Par Zahirah RADHA
Que n’entend-on pas à Maurice ces derniers temps ? Crimes crapuleux en hausse, multiplication des accidents mortels sur nos routes, gangrénement de nos institutions par la corruption. On ne le dira jamais assez. Notre ‘law and order’ ne fonctionne plus. Le Commissaire de police met visiblement plus d’efforts dans son combat irrationnel contre le DPP que de se focaliser sur sa mission principale en tant que chef de la police. Il oublie probablement que sa responsabilité ne se limite pas à trouver des moyens répressifs pour envoyer des opposants du régime en place en taule. C’est ce qu’il fait en effet quand il conteste les pouvoirs du DPP, avec en toile de fond les affaires Laurette et Bissessur, entre autres. Et ce, avec la bénédiction apparente du Premier ministre, responsable de l’ordre et la paix dans le pays. Entretemps, l’insécurité règne en maître dans les coins et recoins de Maurice.
Au lieu de venir avec un plan d’action urgent pour tout revoir au niveau du fonctionnement de la police, à commencer par le recrutement de jeunes éléments au sein de la force régulière et une formation pointue pour les officiers, le gouvernement préfère recruter des centaines d’ex-policiers à la retraite pour renforcer le ‘Passport and Immigration Office’ (PIO). Ce qui sent le roussi. Puisque le recrutement se fait, pas par la ‘Public Service Commission’ (PSC), mais par le gouvernement. D’où la possibilité de favoritisme. Et bien plus que ça encore. Qui nous dit que ces ex-policiers, payés par des fonds publics, ne serviront pas d’agents privés au gouvernement, d’autant qu’ils répondront directement au PMO ? Quelle garantie aura-t-on qu’ils ne mèneront pas campagne auprès des travailleurs étrangers, de par leur affectation au PIO, pour que ces derniers plébiscitent le gouvernement aux prochaines élections ?
Le gouvernement, il faut bien lui donner le crédit, se montre particulièrement habile et astucieux lorsqu’il s’agit de trouver des formules tant pour s’attaquer à ses opposants que pour se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible. Et ce, pendant que la mauvaise gouvernance a pignon sur rue. Les appels d’offres, semble-t-il, couvrent de plus en plus des pratiques irrégulières et pourries. N’en a-t-on pas vu encore avec le contrat de ferme solaire alloué à Corex Solar par le CEB ? Le ministre de l’Énergie, Joe Lesjongard, a eu visiblement du mal à défendre ce dossier, suite aux allégations faites par Joanna Bérenger. Outre une plainte contre cette dernière, après celle qu’avait auparavant consignée le CEB contre elle, il s’est alors réfugié derrière des attaques contre le précédent régime travailliste.
Celui-ci, pourtant, n’est plus au pouvoir depuis 2014. Et que, paradoxalement, le pays a, depuis, nettement reculé sur le plan de développement durable, passant de 23, 4% d’énergies renouvelables en 2013 à 17, 35 % actuellement. Ce qui est très loin de notre objectif d’atteindre 60% d’énergie verte d’ici 2030, selon notre engagement auprès de la COP 26. Ce qui démontre clairement l’incompétence de Joe Lesjongard et de ceux, au sein du MSM, qui l’ont précédé à ce poste depuis 2014. D’ailleurs, si le contrat de Corex Solar, le plus gros octroyé jusqu’ici, est résilié, Maurice reculera davantage sur le plan de développement durable. Ce qui ne devrait cependant pas servir d’excuse pour tolérer des pratiques irrégulières. Restons donc en mode ‘wait and see’ pour voir si l’ICAC se décide enfin à s’y intéresser et s’il y a des développements ou pas.