Âgé de 28 ans, Dean Rungen est l’un de ses rares jeunes de son âge qui se dévoue corps et âmes aux services des autres. Ce jeune homme, habitant Petite Rivière est un artiste autodidacte avec plusieurs cordes à son arc. Récipiendaire de The Outsanding Young Person Award, il  est à la fois musicien, chanteur, travailleur social et fait du counseling auprès des toxicomanes et des patients atteints du VIH Sida entre autres. Son rêve, c’est de briser les préjugés envers les ‘zanfan cités’  et ceux qui sont marginalisés et de promouvoir l’humanisme. Rencontre…

Ashley Jacques

Le social c’est comme une histoire de famille chez les Rungen. Petit, Dean avait l’habitude d’observer ses parents de faire du bénévolat auprès des personnes démunies de son quartier à Petite-Rivière. Avec un visage qui arbore un sourire sympathique et un regard qui pétille d’énergie, on peut tout de suite déceler qu’il fait du social avec amour et passion. Ce n’est qu’à l’âge de 13 ans qu’il décide d’intégrer le Groupe A de Cassis en tant que bénévole. « Cela me faisait beaucoup de mal en voyant la souffrance des parents dont les enfants ont sombré dans la drogue ou autres fléaux sociaux. C’est l’une des raisons qui m’a poussé à me lancer dans le monde du social et du bénévolat », soutient Dean Rungen. D’ailleurs, il tient aussi à souligner que ce sont aussi ses parents de même que ses grands-parents qui lui ont inspiré la fibre sociale.

Cinq ans plus tard, alors étudiant au Collège Père Laval à l’âge de 17 ans, le jeune homme décide de descendre dans la rue afin d’apporter son soutien à tous ceux qui se sentent marginalisés. « En même temps, le centre Lakaz A à Port-Louis a ouvert ses portes et j’ai commencé à apporter mon soutien aux Sans Domicile Fixe (SDF), les alcooliques, les travailleuses du sexe, les porteurs du virus de VIH et les patients dans les hôpitaux qui ne recevaient aucune visite », déclare-t-il. Avec l’aide d’une amie au collège en l’occurrence Davina, le jeune homme décide alors de lancer le groupe CAZ ADO, une aile de Lakaz A. Le but de ce groupe était de se focaliser sur le capacity building, le self-esteem et la conscientisation des jeunes sur les méfaits des fléaux sociaux. Parallèlement, il suivait aussi des cours en social work avec Jonathan Ravat, chef de département d’Etudes sociales de l’Institut Cardinal Jean Margéot.

Après ses études secondaires au collège Père Laval, Dean a suivi des cours de formation dans le domaine de l’imprimerie au Mauritius Institute of Training Development (MITD) et il est aussi détenteur d’un diplôme en graphic design. Après les cours, il trouvait toujours du temps pour s’adonner à sa passion, celle d’être aux côtés des sans voix. Il se voit d’ailleurs attribuer une bourse par la compagnie Rogers pour des études en Community Services Work au Charles Telfair Institute à Moka.

Peu de temps après, le fervent travailleur social a pris de l’emploi auprès de l’ONG Safire, organisme qui offre un service d’accompagnement, de formation, d’Insertion et de réhabilitation aux enfants de rues. Chapeautant non seulement le counselling et des cours de pédagogie pour petits et grands, Dean les inculquait aussi des principes de valeur et leur donnait goût à l’éducation. « Ce job m’a permis de parcourir Maurice en passant par Camp-Levieux à Riambel, de Bel-Air a Mahébourg où j’ai travaillé avec plusieurs enfants de rue. Avec la bénédiction des responsables de Safire, j’ai même sortie un album intitulé 100% Zanfan Coltar avec les concour de plusieurs enfants de rue », dit-il.

Avec le temps Dean Rungen a pu se forger un nom non seulement dans l’univers artistique mais aussi de par son propre style à lui, avec des dreadlocks et son engagement dans le monde du social. La raison derrière son look de rasta : «c’est avant tout pour faciliter mon passage dans les cités et de gagner la confiance des jeunes. Il y a un peu de chaque culture présente en moi à Maurice. Je suis un vrai Mauricien », dit-il.

Actuellement, employé comme social worker au sein du Joint CSR Committee, qui regroupe les compagnies Eclosia, et les fondations ENL et Rogers, Dean Rungen occupe la région de Ste Catherine à St Pierre qui est considéré comme une poche de pauvreté. Sa mission c’est d’accompagner les jeunes dans leurs études, aider les habitants à être autonomes et de trouver un emploi et d’apporter un service d’écoute à ceux qui sont en détresse. Le travailleur social déplore aussi les préjugés envers les gens qui habitent dans les cités. C’est l’une des raisons pour laquelle d’ailleurs il a lancé un nouvel album avec des jeunes issus de cette localité de St Pierre dont l’un des titres phares de cet album s’intitule Fer Moris Vibré. « J’ai voulu à travers ce clip prouvé aux gens qu’il y aussi des diplômés, des athlètes, des artistes, des journalistes et des fonctionnaires entre autres qui vivent aussi dans des cités. Certes il existe des problèmes comme dans toute les régions de l’ile d’ailleurs »,  souligne-t-il.

Des rêves, il en a plein la tête. Sa passion qui est devenue son métier, Dean Rungen ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. L’éducateur de rue souhaite entre autres voir la concrétisation d’un resto de cœur à Maurice afin de connaître les vraies réalités mauriciennes. Il émet aussi le souhait de faire du bénévolat dans les régions pauvres d’Afrique ou même la Grande péninsule. « Je compte aussi me lancer à fond dans l’univers artistique et par ricochet de poursuivre ma route auprès des sans voix et auprès des pauvres jusqu’à la fin de mes jours », conclut-il.

Récipiendaire de ‘The Outstanding Young Person Award’ à l’âge de 25 ans

Dean Rungen s’est vu décerné le trophée de The Outstanding Young Person Award (YTOP) lors d’une cérémonie tenue à l’hôtel Zilwa Attitude, Grand-Gaube, le 2 août 2014. L’éducateur de rue s’est distingué dans la catégorie Leadership humanitaire ou bénévole devant sept autres finalistes ; une compétition organisée par la Junior Chamber International Mauritius. Il a d’ailleurs eu la chance de participer à la finale internationale de TOYP en Allemagne. «Je ne m’attendais pas à ce trophée. Ma seule récompense, c’est la reconnaissance de Dieu. Toutefois ce prix m’a aidé à prendre confiance en moi et de poursuivre ma mission. J’ai d’ailleurs dédié ce trophée aux pauvres et aux gens de la rue », souligne-t-il.