Jesha Boodram, une avocate âgée de 28 ans et résidant à Triolet, partage avec nous sa passion pour le droit. Animée par une soif de justice et une passion pour le système judiciaire, Jesha s’est engagée dans cette voie car elle souhaitait ardemment devenir avocate et réaliser le rêve de son défunt père. « L’envie d’aider les gens, de contribuer activement à la société, de voir la loi être appliquée et la justice rendue, de pouvoir partager et exercer une profession où je peux aider autrui tout en partageant mes connaissances juridiques et en informant la population concernant ses droits, m’a poussée à avancer dans cette profession », nous confie-t-elle.
En tant que fille de planteur, Jesha a dû persévérer pour arriver là où elle est aujourd’hui. Elle a étudié le droit à l’Université de Maurice, a décroché son ‘Bachelor’ en 2018, puis a obtenu son ‘Graduate diploma in Law’ (GDL) à l’UCLan en 2019. Elle a ensuite poursuivi ses études à l’Université de West of England à Bristol, et a dû rentrer à Maurice et poursuivre ses études en ligne en raison de la pandémie de Covid-19. Elle a alors fait face à la difficulté des études de droit, qui nécessitent une grande concentration. De plus, à son retour au pays, elle a été placée en quarantaine et devait malgré tout suivre ses cours en ligne. « Ce n’était pas facile, nous devions rester éveillés pendant des heures en raison du décalage horaire », ajoute-t-elle.
Revenant sur son parcours, Jesha nous raconte qu’elle a étudié les sciences durant ses études secondaires, puis la comptabilité à l’Université de Maurice. « Finalement, j’ai ensuite décidé de m’inscrire à des cours de droit à l’UoM », dit-elle. En revenant d’Angleterre, elle a entamé son stage (pupillage) lors duquel elle a perfectionné ses compétences sous la direction de grands noms du barreau tels que Jean Christophe Ohsan Bellepeau, Me. Bhanji Soni, Me Patrice Doger de Speville, et d’autres. Ce fut des expériences extrêmement enrichissantes pour elle.
« J’ai été exposée aux litiges civils, au droit des sociétés, aux conseils juridiques, ainsi qu’à des litiges criminels. Je tiens également à souligner que j’ai beaucoup appris auprès de Me Angélique Desvaux de Marigny », relate la jeune avocate.
Par la suite, Jesha a commencé à exercer avec Michael King Fat, un avocat brillant spécialisé dans les litiges industriels, qui lui a donné l’opportunité de travailler en tant qu’avocate junior sur un cas spécifique impliquant la SBM. Deux mois après avoir prêté serment, son nom est apparu dans une décision en faveur de la SBM à la Cour suprême, et sept mois plus tard, Me. Anoup Goodary lui a donné l’opportunité de travailler dans une affaire de drogue. « J’ai assisté à des enquêtes, à des reconstitutions de faits en tant que Counsel, et même à des affaires provisoires de meurtre. Cela a été à la fois un défi, une occasion de plaider devant la Cour suprême, et d’acquérir de l’expérience », raconte-t-elle.
Sa principale source de motivation a toujours été sa mère. Lorsque Jeshna a exprimé son désir de se lancer dans le droit, elle l’y a encouragée. « Mon père aussi, mais malheureusement il est décédé en 2014 d’un arrêt cardiaque. Toutefois, je suis convaincue que ses souhaits me suivent et me suivront toujours, car il a toujours désiré que je brille et atteigne mes objectifs, ce que j’ai fait aujourd’hui », dit-elle avec émotion et fierté.
Si elle avait un message à faire passer aux jeunes, elle leur dirait de croire en leurs rêves et de les poursuivre, même les plus incroyables. Elle insiste sur l’importance de travailler dur et de faire confiance à ses instincts. « Faites-vous confiance et vous réussirez dans tout ce que vous entreprendrez dans la vie. Et rappelez-vous que tout ce qui se présente à vous pour vous décourager vous aide en réalité, vous façonne et vous motive encore davantage. Vous êtes destiné à briller dans la vie, poursuivez vos rêves ! », proclame-t-elle.
Pour Jesha, la société représente l’unité, un ensemble de personnes où chacun joue un rôle primordial et mène chaque jour un combat pour apporter sa contribution, que ce soit économiquement, financièrement ou culturellement. « La société, c’est nous, c’est notre origine, notre appartenance, notre identité », scande-t-elle.
Par ailleurs, elle fait le constat qu’il y a un manque de formation juridique. Bien que la loi soit censée être connue de tous dès lors qu’elle est promulguée, il arrive parfois que cela ne soit pas pris suffisamment au sérieux. Selon elle, il est nécessaire de mettre en avant et de valoriser davantage le partage des connaissances en matière de droits, en particulier ceux liés aux valeurs humaines, et de les appliquer correctement. « Cela se fait déjà, mais il est nécessaire d’éduquer et d’informer chacun d’entre nous afin de progresser davantage », explique-t-elle.
« J’éprouve une grande admiration et un profond respect pour le système judiciaire, qui est une institution primordiale dans la société, et qui fonctionne correctement grâce à la contribution de chaque officier, magistrat et juge qui travaillent très dur pour appliquer la loi correctement dans chaque affaire. J’observe des cas sans précédent qui prennent de plus en plus d’ampleur dans la société, et reste investie et attentive. Cela façonnera considérablement l’avenir. Malgré tout, je reste positive, car c’est ce que l’on m’a enseigné. L’évolution est active, progressive, et c’est ce qui donne forme à l’ensemble », conclut-elle.