Kevin Brigemohane, avocat et bénévole : « N’hésitez jamais à aider les gens qui ont besoin d’aide »

 

Nous présentons à nos lecteurs Me Kevin Brigemohane, avocat de profession. Jeune, dynamique, ambitieux, il a une belle carrière devant lui. Enfant, il était très impressionné par le monde juridique quand sa mère, qui est avouée, l’emmenait dans son étude, et il faut dire qu’il a pu réaliser son rêve aujourd’hui. Il nous offre son point de vue sur le barreau mauricien et sur ce qu’il faudrait y changer. Aspirant politicien, il a aussi posté pas mal de vidéos humoristiques sur TikTok.

Kevin est né à Londres, et a passé une partie de son enfance en Angleterre. À son arrivée à Maurice, il devait vivre à Quatre-Bornes chez ses parents, où il vit toujours. Kevin a une sœur qui travaille comme comptable à Londres, où elle habite.

Kevin revient sur son enfance : « Étant enfant, j’étais plutôt du genre ‘brigand’. Je me mettais toujours dans le pétrin, que ce soit à la maison ou à l’école. Je faisais souvent des séjours à l’hôpital, avec des os cassés ici et là. Je me suis même cassé le nez à deux reprises. Je n’ai jamais été un élève modèle, mais je m’en sortais assez bien quand il y avait des examens. »

Sa mère étant avouée, Kevin a toujours été attiré par le monde juridique. « Étant enfant, j’allais souvent à l’étude de ma mère et j’étais vraiment impressionné par les avocats. J’ai toujours eu ma mère comme source d’inspiration. Même jusqu’à présent, elle est toujours là pour me soutenir et me guider. »

Il a fait ses études primaires à l’école Notre-Dame des Victoires RCA, et ses études secondaires au Dr. Régis Chaperon SSS à Belle-Rose. Kevin était très actif au niveau secondaire. Il prenait toujours part dans les activités extrascolaires, que ce soit au niveau sportif ou académique. Ses amis se souviennent toujours de lui comme orateur durant les débats intercollèges, et de sa solide culture générale pendant les quiz.

Avec de bons résultats du HSC en main, Kevin s’envole pour son pays natal, l’Angleterre, pour poursuivre ses études tertiaires. Dans un premier temps, Kevin suit des cours en ‘Accounting & Marketing’ à l’Université du Hertfordshire, et travaille en même temps comme manager chez Ladbrokes, une chaîne de bookmakers bien connue.

En 2011, Kevin prend la décision de s’orienter vers la filière légale. « Je me suis donc inscrit pour un ‘LLB’ à l’université South Bank. Après trois ans, j’ai décroché mon LLB en 2014. Après cette étape, j’ai effectué le ‘Bar Professional Training Course’ (BPTC) à la City University à Londres, pour une période d’un an, de 2014 à 2015. » Pendant ce temps, Kevin travaillait comme manager pour Victor Chandler International (une chaîne de casinos et de bookmakers).

De retour à Maurice, Kevin a fait  son ‘pupillage’ aux Mohamed Chambers sous l’œil vigilant de Me Yousouf Mohamed et Me Shakeel Mohamed. Grâce à et avec leur vaste expérience, Kevin a pu apprendre beaucoup de choses. Un moment fort dans la carrière de ce jeune avocat : il était un ‘junior barrister’ sous Me Said Toorbuth, qui défendait Siddick Chady dans l’affaire Boskalis.

« Il faut savoir exercer tout en respectant le code de déontologie du barreau »

Ce qui a forgé son caractère, c’est d’avoir pu travailler à Londres pendant une bonne dizaine d’années, surtout dans le service de la clientèle, où il devait traiter avec toutes sortes de gens,  tout en gardant sa politesse et en restant toujours serviable.

Kevin adore la partie criminelle du droit. En conséquence, il traite plus d’affaires criminelles que d’affaires civiles. Mais il traite aussi des cas de divorce, de litiges entre propriétaires et locataires, et des affaires relatives au droit du travail.

Quel regard jette-t-il sur les opportunités qu’offre le barreau mauricien pour un aspirant avocat ? Selon Kevin, de nos jours, c’est pratiquement impossible pour un jeune avocat novice de se faire un nom et de s’établir dans la profession. Les gens ont tendance à consulter les avocats déjà connus et qui ont de l’expérience, même s’ils auront à casquer beaucoup plus cher pour plus ou moins les mêmes services.

Par ailleurs, Kevin pense qu’il y a trop d’avocats à Maurice. Il nous explique qu’il a beaucoup d’amis qui ont dû abandonner cette vocation et changer complètement de filière, par manque de travail.

Ses conseils à un aspirant avocat ? « Il faudrait qu’il prenne le temps d’explorer plusieurs domaines légaux pendant le ‘pupillage’ afin de savoir quelle direction prendre lorsqu’ils vont commencer à exercer.  Beaucoup de jeunes ont une idée très romantique de la profession légale, mais lorsqu’ils vont devoir affronter la dure réalité des choses, ils se désillusionnent. Cela aide aussi si on offre ses services sur une base bénévole », explique-t-il. Lui-même par exemple, il a commence à prendre des cas gratuitement pour des personnes âgées en collaboration avec l’ONG Global Rainbow Foundation.

 « Je pense que pour commencer, un ‘minimum salary’ devrait être introduit au niveau du ‘pupillage’. Cela aurait été bien si, au niveau du gouvernement, on aurait recruté plus de ‘prosecuting counsel’ », déclare-t-il.

Pense-t-il que l’image du barreau a été ternie par des avocats qui rendent des ‘unsolicited visits’ à des trafiquants de drogue ? Kevin admet qu’il y eu quelques affaires de ce genre dans le passé mais il pense qu’il ne faut pas généraliser. « Toute personne, y compris un trafiquant de drogue, a le droit de retenir les services d’un avocat », maintient-il. Mais il tient à faire ressortir que le devoir primordial d’un avocat est avant tout envers la cour. « Il faut savoir exercer tout en respectant le code de déontologie du barreau », dit-il.

Pour terminer, Kevin voudrait témoigner sa reconnaissance envers les personnes qui l’ont poussé en avant et qui ont toujours cru en lui. Outre ses parents et sa sœur, il y encore deux autres personnes « qui se reconnaitront » sans qui, selon Kevin, il ne serait pas là où il est aujourd’hui.

Ses projets pour l’avenir ? Depuis très jeune, Kevin a toujours été intéressé et fasciné par la politique. Il a l’intention, un jour ou l’autre, d’intégrer la scène politique « pour essayer d’apporter des changements et pour aider le peuple mauricien autant que je le pourrais. »

Hors-Texte

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Les avocats ont une réputation de sérieux. Mais les hommes en noir peuvent aussi révéler leur côté humoristique…

Depuis le confinement, il a commencé à connaitre une certaine popularité à travers l’île. Avec sa voisine, Neeshi Beeharry, qui est aussi sa meilleure amie, le duo montant pendant le confinement de courtes vidéos qu’il postait sur les réseaux sociaux.

 

Des vidéos plus ou moins humoristiques qui ont plu à pas mal de gens, surtout dans un moment où tout le monde souffrait d’ennui, voire de stress ou de dépression, ou avait peur d’attraper la covid-19. « Depuis ça, on continue de faire des vidéos, qu’on publie sur TikTok. Cela m’a donné beaucoup de popularité », dit Kevin. Neeshi est, quant à elle, très connue et adorée par tous les Mauriciens avec ses petits sketches, selon lui.

 

Fichier Perso :

Nom et occupation de votre père ?

Kumar Brigemohane, retraité

Nom et occupation de votre mère ?

Renouka Brigemohane, avouée

Conseils de vos parents ?

« Ne pas hésiter à aider les gens qui en ont besoin et de garder de bonnes relations avec tout le monde. »

Destination préférée

« Je n’y suis jamais allé, mais je voudrais tant visiter les pays de l’Amérique latine. »

Plats préférés?

« J’adore tout ce qui est ‘street food’ : dholl purri, mine bouilli, halim, boulettes etc. »

Loisirs ?

« J’adore le foot, que ce soit pour jouer ou regarder mon équipe préférée. Je suis un grand fan de Liverpool. Je pratique aussi le badminton. »

 Sarah Khodadin