Démission en bloc de l’Opposition : « Un grave danger pour la démocratie »

Certains politiciens, dont Roshi Bhadain et Rama Valayden, ont remis sur le tapis la démission en bloc des députés de l’Opposition, ce qui contraindrait le gouvernement à tenir les élections générales, selon eux. Mais Rajen Narsinghen, ‘senior lecturer’ en droit à l’Université de Maurice, avertit des graves dangers que cela comporte pour notre démocratie.

Selon Rajen Narsinghen, le gouvernement est en train de bafouer la démocratie parlementaire, notamment en esquivant le ‘Question Time’ et en ne répondant pas à certaines questions cruciales, tandis que le Speaker de l’Assemblée nationale, de par son manque d’impartialité, est en train de faire obstacle au fonctionnement de cette même démocratie parlementaire. « Il y a un dysfonctionnement du Parlement, qui devient un véritable ‘cirque’ », renchérit-il.

Une démission en bloc de l’Opposition s’avère-t-elle nécessaire dans ce contexte ? « Sans une opposition parlementaire, nous ne saurons pas ce qui se trame au niveau du gouvernement, notamment en ce qui concerne le gaspillage des fonds publics », met-il en garde. Mais plus grave encore, il y a des « dangers » liés à la démission de l’Opposition. Contrairement à ce que beaucoup de gens peuvent penser, le gouvernement n’a nullement l’obligation de tenir des élections générales face à une démission en bloc de l’Opposition.

Le gouvernement est déjà majoritaire et de ce fait, pourra organiser plusieurs élections partielles à sa guise. Avec le ‘money politics’ qui caractérise le MSM, il y a un risque que, malgré le mécontentement populaire, le gouvernement pourrait conquérir un ou deux sièges additionnels. « Si jamais le gouvernement arrive d’obtenir les pleins pouvoirs, on ne sait pas ce qui peut se passer », avertit le ‘senior lecturer’. Mais le plus grand danger est que le gouvernement sera libre d’amender la Constitution à sa guise.

Pour amender la Constitution, une majorité de deux tiers ou de trois-quarts sont requises, dépendant des sections. Toutefois, il y a un certain flou. Si en principe, il s’agit de 2/3 ou de ¾  de 70 (le nombre total de sièges au Parlement), selon une autre interprétation possible de la Constitution, il pourrait s’agir de 2/3 ou de ¾  du nombre de députés résiduels, après la démission en bloc des députés de l’Opposition.

Et alors… le gouvernement pourra amender la Constitution avec une facilité déconcertante ! Il pourra ainsi amender la Constitution pour avoir un mandat de longue durée, bien plus que le mandat actuel de cinq ans, et renvoyer les élections. Il pourra aussi changer certaines autres sections de la Constitution, pour accroitre encore ses pouvoirs. De quoi donner froid dans le dos !