Le feu couve sous la cendre

MSM/ ML

  • Une semaine cruciale pour les deux partenaires d’alliance est évoquée avec insistance

Des échos provenant de l’Hôtel du gouvernement font état d’un malaise entre le MSM et son partenaire, le Muvman Liberater (ML). Plusieurs raisons sont citées pour expliquer cette tension qui anime plus d’un au sein du ML, et qui s’est exacerbée ces derniers jours, surtout depuis que des allégations de pots-de-vin ont été révélées à l’ICAC contre le ministre Maneesh Gobin et le PPS Rajanah Dhaliah. Un parallèle est ainsi fait avec l’affaire Saint-Louis dans le sillage de laquelle le leader du ML avait été révoqué comme Deputy Prime Minister en juin 2020 sur la base d’un « simple bout papier ».

« J’ai agi selon mes valeurs et principes », avait alors soutenu le Premier ministre, Pravind Jugnauth. Presque trois ans plus tard, le dossier Saint-Louis piétine, et il n’y a eu jusqu’ici aucun développement majeur contre Ivan Collendavelloo. Mais ce dernier, qui, dit-on, est toujours resté loyal envers le MSM et Pravind Jugnauth, siège toujours en tant que backbencher. Aujourd’hui, alors que qu’un ministre et un PPS du MSM sont éclaboussés par des révélations fracassantes, certaines têtes au sein du ML se demandent où sont passés les « valeurs et les principes » du chef du gouvernement.

« Nous faisons confiance aux institutions. Il appartient aux autorités de mener leur enquête et d’établir la concernant les allégations contre ce ministre et ce PPS. Toutefois, en ce qui nous concerne, on se pose des questions sur la façon dont le leader du ML a été traité. C’est vraiment étrange », nous confie un membre du ML. Si un ultimatum, lancé au gouvernement par le ML, est évoqué avec persistance dans certains milieux, personne au sein du ML n’a cependant voulu nous confirmer cette nouvelle. Ivan Collendavelloo, que nous avons contacté hier matin, est resté injoignable. Au no. 7 hier, où le MSM célébrait son 40ème anniversaire, personne du ML n’était présent.

L’épine Zahid Nazurally

L’incident concernant l’Iftar au Parlement n’a fait que jeter de l’huile sur le feu. Au sein du ML, le fait qu’une pause n’a pas été accordée par le Speaker au moment de la rupture du jeûne n’est pas bien vue. D’ailleurs, le Deputy Speaker, Zahid Nazurally, membre du ML, n’a pas caché ses sentiments à travers deux posts qu’il a publiés sur Facebook. « Respect tout pratique religieux li droit fondamental dan nu Constitution. Pas allume du feu communal dan nou pays », a-t-il écrit mercredi. Plus tard le même jour, il en a rajouté une autre couche en soutenant que « mo ine fer ene reket officiel verbal avec Speaker pu consider ene ti break pu moment iftar […] ».

Cette requête officielle verbale qu’il a adressée au Speaker ne semble pas avoir plu au MSM. Lors d’une conférence de presse animée le même jour par les ministres MSM, Fazila Jeewa-Dawreeawoo et Anwar Husnoo, en compagnie du député Salim Abbas Mamode, et durant laquelle l’absence des députés du ML, Zahid Nazurally et Ismael Rawoo, n’est pas passée inaperçue, Anwar Husnoo a carrément jeté un pavé dans la mare du Deputy Speaker, et par ricochet au ML, en disant ne pas comprendre pourquoi il a fait cette requête officielle au Speaker.

La remarque du ministre Husnoo n’a certainement pas plu au ML. Elle est même considérée comme une attaque directe contre Zahid Nazurally, qui s’est déjà démarqué dans le passé sur certains dossiers jugés sensibles. Ce dernier a, dans un de ces commentaires sur Facebook, explicitement justifié sa position dans l’incident concernant l’Iftar : « Mo un depute pa’s ministre ou policy maker. Alors seki faire policy assume so responsabilite, pas reste trankil. Moi pa’s zis mo in pren position, mo in pren li public, et prix la mo tout seule ki payer ».

Dans les rangs du ML, l’on dit aussi constater avec une certaine appréhension que les députés Rawoo et Nazurally ne font pas partie du Hadj Committee. « On se demande aussi pourquoi on ne les a pas vu à la municipalité de Port-Louis pour la levée de fonds en faveur des victimes du séisme qui avait frappé la Syrie et la Turquie. Tout cela est pour nous bien étrange. Est-ce cela le grand amour que le MSM dit avoir pour le ML ? » s’interroge notre interlocuteur. On se souviendra aussi que le PPS Rawoo n’était pas présent à la réunion que le Premier ministre avait eue avec des représentants musulmans à Surinam il y a trois semaines de cela. Ce qui est sûr, c’est que le feu couve certainement sous la cendre. Cette semaine, dit-on, serait décisive pour le ML. Car, passé vendredi prochain, soit à la date d’expiration de l’ultimatum lancé au gouvernement, une décision quant à l’avenir du parti au gouvernement devrait être prise.