ne sont pas prêts pour travailler, que ce soit physiquement ou psychologiquement.

En ce qui concerne les nouvelles recrues, Ajay estime qu’elles ne sont pas assez formées. « Il faudra qu’il y ait des infirmiers avec plus d’expérience pour pouvoir gérer la situation », dit-il. D’autre part, les membres du personnel soignant n’ont pas de repas adéquats pour pouvoir travailler avec l’estomac plein, dans les conditions qu’il faut. Il devait ensuite aborder la ‘Domiciliary Unit’. Selon lui, le personnel de cette unité ne sait plus comment gérer la situation. « C’est pour cela qu’il y a une hausse de cas de covid-19 dans le pays », maintient-il. Il demande à ce que le gouvernement revoie ce problème au plus vite et de veiller à employer plus de personnel soignant pour pallier à ce manque.

Pour sa part, Sudesh (prénom fictif), un autre membre du personnel soignant, nous explique lui aussi que c’est pénible pour les frontaliers de travailler ainsi. « Avec l’arrivée de la pandémie, la vie des membres du personnel soignant a complètement changé », dit-il. Selon lui, après que des nouvelles salles dédiées aux patients atteints de la covid-19 ont été aménagées dans les différents hôpitaux à travers l’île, il y a eu un redéploiement des membres du personnel soignant dans ces salles.

Il n’y a pas de repos pour les infirmiers comme il le faut, selon Sudesh. « Les membres du personnel soignant ne veulent plus travailler dans ces conditions », dit-il. Qui plus est, selon lui, il y a un manque d’équipements dans les différents hôpitaux, plus précisément, de masques et de gants, ce qui place les frontaliers dans une situation encore plus dangereuse. En dépit de nombreuses plaintes, il dénonce le fait que rien n’a été fait jusqu’ici. « Les infirmiers doivent se contenter de ce qu’on leur donne pour travailler », dit-il.

« Le gouvernement ne fait aucun effort pour venir en aide aux membres du personnel soignant, pour qu’ils puissent mieux aider les patients positifs », résume-t-il.