L’enquête judiciaire : Le rapport sonne le glas pour le gouvernement

  • « The possibility that the death is related to the revelations contained in the ‘Kistnen Papers’ cannot be discarded »

Dans le rapport que nos confrères de Radio Plus ont révélé vendredi, la magistrate Vidya Mungroo-Jugurnath a pointé du doigt la police qui a atteint, selon elle, une « new level of incompetence ». Concernant l’enquête policière, elle soutient que « it is apposite to note that there are some very disturbing elements which were flagged in court in relation to the incompetent and abysmal manner in which the enquiry was carried out by the police and which ultimately led them to the initial theory of suicide ».

Elle cite ainsi une série de faits qui l’ont amené à faire cette conclusion. La police n’a pas, révèle-t-elle, visionné les images CCTV par rapport au mouvement de la victime le jour de sa mort, soit le 16 octobre 2020. Ce qui aurait grandement aidé à résoudre cette affaire. La police n’avait pas non plus « secured as exhibit » le sac à dos de la victime. La police avait également envoyé le portable à son ‘IT Unit’ au lieu du FSL, ce qui fait que des indices ont pu être détruits.

Plusieurs éléments ont poussé à la cour d’arriver à la conclusion qu’il s’agissait d’un homicide et non d’un suicide, dont le très faible taux de monoxide de carbone dans le sang (5,2 %) de la victime. Ce qui indique que celle-ci avait cessé de respirer au moment du feu, donc qu’il était déjà mort. La cour a aussi pris en considération l’absence de trace de lutte dans la zone entourant le corps, le fait qu’il s’agissait d’un feu contrôlé, ainsi que le positionnement du corps.

Les motivations pour tuer Kistnen

La magistrate a pris note du fait que l’ancien ministre Yogida Sawmynaden avait utilisé le nom de l’épouse de Kistnen comme ‘Constituency Clerk’, travail pour lequel elle n’avait pas été rémunérée et pour lequel Kistnen avait déjà menacé de dénoncer Yogida Sawmynaden. Elle a conclu que cela pourrait bien constituer un motif pour tuer Kistnen. « The altercation which happened according to the evidence of witness 24 between the Deceased and Yogida Sawmynaden in his office as well as the violent intervention of one of his bodyguards who professed threats against the Deceased also need to be investigated further under this angle », souligne-t-elle.

Les ‘Kistnen Papers’, des documents qui étaient en possession de Kistnen, et qui font état de dépenses du MSM lors de la campagne électorale dans la circonscription no. 8 ont été qualifiées de « shocking information » par la magistrate. Ces documents ont révélé qu’il y aurait ainsi l’enregistrement des étrangers pour aller voter contre paiement, et que les dépenses de certains candidats aux élections de 2019 dans la circonscription no. 8 avaient largement dépassé le seuil prévu par la loi. Kistnen aurait apparemment menacé de dénoncer les personnes impliquées. « The possibility that the death is related to the revelations contained in the ‘Kistnen Papers’ cannot be discarded », écrit la magistrate.

Les achats sous « procurement » constituent « by far the most important aspect of this case as it may constitute the strongest motive for the crime », selon la magistrate. Elle ajoute ainsi que « during the course of the enquiry, several disturbing aspects in relation to the manner in which procurement was handled at the level of different Ministries as well as the STC was noted ». Elle poursuit en faisant le lien entre les différents protagonistes impliqués dans cette affaire, dont Jonathan Ramasamy, Vinay Appanah, Deepak Bonomally et Neeta Nuckched, entre autres. C’était nul autre que Yogida Sawmynaden qui était au centre de cette toile d’araignée. « All of the above give credence to the theory of blackmail by Deceased and this may be at the crux of this case », soutient le rapport.

Conclusions et recommandations de la magistrate

La magistrate critique sévèrement la police. Elle qualifie la conduite de celle-ci de « abhorrent », et qui « marks a new level of incompetence ». En ce qui concerne l’autopsie, la magistrate parle même de « cover-up ». Elle recommande ainsi qu’une enquête soit diligentée par la police sur l’emploi fictif de la femme de Kistnen, vu que certains délits ont pu être commis.Elle recommande aussi l’altercation entre Kistnen et Yogida Sawmynaden dans le bureau de ce dernier ainsi que la violente intervention d’un garde du corps de Yogida Sawmynaden fassent l’objet d’une enquête approfondie.

La magistrate considère qu’un certain nombre de délits peuvent avoir été commis par les personnes impliquées dans les ‘Kistnen Papers’, sous la « Representation of the People Act », sous la PoCA et sous la FIAMLA et recommande une enquête en profondeur. La magistrate demande également à la police d’enquêter sur la proximité de Yogida Sawmynaden, de Ravi Chand Leelah et de Kistnen le 16 octobre 2020.