En mode partielle

EDITO

« Le course la largué ». Le coup d’envoi a été donné vendredi avec la publication du ‘writ of election’. Le marathon durera légèrement plus que trois mois. Ce qui requiert indubitablement beaucoup de stamina. Le parcours mène de Belle-Rose/ Quatre-Bornes à l’Assemblée nationale directement. Mais bien entendu, c’est uniquement le vainqueur qui y aura accès. Vêtus de leurs maillots rouge, bleu, jaune, mauve et autre, les principaux coureurs sont bien partis pour obtenir le titre d’« honorable ». Mais la course n’est pas gagnée d’avance, l’itinéraire étant parsemé d’embûches. Le plus grand obstacle auxquels les candidats devront faire face demeure l’indécision et le manque d’intérêt des électeurs. Les candidats en lice pour la partielle au no 18 devront ainsi faire preuve de beaucoup perspicacité pour convaincre cet électorat aigri et désabusé de leur sérieux, mais aussi de leur engagement vis-à-vis de lui.

Si cette partielle s’annonce palpitante, c’est surtout parce qu’elle servira de baromètre aux principaux blocs politiques. Les yeux seront bien sûr rivés sur le MSM. À ce stade, l’on ne sait pas encore si le parti soleil alignera de candidat. Mais les chances qu’il le fasse sont extrêmement minimes. L’impopularité du gouvernement, les scandales les uns plus écœurant que les autres, le comportement grossier et pitoyable de certains de nos élus de la majorité, les promesses non-réalisées, la morosité du secteur économique, ce sont là autant de facteurs qui pousseront le MSM à réfléchir à deux fois avant d’aligner un candidat. Car une telle décision serait synonyme de suicide politique pour le parti soleil. Ce qui nous pousse à penser qu’il accordera plutôt son soutien au MMM dans cette joute électorale. Ce qui sonnerait alors le glas pour la candidate mauve, Nita Juddoo. Car on doute fort que l’électorat cautionnera un tel arrangement électoral.  Mais pour avoir le cœur net, il faudra bien évidemment attendre jusqu’au 4 novembre prochain, jour de la ‘nomination day’ pour connaître la décision de Pravind Jugnauth.

Le PTr et le PMSD joueront leur va-tout pour remplir le siège laissé vacant par Roshi Bhadain. Après sa débâcle en décembre 2014, le PTr n’aura pas droit à l’erreur. Maintenant que la majorité d’allégations provisoires contre son leader ont été rayées, il faudrait impérativement que le PTr fasse une remontée spectaculaire et de faire élire son candidat Arvin Boolell. L’entrée de ce dernier au sein de l’hémicycle signifierait qu’une partie de la population aurait déjà passé l’éponge sur les excès commis sous le gouvernement de Navin Ramgoolam. La tâche de l’état-major rouge s’annonce plutôt ardue, avouons-le, puisqu’il n’a pas su jusqu’ici capitaliser sur le nombre sans précédent de scandales commis sous l’actuel gouvernement pour la population à sa cause. Le PMSD tentera également un forcing pour démontrer que le parti a pris du galon. Si son candidat est plébiscité lors de cette partielle, cela augmentera le ‘bargaining power’ de Xavier Duval dans l’éventualité d’une alliance électorale en vue des prochaines législatives.  

Cependant, le candidat qui sera le plus surveillé durant cette campagne électorale sera sans aucun doute Roshi Bhadain. Celui qui a démissionné comme député pour provoquer une partielle n’acceptera en aucun cas d’être le dindon de la farce. Il tentera tout pour tout pour regagner son siège. Ce qui lui donnerait une nouvelle légitimité après sa démission du gouvernement en janvier dernier. Reste à savoir comment il comptera s’y prendre. Ses arguments selon lesquels il faut en finir avec les dynasties politiques ne tiendraient pas la route, ayant lui-même plébiscité Pravind Jugnauth comme Premier ministre du temps des grands amours entre les deux hommes. Comme en témoigne le fameux baisemain d’ailleurs. Il lui sera tout aussi difficile de se dédouaner de son rôle déterminant dans la mise à mort du conglomérat BAI. On ne peut toutefois écarter la possibilité que Bhadain ait d’autres cartes maîtresses soigneusement dissimulées somewhere in the cloud. Ce qui risquerait alors de donner des sueurs froides à ses adversaires…

Les dés sont jetés. Les paris sont ouverts. Faites vos jeux.