Mario Draghi annonce qu’une troisième vague de Covid déferle sur l’Italie et décide – sans employer le mot « confinement » – de durcir les restrictions.

Un an après la mise sous cloche de l’Italie, le scénario se répéterait-il ? Bien que le mot de « confinement » national ait été écarté par le Premier ministre Mario Draghi, sur le terrain, la situation ne semble guère différente. Face à la progression du virus aux quatre coins du pays, les autorités transalpines ont décidé le placement en « zone rouge » de plus de la moitié des régions du Belpaese, incluant celles de Milan, Turin et Venise. Même la région de Rome, le Lazio, longtemps épargnée par les restrictions, est aujourd’hui contrainte au calfeutrage sanitaire.

Une décision qui, dès lundi, signifiera pour près de 40 millions d’Italiens la fermeture des bars et restaurants, interdiction des déplacements même au sein de sa commune de résidence – sauf motifs impérieux – et passage en cours à distance pour 100 % des élèves, de la maternelle jusqu’au lycée. L’autre moitié du pays, elle, passera du jaune à l’orange, synonyme de risque élevé face au virus et de renforcement complémentaire des mesures sanitaires. Exception faite de la Sardaigne, dernier îlot d’irréductibles qui, depuis une semaine déjà, jouit du statut de « zone blanche », synonyme de levée totale des restrictions (sauf port du masque et distanciation sociale).

Royaume-Uni vaccine à tour de bras

Et l’exécutif n’entend pas s’arrêter là. Dans le décret de vendredi, en plus d’aides financières accordées aux familles italiennes, le gouvernement a annoncé également vouloir « faciliter » le passage en « rouge » des territoires où le virus circule trop rapidement. Le seuil hebdomadaire de 250 contaminations pour 100 000 habitants désormais franchi, le confinement deviendra automatique. Même rigueur attendue pour les fêtes pascales où les journées du 3, 4 et 5 avril sont d’ores et déjà classées « rouges » par Rome, comme cela avait déjà été le cas à Noël et pour la Saint-Sylvestre. Les Italiens ne seront alors autorisés qu’à une seule visite chez un proche, à deux maximum, et dans les seules frontières de leur région. Bref la Pâque italienne 2021 s’annonce aussi maussade que l’année précédente.

Les Italiens fatalistes

Un nouveau tour de vis qui, aujourd’hui, ne semble pas surprendre les Italiens. Bien consciente de la recrudescence du virus et de ses variants sur le territoire, la moitié de la population se disait même favorable à un reconfinement national, selon un récent sondage pour l’agence AdnKronos. On ne compterait que 35 % de réfractaires. Il faut dire que depuis plusieurs jours maintenant, les virologues transalpins n’ont de cesse de tirer la sonnette d’alarme. Après avoir longtemps stagné, les chiffres des contaminations sont repartis à la hausse. Même inquiétude concernant les décès alors que l’Italie enregistrait la semaine passée plus de 2 100 morts liées au coronavirus. Alarme aussi sur le front des soins intensifs (+ 25 % d’admission en l’espace d’un mois) où la moitié des régions de la Péninsule ont déjà annoncé avoir franchi le seuil d’alerte. En tête, l’Ombrie, dans le centre du pays, où déjà 60 % des lits sont actuellement occupés.

Pour le président de la Fondation Gimbe (référence en Italie sur le suivi de la pandémie), Nino Cartabellotta, plus de doutes désormais : la « troisième vague est lancée ». Et de nouvelles restrictions étaient donc inévitables. Le scientifique le rappelle : « Toutes les régions et provinces où des zones rouges ont été mises en place ces dernières semaines ont endigué la croissance des infections, démontrant l’efficacité des mesures restrictives pour faire baisser la courbe de la contagion. »