Exit de MK du marché officiel de la Bourse

Fabrice David : « Air Mauritius volera désormais en dessous du radar »

La compagnie d’aviation nationale Air Mauritius a été retirée du marché officiel de la Bourse de Maurice dès la clôture du marché le jeudi 31 mars 2022. Cela parce qu’elle ne répond plus aux « Listing Rules » du « Stock Exchange of Mauritius » (SEM). C’est ce qu’a annoncé le conseil d’administration aux actionnaires et au public dans un communiqué.

Le secrétaire de l’Association des petits actionnaires d’Air Mauritius, Raj Ramlugun, nous explique les conséquences éventuelles qui pourraient découler de cette décision. « Il convient de se poser la question : pourquoi MK se retire de la Bourse ? Ce n’est pas une petite compagnie qui fait des profits en termes de millions mais d’une compagnie qui a un chiffre d’affaires en termes de milliards de roupies, et le gouvernement agit comme garantie collatérale lorsqu’il s’agit des acquisitions d’avions », dit-il.

« Cette situation permettra au gouvernement non seulement de contrôler l’argent d’Air Mauritius mais aussi de ces autres entités comme AML. Il est clair que le gouvernement n’est pas intéressé pour promouvoir la participation du public dans les compagnies étatiques. Le fait de prendre des décisions ainsi, sans consultation, pourra avoir de graves répercussions sur le plan économique », ajoute-t-il. Une deuxième conséquence est que la Bourse perd un client important de sa liste, c’est-à-dire MK. « C’est désolant que la compagnie MK s’est retirée de la Bourse et nous n’aurons plus d’informations sur ce qui se passera au sein de la compagnie», dit-il.

Il est rejoint dans cette affirmation par le député Fabrice David. Ce dernier est catégorique : la compagnie d’aviation nationale n’aura plus de comptes à rendre au public en ce qui concerne ses transactions. « Cela laisse à la nouvelle direction une liberté incontrôlée pour prendre des décisions arbitraires », avertit-il.

Air Mauritius échappe désormais au contrôle du système boursier, un système encadré et normalisé, et n’aura pas à rendre des comptes. Les conséquences, selon Fabrice David, est que « la compagnie d’aviation nationale volera désormais en dessous du radar ». Quid de l’impact que cela pourra avoir pour le pays ? « En termes d’image et de stratégie commerciale à long terme, cela envoie un mauvais signal à la communauté internationale et à l’industrie aéronautique », dit-il.

Selon le député, il y a toujours eu un manque de transparence de la part du gouvernement en ce qui s’agit de la sauvegarde et du développement de la compagnie aérienne nationale. « D’autres pays ont été touchés par la pandémie de covid-19, et ils ont su sauver leur compagnie d’aviation. Mais à Maurice, il y a eu un manque de volonté politique de sauver notre transporteur national », dénonce-t-il. « Notre paille-en-queue national s’était retrouvé les ailes coupés et cloué au sol, sans le soutien du gouvernement. »