Après une avancée fulgurante, les Taliban se sont emparés de la capitale afghane, dimanche, tandis que le président Ashraf Ghani a fui le pays. Lundi, l’heure était à l’évacuation des ressortissants étrangers, pendant que le chaos régnait dans les rues de Kaboul.
L’Afghanistan se trouvait lundi 16 août aux mains des Taliban après l’effondrement des forces gouvernementales et la fuite à l’étranger du président Ashraf Ghani, qui a reconnu leur victoire au terme d’une guerre de près de 20 ans.
“Les talibans ont gagné”, a reconnu dimanche soir le président, qui se trouverait désormais au Tadjikistan, tandis que les insurgés célébraient une victoire militaire aussi rapide que totale en investissant le palais présidentiel à Kaboul.
Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, le mollah Abdul Ghani Baradar, co-fondateur des Taliban, a salué la victoire du mouvement islamiste. “À présent, c’est le moment d’évaluer et de prouver, à présent nous devons montrer que nous pouvons servir notre nation et assurer la sécurité et le confort dans la vie”, a-t-il dit.
L’entrée redoutée des combattants a provoqué un vent de panique dans la capitale, où des milliers d’habitants s’efforçaient de fuir, s’agglutinant notamment à l’aéroport où des scènes de chaos ont été rapportées.
Le drapeau américain a été retiré tôt lundi de l’ambassade des États-Unis à Kaboul et “mis en sécurité avec le personnel de l’ambassade” regroupé à l’aéroport dans l’attente d’une évacuation, ont annoncé depuis Washington le département d’État et le Pentagone.
La débâcle est totale pour les forces de sécurité afghanes, pourtant financées pendant 20 ans à coups de centaines de milliards de dollars par les États-Unis. En dix jours, le mouvement islamiste radical, qui avait déclenché une offensive en mai à la faveur du début du retrait des troupes étrangères, notamment américaines, a pris le contrôle de quasiment tout l’Afghanistan.
Et ce 20 ans après en avoir été chassé par une coalition menée par les États-Unis en raison de son refus de livrer le chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.
Au fil de la journée de dimanche, la panique s’était rapidement emparée de Kaboul à mesure que les insurgés, qui encerclaient déjà la ville, s’en rapprochaient puis y pénétraient. Les magasins ont fermé, des embouteillages monstres sont apparus, des policiers ont été vus troquant leur uniforme pour des vêtements civils.
Une énorme cohue s’est formée auprès de la plupart des banques, les gens cherchant à retirer leur argent tant qu’il était encore temps.
La peur régnait aussi parmi les dizaines de milliers de personnes réfugiées à Kaboul ces dernières semaines pour fuir les violences dans leur région.
Lorsqu’ils dirigeaient ce pays, entre 1996 et 2001, les Taliban avaient imposé leur version ultra-rigoriste de la loi islamique. Ils ont maintes fois promis que s’ils revenaient au pouvoir, ils respecteraient les droits humains, en particulier ceux des femmes, en accord avec les “valeurs islamiques”.
Mais dans les zones nouvellement conquises, ils ont déjà été accusés de nombreuses atrocités : meurtres de civils, décapitations, enlèvements d’adolescentes pour les marier de force, entre autres.
Le président américain Joe Biden a défendu sa décision de mettre fin à 20 ans de guerre, la plus longue qu’ait connue l’Amérique. “Je suis le quatrième président à gouverner avec une présence militaire américaine en Afghanistan (…) Je ne veux pas, et je ne vais pas, transmettre cette guerre à un cinquième”, a-t-il lancé dimanche.
Son prédécesseur Donald Trump a fustigé “l’une des plus grandes défaites dans l’histoire américaine” et l’a appelé à démissionner.
SOURCE france24.fr