Enquête sur l’affaire St Louis : Un ancien ministre soupçonné d’avoir transmis des documents confidentiels à BWSC

Encore une arrestation dans l’enquête sur l’affaire St Louis.  Il s’agit de celle du Principal Engineer du Central Electricity Board (CEB), Manoj Kumar Jahajeeah, qui répond désormais d’une charge provisoire de Public Official Using Office for Gratification, sous la Prevention of Corruption Act. Selon le dossier à charge, Manoj Kumar Jahajeeah est l’unique personne ayant participé aux deux exercices d’appel d’offres, soit en 2014 et en 2015. Il serait d’ailleurs l’un des hauts cadres qui avait rédigé l’appel d’offres et les spécifications pour la centrale thermique au coût de Rs 4,3 milliards. En 2014 Burmeister & Wain Scandinavian Contractor (BWSC) avait inscrit des spécifications en dehors de ce qui était recommandé dans l’appel d’offres lancé par le CEB, mais l’exercice avait été annulé. Et ce qui intrigue, est que les spécifications avaient été cette fois mentionnées dans le deuxième exercice d’appel d’offre. S’agit-il d’une action délibérée pour favoriser la compagnie danoise, BWSC ?

De ce fait, l’Independent Commission Against Corruption (ICAC), soupçonne une fuite d’informations de Maurice au Danemark. L’année dernière, une équipe de l’ICAC avait fait le déplacement au siège de la BWSC au Danemark, où ils ont mis la main sur le rapport d’une enquête menée par une firme légale sur cette affaire de corruption alléguée entourant l’allocation de ce contrat. C’est ce même rapport qui a mis les enquêteurs sur la piste d’un ancien ministre, soupçonné d’avoir fuité certains documents confidentiels à la firme danoise, pour les favoriser ainsi à décrocher ce juteux contrat.

Cet ancien ministre devra prochainement se rendre au siège de l’ICAC pour son interrogatoire Under Warning, pour dévoiler la source des documents qu’il a transmis à la compagnie danoise. C’est la clé même de cette affaire, explique une source proche de la commission anti-corruption. Seul l’ex-ministre pourrait lever le voile sur ce mystère qui dure depuis plus d’un an. Il  risque une inculpation provisoire, sous la POCA.

A ce jour, plus de cinq suspects ont déjà été arrêtés dans cette affaire. Parmi, le représentant local de la firme BWSC, Bertrand Lagesse, le directeur de la compagnie PAD Co Limited, Alain Hao Thyn Voon, et l’ex-directeur général par intérim du CEB, Shamsheer Mukoond. L’ICAC se focalise sur celui qui a fuité d’importants documents du CEB, favorisant ainsi une compagnie, au détriment d’une autre. Pour cela, l’ICAC soupçonne que d’importantes sommes d’argent ont été versées comme commission, représentant clairement un acte de corruption.